En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
L’expression langue de bois a plus d’un siècle. Au début, elle désigne un pathos pseudo-philosophique. L'expression est employée d'abord en polonais (le syntagme qui signifie à peu près « parole de bois » ou « langue d’arbre » vient du cette langue), puis elle passe en russe. Mais aujourd’hui, popularisée en France seulement dans les années 1978/1980, l'expression évoque surtout deux choses :
1) le parler-marxiste, et en particulier la phraséologie employée en URSS, la sovietlangue. C'est la langue de l'idéologie, voire de ce qu'Alain Besacon nommera "l'idéocratie"
2) puis par extension la façon de s’exprimer de nombre de politiciens ou des technocrates et spécialistes en tous genres.
Bref l’usage passe ainsi d’une langue purement idéologique au style officiel, à l’art de ne rien dire, au pathos, voire à la manie d’employer des mots prétentieux que l’on ne comprend pas toujours (et en ce sens nous sommes tous un peu des Monsieur Jourdain de la langue de bois).
Bien sûr, personne ne prétend proposer un concept scientifique de « langue de bois », mais en faire une sorte d’injure facile n’est pas une solution.
Combien d’entre nous passent leur temps à promettre de « ne pas pratiquer la langue de bois » (c’est à peu près aussi rassurant que quelqu’un qui vous jure qu’il va être sincère) ? D’autres annoncent qu’ils vont parler vrai, et ajoutent souvent « quitte à choquer ou à déranger », sous-entendant par là que leurs rivaux emploieraient un langage creux ou menteur. La langue de bois serait-elle simplement un verbiage coupé de la réalité ?
Il semblerait dans tous les cas qu’elle s’oppose à une langue « authentique » qui serait à la fois simple dans sa forme, variée dans son vocabulaire, précise dans son contenu, sincère dans son intention (débattre ou décrire et non manipuler). Espérons qu’il existe un tel animal. Certains de ces reproches faits à la langue de bois se réfèrent à sa pauvreté (elle n’exprime pas grand-chose, se répète, décrit mal la complexité du réel) , d’autres à son projet (mentir, imposer des mécanismes mentaux,, confisquer la parole ou, plus modestement épater le pékin).
Bien sûr, le second ne peut se réaliser sans la première. Mais cela nous donne néanmoins un indice : le problème de la langue de bois réside dans le rapport entre ce qu’elle interdit (de dire certaines choses, ou de les dire d’une certaine façon, ou de les penser, ou de les comprendre) et ce qu’elle fait (dire, penser, répéter, comprendre). Si l’on veut que la notion renvoie à autre chose qu’un parler ampoulé ou un bruit de bouche, il faut comprendre sa fonction par rapport à l’idée.
Comme le disait Paulhan « On peut appeler puce un éléphant, mais il vaut mieux prévenir ! ». Nous proposons de considérer comme langue de bois pure et dure ou langue de bois tout court, celle qui fut pratiquée dans les régimes communistes (et national-socialiste), celle qui inspira le modèle de la novlangue à Orwell, celle qui a pu être imposée soit par la discipline du parti soit par l’appareil idéologique, celle qui se proposait explicitement de refléter une idéologie conquérante, d’imposer une vision du monde, de propager des idées et des comportements.
On pourrait alors examiner si la notion est encore applicable aux formations idéologiques qui ont remplacé le marxisme (néo-libéralisme et altermondialisme). Puis enfin aborder les formes atténuées et modernisées de la langue de bois, plus spécialisées dans un domaine (sciences humaines, parler médiatique) et qui reflètent des idéologies plus molles ou plus partielles, bref ce que nous avons nommé ailleurs « langue de coton ».
Dans le premier sens, la langue de bois est un domaine d’études bien repéré. Y compris par ceux qui en étaient victimes et qui étaient devenus habiles à interpréter les intentions de leurs maîtres. Un bon lecteur de la Pravda comprenait immédiatement ce qui l’attendait quand un discours du secrétaire général déclarait que « les avancées de la pratique ont confirmé la justesse des positions du parti et leur conformité avec le mouvement historique et social. ».
Rappelons quelques caractéristiques de cette langue soviétique et de ses avatars :
- Groupes nominaux figés du type « forces démocratiques et populaires », « réalité naturelle et sociale », « la justesse de nos thèses », avec un goût prononcé pour les génitifs : « conditions objectives de production du discours », « stade actuel de développement des moyens de production »
- Abus du passif (ce qui permet de ne pas savoir exactement qui a fait quoi) : « De grands progrès ont été accomplis. «la vigilance des démocrates et des progressistes du monde entier a été éveillée… », « ce niveau de réalité devra céder la place à un nouveau degré de développement »
- Formules verbales vagues du type « prendre objectivement la forme de », « déterminer en dernière instance », « établir un rapport dialectique avec », « se révéler finalement », « se manifester à travers » qui permettent de donner l’apparence d’une explication scientifique au rapport établi entre deux choses ou deux idées. Corollairement, des expressions comme « dissimuler profondément », « cacher sous un voile », « se réduire en dernière analyse à » rappellent combien les adversaires capitalistes déploient de manœuvres et manipulent les mots et les apparences.
- Formules comparatives destinées à donner l’impression d’un mouvement incessant dans une seule direction : « de jour en jour », « de plus en plus », « la progression inlassable… » ; « le processus qui a commencé à se développer et ne cesse de s’enrichir d’étape en étape… »
- Délicats euphémismes comme « difficultés résiduelles », « ultimes résistances de forces passéistes attachées à leur vision du monde condamnée par l’histoire » pour désigner des famines ou des massacres de masses.
- Fausse dialectique – lois objectives contre conscience subjective, forme contre fond, abstrait contre concret, dynamique contre statique – permettant d’appliquer une grille binaire et manichéenne à n’importe quoi
- Etc…
Toutes ces formules agaçantes pour le lecteur ont pourtant à un usage bien précis.
D’abord, c’est une langue disciplinaire qui oblige le locuteur à fondre son expression et sa pensée dans un moule (avantage corollaire : le sceptique, l’opposant ou le non-initié, incapables d’employer ce langage se font vite repérer et ne peuvent s’exprimer de manière correcte).
Ensuite, c’est une langue qui nie la réalité au profit de formules incantatoires et de catégories manichéennes préconstituées. Les choses ne sont jamais que ce révèle le discours officiel et l’analyse orthodoxe.
Enfin, on peut comparer la langue de bois à une formule magique ou liturgique. Ainsi ce qu’Alain Besancon avait nommé la « logocratie » soviétique repose largement sur le pouvoir de nommer et de désigner des catégories imaginaires, au moins autant que sur la capacité d’imposer une perception idéologique cohérente à tous ceux qui la pratiquent. Ce pouvoir qui s’est imposé jusque dans la bouche de chacun chante sans fin sa propre gloire.
Fort bien ! Nous avons là un modèle qui est grosso modo celui d’Orwell en plus compliqué (ou plus exactement, en imaginant la novlangue, l’auteur de 1984 n’a fait qu’épurer et synthétiser le phénomène réel de la langue soviétique). Mais comme cette langue là est censée avoir disparu avec le « socialisme réel », la vraie question est plutôt celle de sa succession.
« Promis, j’arrête la langue de bois » se vantait Jean-François Coppé, le titre de son livre. « Qu'on l'appelle "parler vrai", "authenticité » ou "langage simple", la tendance de la communication d'entreprise est l'anti-langue de bois. » selon Adverbe, un des meilleurs sites consacré aux blogs… Le « parler vrai » serait donc le remède à la langue de bois.
Ce serait donc cet idiome que le Trésor de la langue française définit comme suit : «Manière d'exprimer sous une forme codée, dans une phraséologie stéréotypée et dogmatique, à l'aide d'euphémismes, de lieux communs, de termes généraux et / ou abstraits, un message idéologique qui ne sera pas opposable à ses auteurs, mais qui cependant sera compris dans son vrai sens par un petit nombre d'initiés ; p. ext. tout langage qui s'alimente au dictionnaire des idées et des formes reçues ... »
Ou pour ceux qui préfèrent la définition plus courte du Petit Larousse : " manière rigide de s'exprimer en multipliant les stéréotypes et les formules figées, notamment en politique ".
Face à ses adeptes se dresseraient ceux du « parler vrai », une expression reprise d’un livre de Michel Rocard publié en 1979. Comment ne pas choisir la seconde option ? Qui ne voudrait être sincère, moderne, compréhensible, efficace ? Pas si simple ! Tout d’abord, les gens qui parlent vrai évoquent fâcheusement ces gens qui parlent du cœur comme on parle du nez.
Surtout, que signifie « parler vrai » ? L’expression, outre qu’elle pose certains problèmes grammaticaux en accolant un adjectif à un verbe, n’est pas tout à fait équivalente à « dire la vérité » (auriez-vous confiance dans quelqu’un qui vous jurerait qu’il ne va pas mentir aux électeurs ?). Elle suggère au moins trois idées :
- Parler franc donc dire ce que l’on pense et ce qui est.
- Parler clair donc employer des expressions que connaît bien l’interlocuteur, éventuellement les mots de tout le monde, et, dans tous les cas ne pas chercher à tromper l’auditeur avec du charabia et des termes ronflants.
- Parler net donc bien désigner les choses par leur nom, ne laisser subsister aucune ambiguïté, même et surtout s’il s’agit de dire des choses désagréables, d’annoncer de mauvaises nouvelles, ou de formuler des thèses qui ne sont pas conformes au ron-ron rassurant qu’emploient les autres. Voire à la ligne officielle du parti ou au conformisme médiatique. Dans le cas de Nicolas Sarkozy, certains lui reprochent même son parler brutal.
Mais quand nous nous approchons de ces mots tout simples et si véridiques des « vraiparleurs », il nous semble que le sens s’éloigne aussitôt. Pour ne donner qu’un exemple le « désir d’avenir », et la « République du respect » de Ségolène Royal, ou la « France d’après » de Nicolas Sarkozy ont-ils vraiment beaucoup plus de sens que « les soviets plus l’électricité » ou « une seule solution : la révolution » ? Certes, il s’agit de slogans, mais, même à ce stade, une différence saute aux yeux : il est très possible d’être contre les soviets ou contre la révolution (il y a même des écologistes qui sont contre l’électricité). Mais allez souhaiter un avenir qui ne soit pas désirable, une République qui ne respecte pas les droits les dignités ou les personnes ou encore une France qui soit exactement comme celle d’avant (avant quoi, au fait ?). Voir aussi sur le marketing politique.
Un test simple consiste à formuler la phrase de façon négative pour voir s’il est possible de dire l’inverse sans tomber dans le non sens, dans le ridicule ou dans l’odieux. Ainsi, un homme politique pourrait-il proclamer : « Mon parti ne reflète absolument pas la diversité du pays. On n’y pratique pas le débat d’idées, c’est une véritable caserne idéologique ». Ou encore « Nous allons décentraliser à moitié, mais lâchement et de façon douteuse. Étant illogiques, nous n’accorderons aucune confiance aux territoires, etc. » ?
Même si leurs locuteurs prétendent le contraire et veulent « parler vrai », il existe des langages qui présentes des caractéristiques communes avec la langue de bois doctrinaire (prévisibilité des termes, automaticité des enchaînements, bien-pensance, capacité à masquer ou atténuer la réalité, stéréotypes) mais qui ne sont pourtant pas de la langue doctrinale comme la soviétlangue.
Autrement dit, à la forme canonique de la langue de bois voire à la novlangue, il faudrait opposer un modèle plus léger, plus moderne, plus « soft » de langue sans réplique, un modèle né dans les vingt dernières années, la «langue de coton»
Onze signes pour reconnaitre une opération sous fausse bannière (false flag)
Ex: http://www.alterinfo.net
En savoir plus sur http://www.alterinfo.net/11-signes-pour-reconnaitre-une-operation-sous-fausse-banniere-false-flag_a97263.html#gwALpgDyQsBFrYLu.99
Tout au long de l'histoire, diverses versions d'attentats sous fausse bannière ("false flag" en anglais, terme que je garderai dans la traduction) ont été utilisées avec succès par les gouvernements pour diriger la force du peuple vers la finalité recherchée par la classe dirigeante. Selon les époques, la finalité peut être la guerre ou la restriction des libertés civiles privées et des droits humains basiques ou un agenda économique.
En fait, les false flags peuvent prendre toute une variété de formes – nationales ou en rapport avec la politique étrangère, à petite ou grande échelle, économiques ou politiques, et avec de nombreux autres buts qui peuvent souvent se fondre les uns dans les autres. Chacun peut servir un dessein spécifique et peut être ajusté et adapté en vue de ce dessein spécifique selon ce qu'exigent les conditions de la communauté.
Par exemple, l'attaque aux armes chimiques qui a eu lieu en août 2013 en Syrie peut servir d'exemple pour un false flag à l'étranger prévu pour stimuler la ferveur des américains vers la guerre, sur la base de laResponsability to Protect (ou R2P, le Devoir de Protection, établi en 2005 par les Nations-Unies, NdT) comme pour le golfe du Tonkin.
Au plan national, un false flag à grande échelle comme celui du 11 septembre peut servir à susciter un soutien massif du public pour la guerre et une volonté populaire d'abandonner des libertés civiles, une procédure constitutionnelle et les droits humains. Les false flags économiques peuvent prendre la forme de "paralysies du gouvernement" fabriquées ou de "défauts de paiement du gouvernement" conçues pour créer une demande d'austérité ou autres solutions en faveur de Wall Street. Enfin, les false flags nationaux à petite échelle comme Sandy Hook ou Aurora, impliquent souvent la mise en place de mesures de contrôle des armes ou un état policier plus important.
Il existe, bien sûr, de nombreuses versions différentes d'attentats par false flags et aucun ne correspondra exactement à un classement précis dans la rubrique "false flags". Comme exposé ci-dessus, certains false flags peuvent en fait contenir un élément de chacune des différentes versions listées précédemment, aussi bien en termes de méthodologie que de but.
Cela dit, il est également vrai, malgré une possibilité constante d'attentats par false flags massifs, qu'on en voit se produire à petite échelle sous l'apparence de "tireurs" (le plus souvent la variété des "tireurs isolés" ou "tireurs fous"), que la classe dirigeante et ses porte-paroles médiatiques ont utilisé avec beaucoup d'efficacité ces dernières années. Bien que l'échelle des attaques ait diminué, leur fréquence a rapidement augmenté.
Cependant, en raison d'une recrudescence de médias alternatifs et d'une communauté de recherche, au fur et à mesure du lancement des attaques, il se publie une volée de démolition des récits officiels. À côté de nombreuses critiques absolument non crédibles de la version officielle des événements, frisant la paranoïa et l'invraisemblance, on trouve des articles de chercheurs qui peuvent exposer le false flag pour ce qu'il est. D'ailleurs, c'est pour cette raison que les false flags ont dernièrement essuyé de sérieux revers en terme d'efficacité et que c'est toujours le cas.
Comme l'attaque est prévue pour instiller la peur, la panique et une réponse téléguidée de la part du public, il est important de déconstruire le récit de cette attaque tel qu'il est présenté. Nous ne pouvons cependant pas passer simplement notre temps à tenter d'exposer et déconstruire toutes les attaques par false flag. Nous ne pouvons ignorer les grands problèmes, les batailles où l'on sort vainqueurs et les revendications qui doivent être faites simplement pour exposer tous les false flags. Nous ne pouvons ignorer le feu de forêt en éteignant un feu de broussailles occasionnel. Le false flag, après tout, n'est qu'un symptôme de la maladie.
Il est important pour cette raison de permettre au public de reconnaître le false flag lui-même, pas uniquement les éléments contestables d'un false flag en particulier qui sera bientôt suivi d'un nouveau. Nous devons nous former et former le public à reconnaître les signes d'un false flag quand il se produit et ainsi rendre l'attentat neutre.
Ce qui suit est une liste des éléments les plus courants d'un attentat par false flag auxquels on devrait prêter immédiatement attention dans le cas d'un nouvel accident qui jouera sur la corde sensible et les émotions des gens.
1. Envergure de l'événement :
la première question à se poser sera "Est-ce un accident à haut profil ?" La réponse, bien sûr, est tout à fait évidente. Si l'attaque se passe au World Trade Center avec explosion et effondrement des bâtiments, ou à la Maison Blanche ou au Pentagone, c'est clairement un haut niveau. Donc le lieu peut être pris en considération. Dans d'autres circonstances, l'acte-même peut être un facteur majeur comme dans le cas de l'école primaire de Sandy Hook, endroit sans importance au plan national, mais acte horrible qui a fait néanmoins les gros titres nationaux. Le facteur le plus important est sans conteste l'attention des médias. Quel que soit le lieu ou l'acte, si les médias récupèrent l'histoire et la répandent en simultané sur toutes les grandes chaînes majeures, l'accident peut être vu comme un "événement à haut profil".
2. Récits qui changent :
dans les cercles informés de recherche, il est bien connu que l'information qui sort peu après l'événement est en général la plus fiable. Il faut aussi tenir compte de la confusion qui règne à cause de l'affolement des témoins. Malgré tout, l'information primitive n'a pas été sujette à une révision complète des médias, ce qui se produira forcément quand l'histoire sera moulée pour s'adapter au récit mis en avant par les individus qui ont dirigé l'attaque aux plus hauts niveaux ou qui ont au moins des liens avec ceux qui peuvent contrôler le moyen de faire rapporter l'événement par les divers médias.
Par exemple, au moment des attentats, les rapports initiaux peuvent signaler 5 tireurs. Très peu de temps après, on peut n'en mentionner que deux. Rien que quelques heures après l'attentat, toute référence à plus d'un tireur a entièrement disparu, il ne reste plus dans l'affaire qu'un "tireur isolé". On ridiculise toute mention ultérieure d'autres tireurs comme une "théorie de la conspiration".
3. Manœuvres d'entraînement en simultané :
une marque de fabrique d'une opération false flag est le déroulement de manœuvres d'entraînement peu de temps avant ou pendant l'attaque. Ces manœuvres impliqueront souvent une séquence d'événements qui se passent pendant l'attentat proprement dit. Ces manœuvres d'entraînement ont eu lieu pendant des false flags à grande échelle comme le 11 septembre ainsi que pendant des attaques à plus petite échelle comme la tuerie d'Aurora.
Par exemple, comme le documente Webster Tarpley dans son livre 9/11 Synthetic Terror : Made in USA(11 septembre, Terreur de synthèse, fabriqué aux USA), au moins 46 manœuvres étaient en cours dans les mois précédant le 11 septembre et le matin même de l'attaque. Ces 46 manœuvres avaient toutes un rapport d'une manière ou d'une autre avec les événements qui se sont passés le 11 septembre. De même pendant les attentats à la bombe du 7 juillet 2005 à Londres, des manœuvres étaient en cours avec exactement le même scénario que ce qui s'est produit exactement aux mêmes heures et aux mêmes endroits.
Bien qu'un prétexte puisse l'emporter sur l'autre selon la nature et le but de l'opération, les manœuvres d'entraînement sont utiles aux créateurs de false flag pour au moins deux raisons. La première est de provoquer une confusion intentionnelle quand les manœuvres se passent pendant l'attaque réelle. L'autre, d'un aspect plus rentable, est de se servir des manœuvres comme d'une couverture pour programmer l'attaque ou même donner le "feu vert" quand c'est le moment de lancer l'événement. Qui plus est, elles fournissent aux auteurs du programme un élément de couverture, surtout avec la structure compacte de la chaîne hiérarchique de commande de l'agence de renseignements/de l'armée et le besoin de rester informé. Si un officier de l'armée ou un agent des services secrets tombe par hasard sur le planning de l'attaque, on peut toujours dire que ces individus n'étaient que des témoins du programme de l'exercice d'entraînement. Cette réfutation se poursuit jusqu'au "feu vert" des manœuvres. Après achèvement de l'attentat false flag, l'hypothèse de la coïncidence servira à expliquer les tragiques résultats.
4. Cui bono ?
La question la plus importante à se poser immédiatement après un accident à haut profil est "cui bono ?" ou "à qui bénéficie le crime ?" Si on peut voir un évident bénéfice du gouvernement, d'une société ou d'une banque, l'observateur devient alors capable d'y voir clair immédiatement. On peut répondre à nombre de ces questions en regardant de plus près le comportement de ces organisations avant l'attaque et peu de temps après.
Par exemple, la présence d'une loi qui n'aurait eu que peu de chance de passer avant l'attaque mais qui est vite passée (ou au moins lourdement suggérée) après, est un indice que l'attentat qui tombe à pic est en fait un false flag. La loi du type Patriot Act avait été en réalité rédigée avant le 11 septembre mais n'avait que peu de chance de passer au Congrès en raison du climat politique de l'époque aux US. Après le 11 septembre, le Patriot Act est rapidement passé sans virtuellement aucune discussion et avec la bénédiction du peuple américain.
En parlant du 11 septembre, c'est un fait qu'au moment de l'attentat, beaucoup d'individus au pouvoir au sein du gouvernement américain voulaient désespérément envahir plusieurs pays du Moyen-Orient. Après les attentats, une psychose guerrière s'est emparée de la classe dirigeante des US et le public américain a suivi sans tarder.
Après le "Underwear Bombing" (Le terroriste aux sous-vêtements piégés), nous avons vu l'inauguration des scanners corporels de la TSA (agence de sécurité des transports, NdT), technologie qui aurait été acceptée de mauvaise grâce avant l'incident et sa campagne de propagande. Les scanners avaient été pourtant achetés un an auparavant par une firme dont le propriétaire était l'ancien patron de la Homeland Security (département de la sécurité intérieure, NdT), Michael Chertoff.
Dans le même registre, parlant de la fusillade de LAX (à l'aéroport international de Los Angeles, le 1er novembre 2013, où un employé de la TSA a été tué, NdT), la TSA a acheté en août 2013 pour 3,5 millions de dollars de munitions. Pourtant en août, la TSA n'était pas une agence armée. Après la fusillade de Los Angeles, le discours s'est orienté vers un armement de l'agence, indiquant donc que quelqu'un de haut placé dans la structure du gouvernement avait eu une connaissance préalable de l'événement.
On peut dire bien sûr la même chose pour l'explosion de fusillades meurtrières par des tireurs fous qui se sont produites dans tous les US accompagnant la propagande qui poussait à des mesures accrues de contrôle des armes.
5. Questions sans réponse :
une autre marque de fabrique d'une opération false flag est relativement évidente – la présence de questions sans réponse concernant les détails de l'attaque, les auteurs, le mobile etc. Bien que les récits des médias qui prennent forme peu après l'attaque veulent ignorer ces questions, elles subsisteront inévitablement si les observateurs peuvent réfléchir par eux-mêmes et se concentrer uniquement sur l'information. Un exemple de ces questions serait le bâtiment 7 pour le 11 septembre ou les questions des tireurs supplémentaires à Aurora et à Sandy Hook.
6. Le dossier est rapidement bouclé :
une fois le choix fait par les médias d'un bouc-émissaire acceptable et d'un scénario de couverture, toute autre opinion ou question se voit refusée à l'antenne. Tout ce qui pourrait contredire légèrement l'histoire officielle est reconnu illégitime. Ceci fait, le bouc-émissaire, s'il est toujours en vie (dans de rares circonstances) est inculpé, poursuivi et reconnu coupable dans un vague procès à huis clos. Dans la plupart des cas, le suspect est tué dans l'affaire ou peu de temps après, ce qui réduit à néant toute contradiction de première main dans le récit officiel. Quoi qu'il en soit, le dossier est très rapidement bouclé après l'événement.
7. Lien des suspects avec la CIA, le FBI ou autre agence de renseignements :
un aspect-clé qui suggère un false flag à rechercher rapidement après l'attaque est une quelconque connexion du suspect ou du groupe de suspects avec des agences de renseignement. Un lien avec l'une de ces organisations et institutions peut rendre difficile une explication sur la manière dont l'attaque a été coordonnée, la motivation des participants, l'implication réelle (ou non) des suspects et l'auteur véritable de l'opération. Par exemple, le 11 septembre, les nombreux pirates de l'air supposés auraient eu de proches contacts avec le FBI, la CIA et autres agences de renseignement de haut niveau (autant intérieures qu'étrangères). De même, les frères Tsarnaev qui ont été accusés de l'organisation de l'attentat de Boston avaient des liens avec le FBI avant l'attaque.
Dans de nombreux exemples, les connexions à certaines agences et communautés de l'armée devraient autant servir de signal d'alarme que les liens aux agences de renseignement car ces institutions ont été largement mélangées.
8. Bouc-émissaire commode :
un indice conduisant un observateur informé à suspecter un attentat false flag est l'existence d'un bouc-émissaire commode. Toute opération de false flag comportera un récit soigneusement ficelé réalisé par le groupe d'individus mis en place pour la diabolisation. L'attentat d'Oklahoma City (1995) avait McVeigh et donc des "extrémistes de droite" et la "milice". Pour le 11 septembre, le groupe était les musulmans. Dans de nombreuses fusillades à l'intérieur du pays, la diabolisation se faisait sur des propriétaires d'armes. Avec le récent attentat de Los Angeles, "l'auteur" était un "théoricien de la conspiration opposé au gouvernement." À l'occasion d'un false flag, un "pigeon" facilement identifié montrera tous les aspects du groupe ou du moins la plupart, ainsi que l'environnement démographique social à diaboliser.
9. Les médias encouragent des récits en défaveur des groupes de bouc-émissaires, et/ou un agenda qui confisque les libertés :
un indice qui suggère un false flag est qu'immédiatement après l'attentat et après "identification" des auteurs par les "officiels" et les médias, la corporation médiatique commence non seulement à diaboliser le groupe démographique auquel appartient "l'auteur", mais commence aussi à promouvoir des "solutions" pour empêcher qu'une telle attaque ne se reproduise un jour. Ce récit comportera toujours l'érosion des libertés, une plus importante mise en œuvre d'un état policier, une politique économique spécifique ou une marche vers la guerre.
Dit simplement, les médias mettent en avant le PROBLÈME, autorisent et guident une RÉACTION et ensuite fournissent une SOLUTION déterminée à l'avance.
10. Le gouvernement commence à "passer à l'action" contre le bouc-émissaire ou s'oriente dans le sens du récit des médias :
après une saine dose de propagande des médias dominants qui repassent en boucle l'attentat pour entretenir la terreur, montrent l'auteur et présentent les solutions de l'état policier, le gouvernement commence alors à passer à l'action. Des discours politiques sont faits pour capitaliser la peur et l'angoisse ressenties par le public et pour renforcer l'idée que le gouvernement est là pour le protéger. On offre ensuite des solutions sous forme de lois, d'ordres d'exécution ou de mandats politiques, en vue soit d'une réduction du 4ème amendement, un contrôle des armes ou des frappes militaires dans un pays étranger.
11. Indices dans les médias populaires :
les indices dans les médias populaires, qu'on peut définir plus précisément de programmation prédictive, sont plus facilement identifiés après coup. Cela implique souvent de mettre en scène un incident qui apparaîtra dans un film ou dans une émission de télévision. Dans d'autres cas, des détails fortuits de l'attaque sont insérés de manière visible ou même moins visible dans des films et à la télévision. Par exemple, le scénario d'un épisode de The Lone Gunman (en français "Au cœur du complot", NdT), une série dérivée de X-Files, montrait un avion piraté par contrôle à distance qu'on envoyait dans les tours du WTC. Dans The Dark Knight Rises (film de 2012, série Batman 3), il y avait une très curieuse référence à Sandy Hook avec une carte de Newtown, Connecticut, sur le mur.
Conclusion
Bien qu'il soit extrêmement important d'éduquer le public quant à la nature et au but des false flags, l'éducation ne peut être un but en soi. Le public a besoin non seulement de connaître la vérité autour des événements spécifiquement false flags lorsqu'ils apparaissent, mais il a besoin de comprendre la méthodologie pour les identifier par eux-mêmes et en temps réel.
Créer une culture où le public est capable de reconnaître une attaque false flag sans recourir à l'aide des sources médiatiques, des chercheurs ou des activistes, est la première étape pour rendre la tactique inutile et rassembler la force des gens vers une action réelle ou en dernier ressort, créer une culture dans laquelle cette force ne peut être rassemblée par la classe dirigeante.
Bien que devant aborder les attentats false flag, nous ne devons pas nous permettre d'être si facilement détournés d'une voie d'action politique, d'une mobilisation de masse et de formuler de vraies demandes réalisables.
Depuis le mois de janvier une énorme campagne internationale de diffamation et de désinformation fait rage contre le nouveau gouvernement croate et plus particulièrement contre son ministre de la Culture, Zlatko Hasanbegović. On se croirait revenu aux temps de l’Agitprop et du camarade Stepakov, tant les assauts paraissent soigneusement organisés et synchronisés. De toute évidence, l’intelligentsia gauchiste ne supporte pas de voir l’Est de l’Europe et plus particulièrement la Croatie élire des dirigeants de droite et refuser de cautionner la gabegie et la dégénérescence ambiantes. On sort donc l’artillerie lourde. Dernière attaque en date, une pétition qui s’en prend au ministre Hasanbegović, accusé pêle-mêle de révisionnisme, de nostalgie oustachie, de sympathies génocidaires et d’hostilité aux valeurs de l’Union européenne. Jeune historien de 43 ans, le ministre doit être un peu surpris de se retrouver ainsi dans l’œil du cyclone. Il doit probablement s’étonner aussi de voir se mobiliser contre lui toute une ribambelle de « consciences morales » du calibre de Toni Negri, condamné autrefois à 30 ans de réclusion pour meurtres, qu’escortent quelques personnages plutôt incongrus (en tout cas lorsqu’on parle d’affaires croates), comme l’universitaire macanaise Wong Yi-Lee, le comique français Michel Boujenah, le député juif australien Michael Danby, ou encore deux rescapés du génocide rwandais (Jean de Dieu Mirindi et Charles Habonima) et une brochette de féministes américaines. Ces gens-là seraient-ils même capables de situer la Croatie sur une carte ? On en doute un peu. Ajoutez encore à cela l’inévitable Caroline Fourest, le pathétique Finkielkraut (qui court désespérément après l’extrême-gauche alors que celle-ci lui crache dessus) le cinéaste Elie Chouraqui et le dramaturge Dario Fo, et vous obtenez un cocktail pour le moins saugrenu.
Le côté insolite de l’opération ne se limite pas aux signataires de la pétition mais il concerne aussi les media qui s’en font les véhicules. En France, c’est Libération (23.05) qui s’y connaît en matière de génocide puisqu’il s’enthousiasma autrefois pour le bon Pol Pot et ses sanglants collègues de l’Angkar. Nul doute que ce journal soit le mieux placé pour donner des leçons… En Suisse, on trouve Le Temps (30.05) qui fait carrément dans le catastrophisme le plus ridicule en annonçant à ses lecteurs qu’en Croatie, « on va bientôt se mettre à brûler les livres » – un peu comme à la fin des années 1960, lorsque les tribunaux helvétiques faisaient brûler l’ouvrage d’un certain Dr Mathez (1) ? À Bruxelles, c’est La Libre Belgique (28.05) qui s’emmêle un tantinet les pinceaux : elle accuse, en effet, le nouveau gouvernement croate d’être à la fois « ultranationaliste, catholique intégriste et ultralibéral », ce qui paraît pour le moins contradictoire. Ensuite et sans doute en guise d’illustration de l’intégrisme catholique, elle vilipende M. Hasanbegović, oubliant sur sa lancée que ce monsieur est un musulman pratiquant et que sur beaucoup de points, il déclare s’inscrire dans la lignée intellectuelle du païen Alain de Benoist. Mais au diable la cohérence : le tout c’est d’attaquer tous azimuts et d’essayer à tout prix d’abîmer l’image d’un homme et d’un pays !
Faut-il préciser pour conclure que ce déluge d’insanités ne possède aucun fondement ? Dans une déclaration en date du 26 janvier 2016, Ivan Zvonimir Čičak, ancien dissident (longuement emprisonné par la Yougoslavie communiste), grand défenseur des droits de l’homme et actuel président du Comité Helsinki de Croatie, fait litière de toutes les accusations qui visent M. Hasanbegović. Il parle « des attaques diffamatoires et des mensonges » dont le ministre est la cible et dénonce clairement l’usage frauduleux que certains font de l’antifascisme pour tenter de justifier les abus et les crimes de l’ancien régime communiste et de la Yougoslavie. Par ailleurs, dans un autre déclaration, en date du 31 janvier 2016, 77 historiens croates (dont plusieurs universitaires) et 67 personnalités diverses de la communauté académique et scientifique (dont trois académiciens) apportent leur soutien au ministre et expriment leur inquiétude face aux amalgames et déformations qui ont pour but de le « disqualifier politiquement, professionnellement et moralement ».
Toute à la crainte de perdre définitivement son hégémonie culturelle dans plusieurs pays européens et notamment en Croatie, une certaine intelligentsia de gauche fait feu des quatre fers pour tenter de discréditer ses adversaires et sauver ses prébendes. C’est dans ce cadre-là qu’il faut situer les actuels boniments et calomnies qui visent Zlatko Hasanbegović. Au sortir de 45 ans de tyrannie communiste et en l’absence regrettable de toute lustration, la Croatie ne manque, hélas, pas de traîtres, de défaitistes, d’embusqués, de rescapés ou de sycophantes des polices politiques d’antan, et d’antipatriotes de tout poil : longtemps bénéficiaires d’une totale impunité, ces gens ont désormais peur de perdre leurs sinécures, notamment dans les secteurs de la presse et de la culture, et ils attaquent. Ils le font avec leurs armes traditionnelles, le mensonge, la médisance, l’insinuation, l’imposture, et ils peuvent compter comme toujours, dans le monde entier, sur une immense armée d’acolytes, de naïfs et de crétins. Tout cela est de l’intox, ni plus ni moins, et bien sot serait celui qui s’y fierait. Espérons en tout cas que les droites européennes ne se laisseront pas une fois de plus embobiner car pour l’instant, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en matière de solidarité avec la droite croate, elles auraient plutôt tendance à se hâter très, très lentement…
Christophe Dolbeau
(1) Citoyen suisse, l’ancien médecin James-Albert Mathez (1896-1974) avait écrit et publié (1965) un ouvrage intitulé Le passé, les temps présents et la question juive. Poursuivi en justice par diverses associations juives, le Dr Mathez fut condamné, en 1969, à 30 jours de prison, et le Tribunal de Vevey ordonna en outre que fussent brûlées les épreuves de son livre ; la gendarmerie helvétique se chargea de cette besogne.
« Les journalistes manipulent avec une parfaite bonne conscience et toujours pour la bonne cause » : entretien avec Ingrid Riocreux.
Ingrid Riocreux est agrégée de lettres modernes et docteur de l’Université Paris-Sorbonne, Paris-IV où elle est actuellement chercheur associé.
Dans son livre La langue des médias (éditions L’artilleur) et à travers de nombreux exemples, l’auteur décrypte le discours dominant des journalistes à travers qualificatifs et tournures de phrases qui impliquent un jugement de valeur et révèlent une logique qui n’est plus d’information mais de prescription.
Prescripteurs de préjugés partagés par une élite fonctionnant en vase clos, les journalistes sont ainsi devenus des éducateurs ou plutôt des rééducateurs d’opinion. Un livre qui devrait être lu à titre préventif dans toutes les écoles de journalisme et utilisé comme un manuel par tous les lecteurs, auditeurs et téléspectateurs pour ne plus être « orientés par un discours orientant ».
ZOOM - Ingrid Riocreux : "Les journalistes, des Torquemadas... bienveillants"
Ingrid Riocreux est agrégée de lettres modernes et docteur de l’université Paris 4 Sorbonne dont elle est actuellement chercheur associé. Dans son ouvrage “La langue des médias”, elle observe et analyse le parler journalistique qui ne cesse de reproduire des tournures de phrases et des termes qui impliquent un jugement éthique sur les évènements. Pour l’auteur, “on passe de la destruction de la langue à la fabrication du consentement”. Ingrid Riocreux relève la faiblesse de la compétence linguistique chez les journalistes, leur volonté d’utiliser des “mots valises” ou des expressions convenues comme le mot “dérapage” ou “phobie”. L’auteur dénonce la dérive du journalisme qui assure de plus en plus nettement une fonction d’évaluation morale :”l’inquisiteur et le journaliste sont, chacun dans des sociétés différentes, des gardiens de l’ordre”. Ce livre est conçu comme un manuel de réception intelligente à l’usage des téléspectateurs exposés aux media classiques d’information et qui se tournent, de plus en plus nombreux, vers la réinformation.
par François-Bernard Huyghe Ex: http://www.huyghe.fr
La langue ne sert pas uniquement à s’exprimer, à communiquer, à désigner clairement ce dont elle traite… Elle sert aussi à faire : faire croire, faire ressentir, faire obéir, faire taire,...
Cette bizarre faculté de changer le réel autant que de le décrire, elle la tient de ce qu’il est convenu de nommer sa dimension pragmatique. En clair : sa faculté d’agir sur le cerveau d’autrui. Il existe, bien entendu, de nombreuses théories pour l’expliquer. Les sémiologues parlent de la force illocutoire ou perlocutoire des mots, les sociologues de domination symbolique par le verbe. Ce n’est pas notre objet ici.
Car dans la perspective des stratégies de l’information, les choses se ramènent à trois catégories. Ou les mots tirent leur force d’une relation préétablie, ou de leur utilisation efficace, ou de leur simple existence et fréquence.
Le premier cas est celui où les mots de A qui parle (ou écrit) produisent un certain effet sur B qui l’écoute (ou le lit) parce que A jouit d’un statut ou d’une autorité qui lui permet d’ordonner ou encore parce qu’il est en situation de s’engager par une formule sacramentelle, un contrat…. Bref, c’est l’adéquation des paroles, généralement attendues et convenues, qui fait qu’elles changent quelque chose à la réalité. Un général ordonne une charge de cavalerie, un prêtre conclut un mariage, un commissaire-priseur termine une enchère.
Seconde situation : les mots sont efficaces parce que bien combinés. Ainsi, ils produisent un effet de persuasion ou exercent une certaine séduction. C’est typiquement le mécanisme de la rhétorique que nous avons décrite sur ce site. Le rhétoricien idéal convainc (il vous fait tenir une affirmation pour vraie) et charme (il vous fait tenir une chose ou une valeur pour désirable). Il fait tout cela en employant mieux qu’un autre les « mots de la tribu » ; a priori, il agit donc en mettant dans un certain ordre les termes que connaît le destinataire, mieux le second les comprend et plus il a de chance d’être mené là où le désire le premier, l’orateur (ou l’auteur).
La propagande, au sens classique, la publicité ne font qu’amplifier le pouvoir de la rhétorique : en ajoutant le pouvoir de l’image et de la musique à celui du verbe, en choisissant les bons vecteurs, en sachant toucher le destinataire de façon répétitive et efficace, en le mettant dans de bonnes dispositions pour recevoir le message, en abaissant ses défenses…
Une autre forme de pouvoir du verbe ressort à la poésie : elle n’est pas efficace par l’information qu’elle nous délivre (par exemple qu’il y a eu éclosion d’une rose aujourd’hui à 8H GMT). Elle est puissante par sa façon d’évoquer une multitude de sens et émotions offerts à l’interprétation de chacun (ainsi la phrase « Mignonne, allons voir si la rose qui ce matin était éclose…» est poétique). Mais qu’il s’agisse de propagande, d’éloquence, de littérature ou autre, le « pouvoir » des mots s’exerce uniquement au moment où ils forment un message précis reçu par un interlocuteur.
Certes de tels messages ne recourent pas exactement aux mots de tout le monde : le poète pourra employer des vocables rares, le propagandiste multipliera les expressions caractéristiques de l’idéologie qu’il défend, le pubeur aura des tics de langage « branchés ». Mais s’ils ont une préférence pour un certain type de vocabulaire, leur but principal est d’être compris non d’être repris : il faut que les mots agissent, pas nécessairement qu’ils soient répétés
Troisième cas, enfin, on peut agir sur le cerveau d’autrui en propageant certaines habitudes langagières, un certain lexique, en favorisant une fréquence et une interprétation de certains mots préférentiels, de certains syntagmes. Il y alors langue de pouvoir là où un groupe lutte pour imposer l’usage et la valeur (laudative, dépréciative) d’un vocabulaire. L’action sur le cerveau est ici une action en amont. Elle repose grossièrement sur le principe que les termes que l’on emploie déterminent les pensées que l’on exprime. C’est ce que l’on pourrait appeler formater.
Pour être plus précis, une langue de pouvoir, destinée à être reprise ou propagée, remplisse bien cette fonction, elle doit faire trois choses :
- Interdire (qu’il s’agisse d’interdire de formuler certaines thèses, comme nous le verrons plus loin, ou tout simplement, interdire de comprendre au non-initié)
- Rassembler : créer une relation de similitude ou de familiarité entre ceux qui emploient le même langage
- Classer : imposer de ranger certaines réalités ou certaines idées dans certaines catégories
Une multitude de groupe utilisent des jargons ou des argots qui répondent partiellement à cette définition. Les premiers forment plutôt la langue particulière d’une profession ou des spécialistes d’un domaine technique bien particulier (on les appelle des sociolectes ou des technolectes). Les seconds ont au moins initialement pour raison d’être de fournir un code quasi secret à un groupe minoritaire qui veut se distinguer et garder la confidentialité de ses échanges. Dans les deux cas, le vocabulaire empêche la langue d’être comprise par tout le monde et cela permet aux initiés de se retrouver entre eux. Un non informaticien ne comprend rien à une phrase truffée de « implémenté » et de « bogué », un non-initié en intelligence économique est rebuté par des phrases pleines d’allusion au « knowledge management », à la «veille sociétale» au «rens» et au «retex» (renseignement et retour d’expérience).
Un esprit soupçonneux pourrait même accuser les jargons de véhiculer une idéologie implicite : culte de la technique ou de l’entreprise suivant le cas. Pourtant ce ne sont pas des langues de pouvoir parfaites, dans la mesure où leur objet est limité, comme l’est leur diffusion. Souvent, le jargon se révèle même utile pour fournir une terminologie à usage technique pour des utilisateurs qui les identifient très bien (et identifient mieux encore le statut de celui qui les emploie). Le défenseur de la langue française peut s’en plaindre, mais, après tout, les jargons remplissent bien leur tâche qui est de désigner quelque chose.
Les vraies langues de pouvoir sont autre chose dans la mesure où elles cherchent à s’imposer à tous pour unifier les cerveaux. Ce critère de la « lutte pour s’imposer » nous semble fondamental.
Soit l’exemple le plus extrême : la « novlangue ». Comme on le sait, cette langue a été inventée par George Orwell dans son roman d’anticipation « 1984 », en s’inspirant de la «sovlangue», langue soviétique alors en usage. La novlangue a été imposée par Big Brother aux citoyens d’Océania, la dictature imaginaire que le livre. Elle est officiellement destinée à remplacer l’ancienne langue véhiculaire dite « ancilangue » (liée aux anciennes mentalités) et elle surtout elle doit refléter l’idéologie officielle d’Océania, l’angsoc (socialisme anglais).
La novlangue fonctionne donc dans deux registres. D’une part, elle empêche de dire ou de penser certaines choses. D’autre part, elle formate les esprits des locuteurs, crée des associations, des disciplines, des habitudes mentales.
Pour remplir le premier but, elle agit brutalement : certains mots sont supprimés, ou leur sens réduit à un usage strictement pragmatique. Ainsi, on peut dire que la voie est libre, mais on ne peut plus exprimer le concept de liberté politique ou intellectuelle, puisqu’il n’y a plus de mots pour traduire ces vieilleries, pas plus qu’honneur, justice, science, religion. La novlangue tente ainsi de rendre impensable toute contestation, puisqu’il n’est plus possible de se référer à un autre monde, à d’autres catégories ou à d’autres valeurs que le monde décrit par la propagande officielle. Ceux qui pensent autrement sont indistinctement considérés comme «ancipenseurs» (les criminels qui pensent comme avant l’instauration de l’angsoc) et ne trouvent plus de termes pour exprimer leurs opinions hétérodoxes. Du reste, plus le temps passe, plus le vocabulaire de la novlangue s’impose, plus les textes écrits dans l’ancienne langue deviennent incompréhensibles. Avantage collatéral : les éventuels opposants sont privés de mémoire et ne peuvent plus s’appuyer sur des textes, philosophiques par exemple, pour critiquer le système ou le comparer à un ordre ancien plus juste ou plus libre. Ou simplement différent.
Second volet : la novlangue oblige à décrire le monde et donc à penser en termes très pauvres, très standardisés, donc très contrôlés. La langue perd tous ses synonymes, toutes ses nuances, toutes ses complications. Elle se réduit de plus en plus à des expressions standard ou à des néologismes formés, par exemple, de la combinaison de plusieurs mots « compactés ». Ainsi «bonpenser» désigne globalement l’orthodoxie idéologique, l’attitude de soumission et de croyance que l’on attend de tout citoyen. Parallèlement, l’orthographe est hyper simplifiée : plus besoin de nombreux temps des verbes, de pluriels compliqués, de règles d’accord sophistiquées…
Les vocables sont réduits, simples, ils s’enchaînent presque automatiquement pour produire des phrases prévisibles et un sens pauvre. Les obstacles posés au développement de la pensée critique ou spéculative sont ainsi renforcés par les techniques de standardisation de l’expression, donc une fois encore de la pensée.
Censurer et marteler, empêcher d’énoncer des idées, obliger à répéter des slogans : les procédés de la novlangue sont clairs et simples. Ils supposent cependant l’absence de concurrence d’une autre langue naturelle et véhiculaire qu’il faut éliminer par la force. Dans le roman d’Orwell, la chose est imposée hiérarchiquement et planifiée sur des décennies.
La réalité historique n’est pas loin de ce modèle cauchemardesque. La langue de bois soviétique critiquée par de nombreux dissidents, ou encore la LTI (Lingua Tertii Imperi, langue du troisième Reich nazi) décrite par Victor Klemperer fonctionnent bien sur ce modèle vertical et disciplinaire.
De là à accuser son adversaire de parler la novlangue ou la langue de bois dès qu’il s’exprime de façon un peu lourde, ou à qualifier un discours idéologique que l’on désapprouve de manipulation bigbrothérienne des esprits, il y a un pas à ne pas franchir. Ainsi un livre récent d’Eric Hazan compare à la « LTI » nazie ce qu’il nomme la LQR (Lingua Quintæ Republicæ, langue de la cinquième République) néo-libérale. C’est typiquement le genre d’amalgame pseudo critique qui réduit à néant la crédibilité d’une analyse par ailleurs excellente des euphémismes et poncifs employés par les médias. Il y a une toute petite différence entre parler, certes avec mépris, du chômage en se référant à un « plan social lié à un phénomène de restructuration » et prôner la Totalkkrieg ou le Entjuden (guerre totale et déjudaïser).
J'écoutais distraitement la radio lorsque je fus accaparé par un refrain obsessionnel : Noam Chomsky is a soft revolution! Et cela émanait d’un rockabilly endiablé !
Après une brève recherche, j’ai retrouvé le morceau et son auteur. Le refrain était le titre du morceau. Il venait de sortir. Et l’auteur : Foy Vance, auteur-compositeur-interprète venu d’Irlande du Nord. Casquette en tweed, moustache « Brigades du Tigre » et mobilhome pour les tournées.
Dans sa chanson, Vance mêle ses préférences musicales, d’Aretha Franklin à Willie Nelson, aux influences intellectuelles :
Jean-Paul Sartre si tu as perdu ton âme,Dostoïevski si tu veux vraiment savoir…
…pour conclure, à chaque couplet, que Noam Chomsky est une douce révolution.
De la linguistique à la résistance idéologique
Cette ritournelle fut ma madeleine de Proust. Elle m’a ramené à une vie précédente où j’essayais de suivre une voie universitaire. Ruminant à la bibliothèque sur les montagnes de théories pédantes, sophistiquées et provisoires qu’on nous obligeait à ingurgiter, j’étais tombé sur une anthologie de textes de Noam Chomsky.
A mes yeux, il s’agissait uniquement, jusqu’alors, de l’illustre linguiste, inventeur de la grammaire générative et transformationnelle, une innovation qu’on qualifiait aussi de révolution chomskyenne. Je découvris soudain que la vraie révolution chomskyenne, la plus importante, était ailleurs. Non dans le champ de la science, mais dans le champ de la conscience.
Je découvrais ce qu’on ne m’avait pas dit du grand savant : qu’il était un opposant, un penseur politique et un veilleur. A ce moment précis, l’Empire du Mal soviétique était sur le point de s’écrouler, le triomphe de l’Amérique et de son idée paraissait total et absolu. Chomsky, pourtant, continuait de pointer du doigt l’oncle Sam.
Du temps de la Guerre froide, ses adversaires avaient beau jeu de déclarer qu’il « jouait pour le camp adverse », qu’il était un agent soviétique. Mais les agents soviétiques se sont évanouis le jour même où leur employeur a fait faillite. La critique de Chomsky n’était pas partisane au sens où elle aurait servi un camp contre l’autre dans une guerre. Elle était absolue, c’est-à-dire ancrée dans les principes de la morale universelle. Il est des choses, nous disait-il, qu’on ne fait pas, même si l’adversaire ne se prive pas de les faire lui non plus.
Pour cette raison, les écrits politiques de Chomsky ont traversé les époques et conservent toute leur valeur. L’auteur n’a fait qu’ajouter des étages à son édifice, notamment dans ses prises de position sur la Palestine. Même si l’on n’épouse pas toutes ses causes, on est subjugué — et éduqué — par l’intelligence du regard. Son bref exposé sur Les dessous de la politique de l’Oncle Sam n’est pas un manifeste politique, mais avant tout un traité sur la manipulation des esprits.
La loi du « deux poids-deux mesures »
En tant que linguiste, c’est sur la novlangue que Chomsky s’est d’abord fondé pour déconstruire une propagande foncièrement totalitaire. Avec l’aide de ses étudiants, il s’est livré à de sérieux travaux de médialogie, les rares vraiment utiles. Étant entendu que les « recherches » de la filière officielle, en matière de sciences humaines, ne servent jamais à confondre le discours officiel, mais au contraire à le renforcer soit en lui ajoutant une justification académique, soit en brouillant et estompant toute représentation claire de la réalité vécue.
A rebours de ces méthodes, Chomsky va droit au but, avec des mots simples et des arguments concrets. Deux de ses exemples me sont restés en mémoire et ont changé ma manière de penser et de voir le monde.
Dans les dernières années du bloc soviétique, nous étions quotidiennement abreuvés de nouvelles sur la lutte du syndicat Solidarnošć et de la Pologne catholique contre la dictature communiste. L’élection d’un pape polonais — le premier non italien depuis des siècles — avait évidemment offert à cette cause un écho mondial. La nouvelle de la torture et de l’assassinat de l’aumônier du syndicat, le père Popieluszko, en 1984, a sonné le glas du régime du général Jaruzelski. 500’000 personnes ont assisté aux funérailles du prêtre martyr, qui fut béatifié en 2010.
Le père Popieluszko, victime d’un régime communiste, est une belle et lumineuse figure de résistant au totalitarisme. Cependant, Chomsky et son coauteur Herman ont placé cette tragédie unique en regard du sort de nombreuses autres figures catholiques martyrisées à la même époque par des régimes « amis » des USA. Et elles ne sont pas peu : 72 religieux tués en Amérique latine entre 1964 et 1978, 23 au Guatemala entre 1980 et 1985, et surtout l’assassinat de Mgr Romero et de quatre religieuses américaines au Salvador en 1980. Il y avait parmi ces victimes des exemples de dévouement et de foi non moins admirables que celui du père Jerzy. Mais la comparaison de l’espace médiatique objectif alloué, aux États-Unis, à ces ensembles d’événements aboutit à un résultat sidérant. Il apparaissait qu’un prêtre assassiné par le régime polonais « pesait », en matière de couverture médiatique, 666 fois plus lourd qu’un prêtre assassiné par un régime satellite des USA !
Il serait superflu de relever les exemples de ce procédé d’escamotage dans l’actualité récente. Il ne s’agit plus de cas, du reste, mais du mode même de l’information passant par l’ensemble des médias de grand chemin occidentaux. Les rédactions, ou plutôt les journalistes isolés, qui essaient de rééquilibrer un tant soit peu la balance, sont aussitôt stigmatisés par leur milieu même. Les « décideurs » n’ont même pas à intervenir.
Un auto-aveuglement total
L’autre étude de cas proposée par Chomsky est encore plus instructive quant au fonctionnement de la propagande occidentale. Elle prend pour point de départ un incident stupéfiant survenu à la radio soviétique en 1983 lorsqu’un courageux animateur, Vladimir Dantchev, dénonça l’occupation soviétique de l’Afghanistan au cours de cinq émissions successives avant d’être limogé et envoyé aux soins psychiatriques. La presse occidentale salua abondamment le courage de ce dissident, non sans se rengorger : « cela ne pourrait jamais arriver chez nous ».
Prenant cette autosatisfaction à la lettre, Chomsky s’attela à trouver des exemples de critique semblables dans les médias du mainstream américain au sujet de la calamiteuse guerre du Vietnam. Il n’en trouva… aucune !
« En bref, il n’y a pas de Danchevs chez nous. Dans le mainstream, il ne se trouve personne pour appeler une invasion “invasion”, ou même pour prendre conscience du fait ; il était impensable qu’un journaliste US appelle publiquement les Sud-Vietnamiens à résister à l’invasion américaine. Une telle personne n’aurait pas été envoyée dans un hôpital psychiatrique, mais il est improbable qu’elle eût conservé sa position professionnelle et son statut social. »
« Il est à remarquer que dire la vérité, de ce côté-ci, ne demande pas de courage, seulement de l’honnêteté. Nous ne pouvons invoquer la violence d’Etat, comme le font ceux qui suivent la ligne du parti dans un pays totalitaire. »
Parler bas pour penser haut
L’école de pensée de Chomsky n’a rien de révolutionnaire. Elle repose, en somme, sur le vieux dicton évangélique de la paille et de la poutre. Mais le calme, la persévérance et la constante lucidité du vieux linguiste ont modifié la conscience de millions d’Américains et d’Occidentaux, précisément en leur ouvrant les yeux sur la matrice qui les conditionne eux-mêmes, le plus souvent à leur insu. Chomsky n’a pas besoin de dresser des barricades ni de faire de l’agitation politique, même s’il reste, curieusement, un démocrate très discipliné. Sa révolution est dans les têtes, et dans des têtes, souvent, fort éloignées des hautes sphères de la vie intellectuelle.
Comme le dit Foy Vance : « Jamais aucun être humain n’a parlé aussi doucement en délivrant des vérités aussi dévastatrices que Noam Chomsky lorsqu’il a partagé ses idées. Il est réellement une douce révolution. »
La guerre de l'image c'est-à-dire l'utilisation d'images pour contribuer à la finalité générale de la guerre - faire céder la volonté politique d'un adversaire - est tout sauf récente. De ce point de vue, utilisée comme arme voire en conjonction avec des armes, elle obéit à des constantes. Ceci vaut pour la guerre au sens strict, celle qui implique la mort collective infligée de façon systématique dans un but politique, mais aussi pour cette "guerre pour les cœurs et les esprits" qu'est la conquête idéologique des territoires mentaux. Nous proposerons de distinguer trois types, qui se mêlent largement dans la pratique : - l'image exaltante - l'image probante - l'image offensante.
L'image exaltante doit produire de l'enthousiasme, source de combativité et de cohésion. Ainsi, il est bien connu que le "moral", des troupes, des civils ou des militants, est à la fois une ressource à augmenter et un bien à protéger des attaques adverses. Or il se nourrit d'une imagerie commune. L'enthousiasme suppose un mélange variable d'amour (pour notre chef, notre nation, notre cause, nos ancêtres, notre communauté), d'admiration pour ces entités qui nous dépassent, d'identification et de sens la continuité (nous partageons ces sentiments sublimes avec d'autres frères et des ancêtres), mais aussi de colère au moins potentielle contre ceux qui viendraient à offenser les principes ainsi représentés. Un portrait du roi ou du petit père des peuples, un tableau de bataille, ou la photographie de trois GI's dressant le drapeau américain à Iwo Jima en guise de legs à la "mémoire de nos pères" et autres idéalités idéalisées répondent parfaitement à cette définition.
L'image probante se situe dans un autre registre : elle démontre une réalité qui devient facilement preuve à charge (leurs crimes qui expliquent pourquoi nous combattons). La démonstration de l'atrocité ou de la défaite et punition de l'autre fournit, au moins depuis l'invention de la photographie, une source d'inspiration inépuisable.
L'image "rassurante" (oui nos troupes ont belle allure et bon moral, oui, nos camarades étaient effectivement nombreux et mobilisés) n'est certes pas négligeable, mais son impact est souvent moindre. Difficile en ce domaine de rivaliser avec de grandes icônes comme une petite fille courant sous le napalm, par exemple. L'image probante est toujours un enjeu majeur, d'autant qu'une telle image appelle par nature la citation ou la reprise.
Quant à l'image offensante elle est censée produire un effet d'humiliation qui n'est en rien inconciliable avec son caractère probant (oui, cela s'est bien produit ainsi) ou exaltant (oui, nous nous réjouissons de voir nos adversaires ainsi défaits et notre triomphe affirmé). L'offense résulte du ridicule de l'adversaire (et en ce sens cela inclut le très riche domaine de la caricature), comme de la vision de son abaissement et de sa souffrance (ici la violence par l'image du 11 septembre est insurpassable) mais dans tous les cas il s'agit d'une diminution d'autrui. La notion de ce qui est offensant pour l'autre ou de ce qui peut lui infliger une souffrance psychique est l'objet de débats incessants. Ils portent sur ce qu'il licite de montrer soit, parce que cela donnerait trop de plaisir ou trop d'impact à l'adversaire (par exemple, l'ennemi ou le terroriste serait "trop content" de voir les dégâts qu'il a faits), soit du fait qu'elles touchent au non-représentable (voir la question des photos de la Shoah dont des photos seraient pour certains comme une concession faite aux révisionnistes de rentrer sur le terrain de la preuve par l'image) soit, plus rarement sur le fait que certaines images seraient trop cruelles, qu'elles stigmatiseraient une communauté, qu'elles témoigneraient de trop d'hostilité pour être tolérées. D'où des effets d'abîme et des problèmes d'interprétation. Faut-il filmer les morts du 11 septembre ou ceux de la seconde guerre du Golfe au risque de réjouir les islamistes ou de leur donner des arguments ? Accepter qu'un hebdomadaire français montre des talibans paradant avec les dépouilles de soldats français ?
Et les caricatures de Mahomet ? Qu'est-ce qui les rend intolérables ? Qu'elles enfreignent la prohibition de l'image portant sur le sacré ? Qu'elles fassent à des musulmans une offense que n'éprouveraient pas des catholiques devant une couverture de Charlie hebdo sur le pape et le préservatif ? Qu'elles traduisent une crainte irrationnelle de leurs auteurs (crainte du nom d'islamophobie), crainte dangereuse et contagieuse, donc agressive ? Qu'elles énoncent une thèse implicite et fausse (en transformant le turban du Prophète en bombe on affirme que "tous" le musulmans sont intolérants et violents par nature") ?
Que ces fonctions soient des constantes n'empêche pas que la production et propagation des images bouleverse leurs règles d'utilisation. L'apparition de la photographie dans les conflits a largement été commentée à mesure de son caractère irréfutable présumé (oui, cette scène a bien été présente devant l'objectif, je ne peux en douter). La valeur probante de l'image peut être remise en cause par bien des stratégies réelles ou supposées. Et les arguments qui nourrissent la méfiance à leur égard sont bien connus:
- elle peut être truquée, du caviardage de Trotsky sur les photos argentiques aux trucages numériques de vidéos presque en temps réel. - elle peut être scénarisée comme l'érection du drapeau à Iwo Jima, produite pour être filmée, constituer un pseudo-événement .... - elle peut être sortie de son contexte, réinterprétée par un titre ou un commentaire trompeur, remontée si elle est animée, sélectionnée selon une intention - elle se prête à des lectures contradictoires. Là où l'un voit une bouleversante photo des camps, l'autre s'étonne de l'attitude ou de la morphologie de tel personnage qui lui paraît sentir le trucage. Là où l'un voit la chute des Twin Towers touchée par un avion, l'autre constate l'effondrement d'un édifice qu'il croit physiquement inconciliable avec l'explication "officielle" et se persuade que la preuve que les tours étaient truffées d'explosifs crève les yeux.
- et bien sûr nos codes décidant quelles sont les images licites ou sacrilèges varient énormément : la télévision US tente de cacher les morts (provoqués ou subis par son armée), les vidéos jihadistes se exaltent mort annoncée (testaments de kamikazes), valant martyre (les victimes musulmanes) ou manifestant le châtiment divin (ennemis tués, otages exécutés).
Or le mode de circulation des images ouvre encore davantage le jeu. Celui qui contrôle militairement ou politiquement un territoire en contrôle de moins en moins les flux d'images. Il était déjà bien connu durant la Guerre Froide que le rideau de fer n'arrêtait pas les ondes (celles de radio Free Europe, mais surtout, celles infiniment plus subversives de la télévision ouest-allemande). Il est devenu évident au cours des années 90 que le monopole US des télévisions d'information internationale (voir CNN pendant la première guerre du Golfe) était éphémère. La circulation de l'image sur Internet rend caduque toute tentative de censure totale des images probantes ou offensantes adverses.
Ce qui ne veut pas dire que des censures partielles soient impossibles (voir la Chine) ni qu'il soit impossible de s'abriter des images de l'autre soit en s'isolant dans sa bulle informationnelle, soit en décrédibilisant les images adverses. Voir les organisations pro-israéliennes démontrant "preuve à l'appui" que les images de victimes civiles de Tsahal ne sont que du "Palywood", un cinéma hollywoodien truqué et posé par des Palestiniens abusant des journalistes européens jobards.
Dans les années 60, Mc Luhan écrivait : « Les guerres chaudes du passé se faisaient au moyen d’armes qui abattaient l’ennemi homme par homme. Même les guerres idéologiques consistaient au XVIII° et XIX° siècle à convaincre les individus un par un d’adopter un nouveau point de vue. La persuasion électrique par la photographie, le cinéma et la télévision consiste, au contraire, à plonger des populations tout entières dans une nouvelle imagerie. »
Certes, mais la culture (ou si vous préférez l'idéologie) se venge de la technique en permettant de construire des digues et défenses contre les flux d'images concurrentes, de protéger notre interprétation du conflit et du réel par d'autres images.
En France, à l’automne 2015, la radicalisation ne touche pas que certains musulmans ayant résumé leur religion au djihad, celle-ci concerne également un très grand nombre de journalistes qui n’hésitent plus à franchir un stade supplémentaire dans la pratique orwellienne de leur métier, passant de la propagande insidieuse au mensonge le plus décomplexé.
Nous avions évoqué, en mai dernier (Lire > Dossier : Les médias face à l’Islam, soumission ?) les relations ambiguës, complaisantes, voire stratégiquement dangereuses, qu’entretenaient certains médias français avec l’islam terroriste. Après les terribles attentats du 13 novembre à Paris, il eût été angélique d’imaginer la possibilité d’un mea culpa, mais le choc aurait pu, du moins, permettre un minimum de remise en question. Loin de là, de nombreux médias se sont enferrés dans le déni, voire ont osé des manipulations qu’ils ne se seraient jamais permis jusque là. Pourtant, un ensemble de faits, de révélations, d’études, d’interventions d’experts, de preuves – et de cadavres –, s’accumulait pour donner tort à la manière dont ils avaient choisi de traiter un certain nombre d’informations depuis que le phénomène de l’islam terroriste est apparu, et en dépit du fait que celui-ci soit si souvent au centre de l’actualité depuis bientôt quinze ans ; et en dépit du fait qu’il soit d’autant plus impérieux de traiter ces informations sous l’angle adéquat qu’il en va, in fine, de la sécurité des Français dans un contexte de guerre.
Des « déséquilibrés » aux « assaillants »
Après le massacre, devant le constat flagrant d’un défaut d’analyse, il paraît urgent d’attribuer les responsabilités et de juger les défaillances. N’importe quel citoyen se trouve naturellement en position de demander des comptes à ceux qui sont censés l’informer alors que l’extraordinaire a eu lieu : la guerre en plein Paris. Le juge antiterroriste Marc Trevidic, dont les interventions, après les attentats, ont récolté un écho notable, a exposé comment les attaques terroristes que l’EI livre contre la France depuis deux ans s’inscrivaient dans une stratégie parfaitement établie par l’ennemi. Il s’agissait de créer un mouvement de crescendo dans l’horreur, dont les attentats du 13 novembre furent le premier point d’orgue. Ainsi, ce furent d’abord des actes isolés et disséminés avant d’atteindre à cette première perpétration organisée d’un massacre de masse. Cette dramaturgie élaborée en amont dans le but de faire « monter la pression » et d’instiguer durablement un climat de terreur en France relève d’une stratégie redoutable. Combattre l’ennemi, c’est connaître l’ennemi. Or, la plupart des médias français n’a guère permis à la population visée par cet ennemi de le connaître, donc de le combattre. En effet, les actes isolés qu’évoque le juge Trevidic, ce sont ces nombreux crimes ou tentatives commis dès décembre 2014 presque chaque mois par des individus qui furent systématiquement présentés comme des « déséquilibrés » par de nombreux médias. Or, après les propos du juge et bien qu’ils aient été particulièrement relayés, on n’a pas entendu un seul journaliste remarquer que l’interprétation qui avait été donnée de ces événements avait été par conséquent erronée, voire qu’elle relevait d’une pure falsification. Il s’agissait pourtant d’un constat nécessaire.
Subitement en guerre
« Cette fois, c’est la guerre. » titrait Le Parisien, le 14 novembre ; « Notre guerre », en une du Point le 19 novembre ; « Comment vaincre Daech ? » pour L’Obs, le même jour ; « Comment gagner la guerre ? » pour L’Express, le 16… Cette prolifération de titres martiaux, au lendemain des attentats, tranchait avec le discours implicite qui les avait précédés. « Cette fois, c’est la guerre », pourquoi : « cette fois » ? Auparavant, nous jouions à la marelle avec les djihadistes ? Il paraissait pourtant clair qu’une internationale islamiste avait déclaré la guerre à l’Occident depuis le 11 septembre 2001… Il n’y a visiblement que certains journalistes français qui n’avaient pas été avertis. Eux apercevaient des « déséquilibrés » et notaient la multiplication d’ « actes isolés » sans rapport avec l’islam, jusqu’à ce que, subitement, et comme si rien ne l’avait laissé présager, des islamistes amalgament des Français, de gauche ou de droite, de souche ou non, honteux ou pas, pour les massacrer selon une ligne de front qui, dans leur démarche, ne faisait pas le moindre doute. Ainsi, à la sidération naturelle qui suivit l’irruption de semblables atrocités en plein Paris, s’ajouta un autre genre de sidération, laquelle provenait de l’invraisemblable impréparation psychologique dans laquelle se trouvait le peuple français, impréparation entretenue par ceux dont la mission aurait été au contraire de lui donner les éléments nécessaires à comprendre ce qui lui arrivait.
Tous les degrés du déni
Quand, ainsi que les dirigeants de l’État Islamique l’avaient clairement annoncé en février dernier, notre ennemi nous menace d’invasion migratoire et de chaos en méditerranée pour déstabiliser l’Europe, les réactions du Monde et de Libération, deux mois plus tard, consistent à prôner l’ouverture totale des frontières, comme s’il s’agissait de collaborer à notre propre destruction ! Lorsque la crise dépasse même les menaces proférées, il y a toujours des médias français qui continuent d’entretenir un déni quant à l’ampleur du phénomène, voire qui déguisent cette menace de Daech mise à exécution en merveilleuse opportunité ! Quant au fait qu’au-delà d’être un formidable instrument de déstabilisation du continent, cet afflux de population soit pour l’EI un moyen de répandre des soldats dans toute l’Europe, ces mêmes médias masquent le risque ou culpabilisent ceux qui l’évoquent en les suspectant de se muer en agitateurs d’extrême-droite (Ouest France, Libération, BFMTV), contribuant ainsi à rendre nos pays toujours plus vulnérables. Lorsque l’enquête sur les attentats de Paris confirme, cependant, que deux kamikazes sont des migrants, le déni du réel atteint un degré supplémentaire puisque France Inter en vient à tout bonnement réécrire le titre d’un de ses papiers, comme l’a relevé l’OJIM dernièrement, changeant : « Le fantasme de l’infiltration terroriste » par « Des terroristes parmi les migrants ? », toute honte bue, tout principe d’honnêteté passé à la trappe. D’abord on pratique le déni de réel pour des raisons idéologiques, ensuite, le déni du déni, pour ne pas entamer une remise en cause dont les conséquences pourraient s’avérer vertigineuses. Voici le cercle vicieux dans lequel se trouvent entrainés tant de journalistes français au moment où les faits les démentent.
Du bon usage des cadavres
« J’ai appris la diffusion d’images de corps. J’appelle au respect de la dignité des personnes décédées, de leurs familles. », tweetait madame Taubira, le 15 novembre, faisant référence à cette fameuse photo de l’intérieur du Bataclan après le massacre. Deux mois plus tôt, nullement choquée par la diffusion du corps d’un enfant migrant illico icônisé par les médias, le ministre de la Justice tweetait, avec son impayable lyrisme : « Son prénom avait des ailes, son petit cœur a dû battre si fort que les étoiles de mer l’ont emporté sur les rivages de nos consciences. » Ces morts du Bataclan, donc, ne doivent quant à eux ni circuler ni parvenir aux « rivages de nos consciences ». Étrange « deux poids, deux mesures » de la pudeur dont, à l’instar de Christiane Taubira, ont donc fait montre les médias français dans leur ensemble à cette occasion. Enfin, étrange… On aura bien compris qu’il y a des photos macabres dont le choc est idéologiquement exploitable et d’autres, non. Il fallait donc marteler les esprits de la photo du petit Aylan afin de pousser les Européens à ouvrir leurs frontières aux migrants, migrants dont certains participeraient à des massacres en France, massacres dont les photos, elles, ne devaient, en revanche, pas être diffusées. Dans cet exemple, les médias qui jouent à ce jeu ne réécrivent pas leurs propos, mais ils contredisent leurs méthodes, laissant soupçonner comment celles-ci ont moins à voir avec l’information qu’avec la manipulation de masse.
Les témoignages comme caisse de résonance
Il y a, enfin, une technique d’influence que l’on relève rarement tant elle est dissimulée : celle des témoignages. Elle permet en effet aux médias de donner l’impression d’une unanimité factice, en donnant la parole à ceux dont les propos illustrent l’idéologie qu’ils défendent. Facteur aggravant : celui qui ne communie pas au politiquement correct de mise n’osera pas s’exprimer librement à visage découvert, sachant qu’il deviendrait immédiatement une cible potentielle de mépris exhibée à la vindicte publique. Après les attentats, l’un des témoignages les plus célèbres se trouva être celui d’un petit garçon filmé place de la République, en compagnie de son père. Ravis, de nombreux médias en remirent même une couche, puisque ce père et son fils furent ensuite invités sur le plateau de Yann Barthès. Pourquoi ce témoignage fut-il autant valorisé ? L’enfant est charmant, certes, et son père est également émouvant dans la manière qui est la sienne de rassurer son fils. Mais au-delà, ils représentent tous deux un tract en faveur du multiculturalisme : d’origine asiatique, le père, un « Français de cœur » qui a prénommé son enfant d’un nom de héros de feuilleton américain – Brandon –, affirme que sa maison, c’est la France. Insidieusement, cela permet de diffuser l’idée que le multiculturalisme ne doit pas être remis en cause au moment où la coexistence de cultures conflictuelles sur les mêmes territoires vient d’aboutir à 130 morts… Surtout, l’enfant, dans son langage, explique aux téléspectateurs que « les méchants, c’est pas très gentil », le père le rassure en lui expliquant qu’il y en a partout, des « méchants », et qu’on va les combattre avec des roses – riposte florale qui semble d’abord laisser l’enfant un rien dubitatif, et on le comprend… Bref, un discours qui explique, en substance, qu’il n’y a rien à comprendre, qu’il n’y a rien à déduire, qu’il n’y a rien à changer. Le discours qui, plus certainement qu’un enfant de six ans, rassure avant tout les journalistes… N’y avait-il pas quelque part d’autres genres de témoignages à recueillir, comme, par exemple, un citoyen excédé réclamant des comptes aux élites médiatico-politiques pour ne l’avoir pas renseigné correctement sur les drames que leur incompétence organisait ?
Le leurre fasciste
Au lien suivant, qui indique : « Manifestation anti-étrangers, Pontivy, « Ils se sont défoulés sur un passant d’origine maghrébine », sur le site de France Bleu, aujourd’hui, on tombe sur l’information : « La page est introuvable », suivie d’un « smiley triste » : L Il eut été plus honnête de rédiger un démenti, mais non ! On s’est contenté d’effacer à demi les traces du crime, du mensonge fabriqué de toutes pièces d’une manifestation anti-migrants ayant prétendument dégénérée en ratonnade, mensonge depuis démenti très officiellement. Toujours obsédés par un ennemi historiquement mort depuis 70 ans, de nombreux médias, alors que 130 victimes de l’Islamisme radical gisent au sol, traquent immédiatement… le skinhead de service. Cet ennemi qui leur va bien, qui leur tient chaud, qui les rassure, qui les conforte intellectuellement, même s’il est tout à fait obsolète. Encore une fois, ne voulant se confronter au problème, ils ne le pensent pas, ne nous y préparent pas, pire : ils nous désarment intellectuellement et moralement face à lui. Et au-delà de toute question idéologique, c’est pour des raisons stratégiques de cet ordre que devrait être impitoyablement délégitimée une grande partie de cette classe médiatique, alors que la panique qui est aujourd’hui la sienne devant ses défauts d’analyse prend la tournure de contorsions, de manipulations et de mensonges les plus éhontés. Autant d’aveux indirects.
OJIM (Observatoire des journalistes et de l'information médiatique, 4 décembre 2015)
Exclusive: Official Washington’s many false narratives about Russia and Syria have gotten so tangled that they have become a danger to the struggle against Sunni jihadist terrorism and conceivably a threat to the future of the planet, a risk that Robert Parry explores.
By Robert Parry
Ex: http://www.consortiumnews.com
One way to view Official Washington is to envision a giant bubble that serves as a hothouse for growing genetically modified “group thinks.” Most inhabitants of the bubble praise these creations as glorious and beyond reproach, but a few dissenters note how strange and dangerous these products are. Those critics, however, are then banished from the bubble, leaving behind an evermore concentrated consensus.
This process could be almost comical – as the many armchair warriors repeat What Everyone Knows to Be True as self-justifying proof that more and more wars and confrontations are needed – but the United States is the most powerful nation on earth and its fallacious “group thinks” are spreading a widening arc of chaos and death around the globe.
We even have presidential candidates, especially among the Republicans but including former Secretary of State Hillary Clinton, competing to out-bellicose each other, treating an invasion of Syria as the least one can do and some even bragging about how they might like to shoot down a few Russian warplanes.
Though President Barack Obama has dragged his heels regarding some of the more extreme proposals, he still falls in line with the “group think,” continuing to insist on “regime change” in Syria (President Bashar al-Assad “must go”), permitting the supply of sophisticated weapons to Sunni jihadists (including TOW anti-tank missiles to Ahrar ash-Sham, a jihadist group founded by Al Qaeda veterans and fighting alongside Al Qaeda’s Nusra Front), and allowing his staff to personally insult Russian President Vladimir Putin (having White House spokesman Josh Earnest in September demean Putin’s posture for sitting with his legs apart during a Kremlin meeting with Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu).
Not surprisingly, I guess, Earnest’s prissy disapproval of what is commonly called “man spread” didn’t extend to Netanyahu who adopted the same open-leg posture in the meeting with Putin on Sept. 21 and again in last week’s meeting with Obama, who – it should be noted – sat with his legs primly crossed.
This combination of tough talk, crude insults and reckless support of Al Qaeda-connected jihadis (“our guys”) apparently has become de rigueur in Official Washington, which remains dominated by the foreign policy ideology of neoconservatives, who established the goal of “regime change” in Iraq, Syria and Iran as early as 1996 and haven’t changed course since. [See Consortiumnews.com’s “How Neocons Destabilized Europe.”]
Shaping Narratives
Despite the catastrophic Iraq War – based on neocon-driven falsehoods about WMD and the complicit unthinking “group think” – the neocons retained their influence largely through an alliance with “liberal interventionists” and their combined domination of major Washington think tanks, from the American Enterprise Institute to the Brookings Institution, and the mainstream U.S. news media, including The Washington Post and The New York Times.
This power base has allowed the neocons to continue shaping Official Washington’s narratives regardless of what the actual facts are. For instance, a Post editorial on Thursday repeated the claim that Assad’s “atrocities” included use of chemical weapons, an apparent reference to the now largely discredited claim that Assad’s forces were responsible for a sarin gas attack outside Damascus on Aug. 21, 2013.
After the attack, there was a rush to judgment by the U.S. State Department blaming Assad’s troops and leading Secretary of State John Kerry to threaten retaliatory strikes against the Syrian military. But U.S. intelligence analysts refused to sign on to the hasty conclusions, contributing to President Obama’s last-minute decision to hold off on a bombing campaign and to accept Putin’s help in negotiating Assad’s surrender of all Syrian chemical weapons (though Assad still denied a role in the sarin attack).
Subsequently, much of the slapdash case for bombing Syria fell apart. As more evidence became available, it increasingly appeared that the sarin attack was a provocation by Sunni jihadists, possibly aided by Turkish intelligence, to trick the United States into destroying Assad’s military and thus clearing the way for a Sunni jihadist victory.
We now know that the likely beneficiaries of such a U.S. attack would have been Al Qaeda’s Nusra Front and the spinoff known as the Islamic State (also called ISIS, ISIL or Daesh). But the Obama administration never formally retracted its spurious sarin claims, thus allowing irresponsible media outlets, such as The Washington Post, to continue citing the outdated “group think.”
The same Post editorial denounced Assad for using “barrel bombs” against the Sunni rebels who are seeking to overthrow his secular government, which is viewed as the protector of Syria’s minorities – including Christians, Alawites and Shiites – who could face genocide if the Sunni extremists prevail.
Though this “barrel bomb” theme has become a favorite talking point of both the neocons and liberal “human rights” groups, it’s never been clear how these homemade explosive devices shoved out of helicopters are any more inhumane than the massive volumes of “shock and awe” ordnance, including 500-pound bombs, deployed by the U.S. military across the Middle East, killing not only targeted fighters but innocent civilians.
Nevertheless, the refrain “barrel bombs” is accepted across Official Washington as a worthy argument for launching devastating airstrikes against Syrian government targets, even if such attacks clear the way for Al Qaeda’s allies and offshoots gaining control of Damascus and unleashing even a worse humanitarian cataclysm. [See Consortiumnews.com’s “Obama’s Ludicrous ‘Barrel Bomb’ Theme.”]
False-Narrative Knots
But it is now almost impossible for Official Washington to disentangle itself from all the false narratives that the neocons and the liberal hawks have spun in support of their various “regime change” strategies. Plus, there are few people left inside the bubble who even recognize how false these narratives are.
So, the American people are left with the mainstream U.S. news media endlessly repeating storylines that are either completely false or highly exaggerated. For instance, we hear again and again that the Russians intervened in the Syrian conflict promising to strike only ISIS but then broke their word by attacking Al Qaeda’s Nusra Front and “our guys” in Sunni jihadist forces armed by Saudi Arabia, Qatar, Turkey and the CIA.
Though you hear this narrative everywhere in Official Washington, no one ever actually quotes Putin or another senior Russian official promising to strike only at ISIS. In all the quotes that I’ve seen, the Russians refer to attacking “terrorists,” including but not limited to ISIS.
Unless Official Washington no longer regards Al Qaeda as a terrorist organization – a trial balloon that some neocons have floated – then the Putin-lied narrative makes no sense, even though every Important Person Knows It to Be True, including Obama’s neocon-leaning Defense Secretary Ashton Carter.
The U.S. political and media big shots also mock the current Russian-Iranian proposal for first stabilizing Syria and then letting the Syrian people decide their own leadership through internationally observed democratic elections.
Okay, you might say, what’s wrong with letting the Syrian people go to the polls and pick their own leaders? But that just shows that you’re a Russian-Iranian “apologist” who doesn’t belong inside the bubble. The Right Answer is that “Assad Must Go!” whatever the Syrian people might think.
Or, as the snarky neocon editors of The Washington Post wrote on Thursday, “Mr. Putin duly dispatched his foreign minister to talks in Vienna last weekend on a Syrian political settlement. But Moscow and Tehran continue to push for terms that would leave Mr. Assad in power for 18 months or longer, while — in theory — a new constitution is drafted and elections organized. Even a U.S. proposal that Mr. Assad be excluded from the eventual elections was rejected, according to Iranian officials.”
In other words, the U.S. government doesn’t want the Syrian people to decide whether Assad should be kicked out, an odd and contradictory stance since President Obama keeps insisting that the vast majority of Syrians hate Assad. If that’s indeed the case, why not let free-and-fair elections prove the point? Or is Obama so enthralled by the neocon insistence of “regime change” for governments on Israel’s “hit list” that he doesn’t want to take the chance of the Syrian voters getting in the way?
Reality Tied Down
But truth and reality have become in Official Washington something like Gulliver being tied down by the Lilliputians. There are so many strands of lies and distortions that it’s impossible for sanity to rise up.
Another major factor in America’s crisis of false narratives relates to the demonizing of Russia and Putin, a process that dates back in earnest to 2013 when Putin helped Obama sidetrack the neocon dream of bombing Syria and then Putin compounded his offense by assisting Obama in getting Iran to constrain its nuclear program, which derailed another neocon dream to bomb-bomb-bomb Iran.
It became ominously clear to the neocons that this collaboration between the two presidents might even lead to joint pressure on Israel to finally reach a peace agreement with the Palestinians, a possibility that struck too close to the heart of neocon thinking which, for the past two decades, has favored using “regime change” in nearby countries to isolate and starve Lebanon’s Hezbollah and Palestinian groups, giving Israel a free hand to do whatever it wished.
So, this Obama-Putin relationship had to be blown up and the point of detonation was Ukraine on Russia’s border. Official Washington’s false narratives around the Ukraine crisis are now also central to neocon/liberal-hawk efforts to prevent meaningful coordination between Obama and Putin in countering ISIS and Al Qaeda in Syria and Iraq.
Inside Official Washington’s bubble, the crisis in Ukraine is routinely described as a simple case of Russian “aggression” against Ukraine, including an “invasion” of Crimea.
If you relied on The New York Times or The Washington Post or the major networks that repeat what the big newspapers say, you wouldn’t know there was a U.S.-backed coup in February 2014 that overthrew the elected Ukrainian government of Viktor Yanukovych, even after he agreed to a European compromise in which he surrendered many powers and accepted early elections.
Instead of letting that agreement go forward, right-wing ultra-nationalists, including neo-Nazis operating inside the Maidan protests, overran government buildings in Kiev on Feb. 22, 2014, causing Yanukovych and other leaders to flee for their lives.
Behind the scenes, U.S. officials, such as neocon Assistant Secretary of State for European Affairs Victoria Nuland, had collaborated in the coup plans and celebrated the victory by Nuland’s handpicked leaders, including the post-coup Prime Minister Arseniy Yatsenyuk, whom she referred to in an earlier intercepted phone call as “Yats is the guy.”
Nor would you know that the people of Crimea had voted overwhelmingly for President Yanukovych and – after the coup – voted overwhelmingly to get out of the failed Ukrainian state and reunify with Russia.
The major U.S. news media twists that reality into a Russian “invasion” of Crimea even though it was the strangest “invasion” ever because there were no photos of Russian troops landing on the beaches or parachuting from the skies. What the Post and the Times routinely ignored was that Russian troops were already stationed inside Crimea as part of a basing agreement for the Russian fleet at Sevastopol. They didn’t need to “invade.”
And Crimea’s referendum showing 96 percent approval for reunification with Russia – though hastily arranged – was not the “sham” that the U.S. mainstream media claimed. Indeed, the outcome has been reinforced by various polls conducted by Western agencies since then.
The MH-17 Case
The demonization of Putin reached new heights after the July 17, 2014 shoot-down of Malaysia Airlines Flight 17 over eastern Ukraine killing all 298 people onboard. Although substantial evidence and logic point to elements of the Ukrainian military as responsible, Official Washington’s rush to judgment blamed ethnic Russian rebels for firing the missile and Putin for supposedly giving them a powerful Buk anti-aircraft missile system.
That twisted narrative often relied on restating the irrelevant point that the Buks are “Russian-made,” which was used to implicate Moscow but was meaningless since the Ukrainian military also possessed Buk missiles. The real question was who fired the missiles, not where they were made.
But the editors of the Post, the Times and the rest of the mainstream media think you are very stupid, so they keep emphasizing that the Buks are “Russian-made.” The more salient point is that U.S. intelligence with all its satellite and other capabilities was unable – both before and after the shoot-down – to find evidence that the Russians had given Buks to the rebels.
Since the Buk missiles are 16-feet-long and hauled around by slow-moving trucks, it is hard to believe that U.S. intelligence would not have spotted them given the intense surveillance then in effect over eastern Ukraine.
A more likely scenario of the MH-17 shoot-down was that Ukraine moved several of its Buk batteries to the frontlines, possibly fearing a Russian airstrike, and the operators were on edge after a Ukrainian warplane was shot down along the border on July 16, 2014, by an air-to-air missile presumably fired by a Russian plane.
But – after rushing out a white paper five days after the tragedy pointing the finger at Moscow – the U.S. government has refused to provide any evidence or intelligence that might help pinpoint who fired the missile that brought down MH-17.
Despite this remarkable failure by the U.S. government to cooperate with the investigation, the mainstream U.S. media has found nothing suspicious about this dog not barking and continues to cite the MH-17 case as another reason to despise Putin.
How upside-down this “Everything Is Putin’s Fault” can be was displayed in a New York Times “news analysis” by Steven Erlanger and Peter Baker on Thursday when all the “fundamental disagreements” between Obama and Putin were blamed on Putin.
“Dividing them are the Russian annexation of Crimea and its meddling in eastern Ukraine, Moscow’s efforts to demonize Washington and undermine confidence in NATO’s commitment to collective defense, and the Kremlin’s support of President Bashar al-Assad of Syria,” Erlanger and Baker wrote.
Helping ISIS
This tangle of false narratives is now tripping up the prospects of a U.S.-French-Russian-Iranian alliance to take on the Islamic State, Al Qaeda and other Sunni jihadist forces seeking to overthrow Syria’s secular government.
The neocon Washington Post, in particular, has been venomous about this potential collaboration which – while possibly the best chance to finally resolve the horrific Syrian conflict – would torpedo the neocons’ long-held vision of imposed “regime change” in Syria.
In editorials, the Post’s neocon editors also have displayed a stunning lack of sympathy for the 224 Russian tourists and crew killed in what appears to have been a terrorist bombing of a chartered plane over the Sinai in Egypt.
On Nov. 7, instead of expressing solidarity, the Post’s editors ridiculed Putin and Egyptian President Abdel Fattah el-Sisi for not rushing to a judgment that it was an act of terrorism, instead insisting on first analyzing the evidence. The Post also mocked the two leaders for failing to vanquish the terrorists.
Or as the Post’s editors put it: “While Mr. Putin suspended Russian flights on [Nov. 6], his spokesman was still insisting there was no reason to conclude that there had been an act of terrorism. … While Western governments worried about protecting their citizens, the Sissi and Putin regimes were focused on defending themselves. …
“Both rulers have sold themselves as warriors courageously taking on the Islamic State and its affiliates; both are using that fight as a pretext to accomplish other ends, such as repressing peaceful domestic opponents and distracting attention from declining living standards. On the actual battlefield, both are failing.”
Given the outpouring of sympathy that the United States received after the 9/11 attacks and the condolences that flooded France over the past week, it is hard to imagine a more graceless reaction to a major terrorist attack against innocent Russians.
As for the Russian hesitancy to jump to conclusions earlier this month, that may have been partially wishful thinking but it surely is not an evil trait to await solid evidence before reaching a verdict. Even the Post’s editors admitted that U.S. officials noted that as of Nov. 7 there was “no conclusive evidence that the plane was bombed.”
But the Post couldn’t wait to link the terrorist attack to “Mr. Putin’s Syrian adventure” and hoped that it would inflict on Putin “a potentially grievous political wound.” The Post’s editors also piled on with the gratuitous claim that Russian officials “still deny the overwhelming evidence that a Russian anti-aircraft missile downed a Malaysian airliner over Ukraine last year.” (There it is again, the attempt to dupe Post readers with a reference to “a Russian anti-aircraft missile.”)
The Post seemed to take particular joy in the role of U.S. weapons killing Syrian and Iranian soldiers. On Thursday, the Post wrote, “Syrian and Iranian troops have lost scores of Russian-supplied tanks and armored vehicles to the rebels’ U.S.-made TOW missiles. Having failed to recapture significant territory, the Russian mission appears doomed to quagmire or even defeat in the absence of a diplomatic bailout.”
Upping the Ante
The neocons’ determination to demonize Putin has upped the ante, turning their Mideast obsession with “regime change” into a scheme for destabilizing Russia and forcing “regime change” in Moscow, setting the stage for a potential nuclear showdown that could end all life on the planet.
To listen to the rhetoric from most Republican candidates and Democratic frontrunner Hillary Clinton, it is not hard to envision how all the tough talk could take on a life of its own and lead to catastrophe. [See, for instance, Philip Giraldi’s review of the “war with Russia” rhetoric free-flowing on the campaign trail and around Official Washington.]
At this point, it may seem fruitless – even naïve – to suggest ways to pierce the various “group thinks” and the bubble that sustains them. But a counter-argument to the fake narratives is possible if some candidate seized on the principle of an informed electorate as vital to democracy.
An argument for empowering citizens with facts is one that transcends traditional partisan and ideological boundaries. Whether on the right, on the left or in the center, Americans don’t want to be treated like cattle being herded by propaganda or “strategic communication” or whatever the latest euphemism is for deception and manipulation.
So, a candidate could do the right thing and the smart thing by demanding the release of as much U.S. intelligence information to cut this Gordian knot of false narratives as possible. For instance, it is way past time to declassify the 28 pages from the congressional 9/11 report addressing alleged Saudi support for the hijackers. There also are surely more recent intelligence estimates on the funding of Al Qaeda’s affiliates and spin-offs, including ISIS.
If this information embarrasses some “allies” – such as Saudi Arabia, Qatar and Turkey – so be it. If this history makes some past or present U.S. president look bad, so be it. American elections are diminished, if not made meaningless, when there is no informed electorate.
A presidential candidate also could press President Obama to disclose what U.S. intelligence knows about other key turning points in the establishment of false narratives, such as what did CIA analysts conclude about the Aug. 21, 2013 sarin attack and what do they know about the July 17, 2014 shoot-down of MH-17.
The pattern of the U.S. government exploiting emotional moments to gain an edge in an “info-war” against some “enemy” and then going silent as more evidence comes in has become a direct threat to American democracy and – in regards to nuclear-armed Russia – possibly the planet.
Legitimate secrets, such as sources and methods, can be protected without becoming an all-purpose cloak to cover up whatever facts don’t fit with the desired propaganda narrative that is then used to whip the public into some mindless war frenzy.
However, at this point in the presidential campaign, no candidate is making transparency an issue. Yet, after the deceptions of the Iraq War – and with the prospects of another war based on misleading or selective information in Syria and potentially a nuclear showdown with Russia – it seems to me that the American people would respond positively to someone treating them with the respect deserving of citizens in a democratic Republic.
Investigative reporter Robert Parry broke many of the Iran-Contra stories for The Associated Press and Newsweek in the 1980s. You can buy his latest book, America’s Stolen Narrative, either in print here or as an e-book (from Amazon and barnesandnoble.com). You also can order Robert Parry’s trilogy on the Bush Family and its connections to various right-wing operatives for only $34. The trilogy includes America’s Stolen Narrative. For details on this offer, click here.
Washington. In Syrien geben die USA zwar vor, gemeinsam mit Rußland die Terrormiiz “Islamischer Staat” (IS) bekämpfen zu wollen. Gleichzeitig unterläßt Washington aber nichts, um Rußland zu provozieren und unter Druck zu setzen, wie der anhaltende Konfrontationskurs der NATO in Europa zeigt.
Dazu paßt, daß Washington auch an der Medienfront aufrüstet. Jetzt hat der stellvertretende US-Beauftragte für Europa und Eurasien, Benjamin Ziff, in einer Sitzung des Senatsausschusses für auswärtige Angelegenheiten erklärt, daß die USA die Ausgaben für Informations- und Propagandaaktivitäten gegen Rußland auf 83 Millionen Dollar aufstocken werden. Natürlich geht es Ziff zufolge offiziell dabei nicht um “Propaganda”, sondern vielmehr um Gegenpropaganda.
Im neuen Finanzjahr 2016, das am 1. Oktober begonnen hat, werden die Ausgaben für “die Unterstützung der Zivilgesellschaft und der unabhängigen Medien in Eurasien und Süd-Ost-Europa” laut Ziff um 26 Prozent erhöht. Der neue Etat liegt dann bei stattlichen 83 Millionen US-Dollar. 2015 hatte Washington dafür noch 66 Millionen ausgegeben. Der Presse-Anteil lag dabei bei 16 Millionen Dollar, etwa vier Millionen Dollar waren für den Etat “Öffentliche Diplomatie” veranschlagt.
Ziff fügte bei seinem Bericht im Senatsausschuß ergänzend hinzu, daß mit den veranschlagten Geldern nicht nur im russischsprachigen “Informationsraum” gearbeitet wird, sondern zum Beispiel auch auf dem Westbalkan.
Erst kürzlich hatte die Bundesregierung in der Antwort auf eine Parlamentarische Anfrage der Bundestags-LINKEN Einzelheiten zur westlichen Medien- und Propaganda-Infrastruktur im osteuropäischen Aufmarschraum gegen Rußland bekanntgegeben. Demnach sei seit Anfang April eine “EU East Stratcom Task Force” aufgebaut worden, die aus Überlegungen “für ein spezielles Team für strategische Kommunikation in Richtung der Länder der Östlichen Partnerschaft und Rußland” hervorgegangen sei. Seit dem 1. September habe die Medien-“Task Force” ihre “volle Personalstärke erreicht und offiziell ihre Aufgaben übernommen”. Ihre Aufgabe sei es unter anderem, hatte die Bundesregierung in ihrer Antwort weiter erläutert, die “russischsprachigen Medien [zu] beobachten und zu analysieren, um ein besseres Bild von der Wahrnehmung der EU in der Östlichen Partnerschaft zu bekommen”.
Wie für den US-Diplomaten Benjamin Ziff steht auch bei diesem Projekt für die westliche Seite völlig außer Frage, daß die “Propaganda” aus Moskau kommt, während im Westen unabhängige, objektive Medien den Ton angeben. Die Informationen offizieller russischer Medien werden generell als “Desinformationsaktivitäten” und “Fehlinformationen” gewertet. (mü).
Edward Louis Bernays, né à Vienne en Autriche le 22 novembre 1891 et mort à Cambridge (Massachusetts) le 9 mars 1995 (à 103 ans), est considéré comme le père de la propagande politique institutionnelle et de l'industrie des relations publiques, dont il met au point les méthodes pour des firmes comme Lucky Strike. Son œuvre aborde des thèmes communs à celle de Walter Lippmann, notamment celui de la manipulation de l'opinion publique. Il fit à ce titre partie du Committee on Public Information créé par Woodrow Wilson pour gagner l'opinion publique américaine à l'entrée en guerre des États-Unis en 1917.
Il est le double neveu de Sigmund Freud (sa mère, Anna Freud, est l'une des sœurs (une autre Anna Freud est la fille de Sigmund Freud) du fondateur de la psychanalyse, et son père est le frère de Martha Bernays, la femme de Freud).
Le journalisme est une pratique professionnelle très large. Il n’y a pas un type de journaliste, une sorte de modèle qui donnerait le « La » à tous les autres. Certains relayent les informations de [la centrale française de l’information] l’AFP, et les « habillent », d’autres mettent bout-à-bout des actualités récupérées par des confrères. Il y a des journalistes assis, d’autres debout, en mouvement, des journalistes qui analysent, qui n’analysent pas, qui creusent ou non, enquêtent, fouillent, vont sur le terrain, ou au contraire, relayent principalement le message de groupes d’intérêts.
Toutes ces formes de journalisme créent ce que l’on nomme « l’information ». Et dans un monde complexe, hétérogène, aux politiques d’influence d’une puissance historique incomparable, recouvert de technologies [de l’information] en perpétuelles améliorations, le journalisme continue, malgré tout, à pratiquer son activité de manière [majoritairement] uniforme. Majoritairement, mais pas intégralement, puisque des hisoires commencent à être racontées avec l’aide de nouveaux acteurs — qui peuvent être nommés de façon large — les hackers.
Poitras et Greenwald, avec les révélations d’Edward Snowden en sont un exemple frappant. Reflets, avec les affaires Amesys, Qosmos, en est un autre. Ces nouvelles manières d’aborder les réalités — beaucoup par et — grâce à Internet, offrent une autre vision du monde qui nous entoure. Elles critiquent la réalité établie, celle qui est servie par « l’information ». Personne ne pouvait imaginer il y a un peu plus de 2 ans, que la planète entière était sous écoute américaine (et d’autres grandes nations), même si cette possibilité était pointée par Reflets, depuis 2011, inlassablement, avec entre autres les ventes d’armes numériques de la France à la Lybie, la Syrie — et d’autres nations très peu démocratiques.
La réalité commune, véhiculée par l’information des journalistes, n’est donc pas fixe. Mais elle a la peau dure. Le rapprochement avec le monde d’Orwell commence à émerger, et étrangement — alors que chacun pouvait le penser au départ — ce n’est pas grâce à une surveillance permanente des individus par un œil étatique invisible (Big Brother) et omniprésent. Le monde d’Orwell est en place, mais c’est avant tout celui de la fabrication et de la refabrication de la réalité qui le définit. Par le biais de l’information.
La guerre c’est la paix (créer le chaos c’est la sécurité)
Les attentats de janvier 2015 ne sont pas survenus au gré de circonstances équivoques, par la simple volonté d’illuminés vengeurs qui ne supportaient pas des caricatures vieilles de 10 ans, d’un journal satirique en cours d’effondrement économique pour cause de manque de lecteurs. Cette histoire de liberté d’expression bafouée ne fut qu’un paravent pour éviter de parler de politiques françaises lourdes de conséquences.
La première de ces politiques est la participation militaire de la France à des bombardements en Irak depuis l’automne précédent. La seconde est la politique de rapprochement avec Israël, marquée par un discours du chef de l’Etat français soutenant – durant l’été 2014 — les bombardements aveugles d’un Nethanyaou plus martial que jamais, et causant par des bombardements aveugles la mort de plus de 2000 Palestiniens de la bande de Gaza, dont un nombre impressionnant d’enfants.
« La guerre c’est la paix » était le slogan d’un ministère de la société de Big Broter imaginée par Georges Orwell dans 1984. Le « chaos c’est la sécurité » pourrait dire Hollande, qui prétend protéger la France en envoyant son armée pilonner des territoires partout où des fondamentalistes appellent leurs « frères », en Occident, à causer le maximum de morts dans les populations des pays engagés militairement contre eux.
La cause et l’effet sont évidentes, elles ne sont pourtant pas fortement discutées : la réalité ne semble pas vouloir plonger dans les racines des événements. Au contraire, elle semble devoir être l’événement, et lui seul. Une forme d’amnésie permanente de « l’information au présent simple », avec laquelle l’histoire est évacuée.
L’ignorance c’est la force (et la distraction assurée)
« Notre ennemi, c’est la finance, mais ce sont aussi les djihadistes, bien que nos alliés soient des bourreaux qui ont financé ces mêmes djihadistes et participent au grand désordre financier mondial. Quand nous soutenons la dictature militaire égyptienne en leur vendant de l’armement, nous soutenons la démocratie et les révolutions arabes, parce que nous sommes le pays des Droits de l’homme qui aide les dictatures à torturer ses opposants politiques grâce à nos technologies duales de surveillance numérique. Nous soutenons la transition écologique grâce à l’énergie nucléaire — qui exploite nos ex-colonies riches en uranium, aux populations affamées — énergie que nous allons pourtant réduire, tout en déclarant la guerre aux centrales à charbon, car la planète se réchauffe dramatiquement par notre faute, par la croissance économique, que nous souhaitons pourtant la plus forte possible. »
Discours imaginaire de François Hollande.
La réalité commune, celle du monde qui nous entoure est forgée — au XXIème siècle — non pas par une observation personnelle d’un environnement local, ou par la lecture approfondie de documents fabriqués par des personnes observatrices et analystes d’événements locaux, dans la durée, mais par un flot ininterrompu d’informations. Cette information est rapide, fabriquée par des acteurs plus ou moins indépendants, plus ou moins présents lors des événements. Sa principale vocation est d’appeler à réagir, émotionnellement le plus souvent.
Présenter des événements inquiétants, violents, perturbants, gênants, qui appellent les spectateurs à la fascination et au dégoût, tel est le principe de l’information actuelle. Le but étant de faire commerce de cette information, il est crucial qu’elle « fasse événement », soit forte, et surtout, qu’elle soit une nouveauté. D’où le remplacement nécessaire d’une information forte par une autre, quand la première commence à se dégonfler, à perdre de son intensité. Cette faculté de l’information à ne jamais revenir sur les origines des événements, de ne jamais traiter les causes et les effets (faculté qui existait auparavant mais pas dans des proportions aussi importantes, cf l’info en continu) de ce qu’elle montre, mène à des manipulations par omissions, certainement inconscientes de la part des journalistes, mais qui posent de véritables problèmes. Démocratiques.
Comment les citoyens peuvent-ils débattre, échanger, chercher à connaître la réalité de la façon la plus honnête qui soit, demander à leurs représentants d’améliorer, faire progresser leur société (ou d’autres plus lointaines), s’ils sont en permanence floués, assommés par des réalités/vérités qui remplacent et annulent les anciennes ?
L’information, c’est l’affirmation
Une quinzaine d’articles publiés sur Reflets (du même auteur que cet article) — plus ou moins satiriques — à propos du changement climatique, ont tenté de réfléchir et faire réfléchir sur cette capacité à revisiter l’histoire que la société de l’information actuelle pratique intensivement. Le but de ces articles, malgré les apparences, n’était pas moins d’invalider purement et simplement les thèses sur le réchauffement anthropique — démonstration impossible s’il en est à l’échelle d’un journaliste — que de pointer le traitement quasi hallucinatoire de ce sujet.
L’intérêt principal de l’information sur le changement climatique est sa capacité à refaire sa propre histoire, à oublier ses erreurs, approximations, ses prédictions fausses, et recréer de façon continue une cohérence illusoire dans sa vocation unique. Cette « vocation », l’objectif de l’information sur le climat, n’est pas de parler du climat en tant que tel, mais des catastrophes que celui-ci, en se modifiant à cause de l’activité humaine, va provoquer. De façon « certaine ». D’où les annonces permanentes de prévisions d’augmentation de la température du globe, à 10 ans, 15 ans, 30, 50 ou 100 ans.
Si l’information d’il y a 15 ans, pour la période actuelle, s’avère fausse, à propos de la hausse générale de température prévue, cette information n’est pas ou peu franchement traitée, et quand c’est le cas, elle est balayée d’un revers de main par un expert officiel du « consensus », qui quand il admet que la hausse n’est pas franchement là (le hiatus), laisse entendre que, certes, la chaleur n’est pas autant là que prévu, mais qu’elle existe quand même (théorie de la chaleur captive des océans). De la même manière, les années plus chaudes sont relayées de façon massive, mais lorsque des années plus froides surviennent, cette information n’est pas relayée, ou cataloguée dans le registre « météo ». Une année très chaude est une information climatique, une année froide est de la météo, et écartée. Ou bien encore, elle trouve une explication par le « forçage naturel » du climat.
Le principe de l’histoire [de l’information] revisitée en permanence — pour le traitement du changement climatique — est central. Le terme de réchauffement a d’ailleurs été modifié en « changement », en quelques années (alors que le phénomène de réchauffement est le cœur du sujet, les conférences le stipulent toutes, comme les différents rapports du GIEC). La courbe qui a affolé la communauté scientifique (courbe de Mann en crosse de hockey) dans les années 2000, bien que déclarée fausse, tronquée, et admise comme telle par la communauté scientifique (puis corrigée) — n’a rien changé à l’information sur l’évolution du climat [et des prévisions de changements de température au cours du temps]
Cette information revisitée, ré-évaluée en permanence — quasi amnésique — est logique puisque le but n’est pas d’informer sur le réchauffement climatique, mais de démontrer — à tout prix — la réalité d’un réchauffement anthropique. Ceux qui se penchent sur les ré-écritures de cette histoire, sur les prévisions ratées, sur les jeux de données choisis de façon univoque [avec l’écartement des études ou jeux de données ne collant pas bien avec la démonstration anthropique], ou simplement qui pointent des incohérences ou émettent des doutes sur la connaissance parfaite du climat par la science actuelle — sont donc taxés de climato-sceptiques.
Ce qui ne signifie rien en soi, puisque personne « ne doute de la réalité du climat ». Mais le terme a cette capacité à créer deux camps : ceux du consensus scientifique sur le changement climatique anthropique (le consensus scientifique n’existe QUE pour le changement climatique, et nulle part ailleurs en sciences) et les climato-sceptiques. Le premier camp est celui de ceux qui veulent sauver l’humanité de ses propres errements, et l’autre, ceux de ceux qui osent douter, questionner l’information sur le changement climatique. Le procès de Galilée n’est pas loin. Sachant que de nombreux « climato-sceptiques » sont avant tout des chercheurs qui tentent [encore] de comprendre quelque chose qui ne leur semble pas « fini » en l’état de la science. Les modèles, les informations manquantes, les méthodes, la manière de « prendre la température de la planète » etc…
La plupart ne contestent pas la hausse de 0,8°c en 150 ans. Ni le ralentissement de cette progression depuis 17 ans. Ils ne cherchent pas non plus forcément à démontrer qu’il n’y a aucune influence de l’homme dans cette élévation, mais contestent les rapports du GIEC et son discours univoque, tout comme l’information générale actuelle sur le réchauffement climatique anthropique. Mais cette (petite) information qui met en cause la validité intégrale des rapports du GIEC et de son relais journalistique, qui doute de l’influence unique des gaz à effets de serre dans le réchauffement, n’a simplement plus droit de cité, elle est désormais condamnée, suspecte, considérée comme propagandiste. Le plus étonnant (et ironique) est de voir les pires propagandistes de la planète, à la tête des plus grandes nations, des plus grandes entreprises, des plus grands médias, pointer du doigt une fraction d’individus comme étant ceux pratiquant la propagande.
La liberté c’est l’esclavage
L’intégrisme est devenu un fonctionnement partagé par le plus grand nombre. Intégrisme religieux, politique, intellectuel, informatif. La capacité des individus de la société de l’information à douter, questionner [l’information] se raréfie et mène à une radicalisation des esprits. Le flot continu d’actualités anxiogènes, décousues mais martelées en permanence semble forcer les spectateurs du monde à tenir une position radicale face à celui-ci.
Le doute et le questionnement n’ont donc plus véritablement de valeur : ils mèneraient à une forme d’inconsistance, de mollesse dangereuse, d’un manque de positionnement affirmé. La servitude à l’information est devenue la règle, que cette information soit médiatique ou par échanges de points de vue, d’opinions sur les réseaux [informatiques].
L’éducation est censée avoir progressé et pourtant le nombre d’adultes ne connaissant l’histoire de leur propre pays, ou du monde, que par fragments totalement superficiels est devenu la norme. Jamais la liberté de déplacement, d’apprentissage, de s’informer n’a été aussi grande qu’aujourd’hui pour les populations occidentales, et jamais le servage (aux technologies, à la distraction, à la consommation industrielle) de ces mêmes populations n’a été aussi important. L’homme et la femme actuels des pays industrialisés sont pourtant convaincus de leur libre arbitre, de leur capacité à s’émanciper par l’accès aux technologies de l’information, à s’affirmer par celles-ci, alors qu’en réalité, il n’ont jamais été autant asservis. Leur autonomie est réduite à très peu de choses, leur indépendance, quasi nulle. Paris, si elle n’est plus ravitaillée de l’extérieur, possède une autonomie alimentaire de 5 jours. Elle était de 60 jours en 1960 avec la ceinture verte, qui a disparu. Les réseaux de téléphonie mobile s’arrêtent ? C’est la panique pour une grande majorité des individus actuels qui dépendent à tous les niveaux de leurs smartphones.
Un télécran pour tous ?
Le principe d’une surveillance constante de la population par un dictateur via des écrans nommés « télécrans » et placés dans les logements, les entreprises, les lieux publics, était inquiétant dans le roman « 1984 ». Mais s’il était difficile d’imaginer une population acceptant de se soumettre à ce diktat de l’image, imposé par un pouvoir un place, la réalité de 2015 a trouvé bien plus fin et acceptable : le télécran auto-géré, auto-imposé et valorisé.
La dictature la plus insidieuse et la plus durable est celle des esprits, et elle passe par l’enfermement volontaire d’une majorité des individus dans un écosystème informatif propagandiste et délassant, le tout sous surveillance d’une administration invisible mais en capacité légale et affichée de fouiller la vie privée de tout un chacun. Sachant que les citoyens en redemandent, consomment chaque jour un peu plus de leur télécran, les pouvoirs en place ne peuvent qu’être incités à utiliser cet outil de contrôle pour affirmer et maintenir leur position. Orwell était bien en dessous des possibilités totalitaires qu’une société technologiquement avancé peut mettre en place. Bien en dessous…
Le monde orwellien est celui de 2015. Il est le monde orwellien de l’information .
Les « droits-de-l’hommiste » institutionnels en guerre à propos de la Syrie
Eva Bartlett
Ex: http://www.info-palestine.eu
Je compile ci-dessous les personnes et les groupes « défenseurs des Droits de l’Homme » les plus connus : beaucoup, voire la plupart, sont liés au Département d’État US et à des criminels comme George Soros.
Comme l’écrivait Rick Sterling dans son article « Humanitaires en guerre à propos de la Syrie » (mars 2015) :
… « Une campagne de soutien massive est en cours pour soutenir l’intervention étrangère en Syrie. L’objectif est de préparer l’opinion publique à une No Fly Zone (zone d’exclusion aérienne) contrôlée par le Etats-Unis et d’autres puissances militaires. C’est ainsi qu’avait commencé l’invasion de l’Irak. C’est de manière identique qu’on avait préparé le public à l’attaque aérienne US/OTAN contre la Libye.
Les résultats du « changement de régime » en Irak et en Libye ont été un désastre. Les deux actions ont considérablement réduit la sécurité, la santé, l’éducation et le niveau de vie des populations, elles ont créé l’anarchie et le désordre et ont déclenché une explosion de violence et de sectarisme dans la région. A présent les organisations Occident/OTAN/Israël et puissances du Golfe, soutenues par les principales organisation humanitaires qui préconisent l’intervention, veulent faire pareil en Syrie ».
Les acteurs :
« Avaaz est une organisation de cyberlobbying fondée en 2007 par Jeremy Heimans (maintenant PDG de Purpose) et d’autres personnes. Le financement de départ a été fourni par la fondation de George Soros. Ils ont joué un rôle important dans la promotion de politiques étrangères néolibérales conformes à la ligne du Département d’Etat américain. Avaaz a très activement promu une No Fly Zone en Libye. Ils sont en train de promouvoir très activement la même chose en Syrie. On trouvera des études sérieuses qui montrent ce qu’Avaaz est en réalité ici.
Les titres en donnent déjà une bonne idée : ’Mensonges : La communication des œuvres de charité dans la ligne de mire’, ’Syrie : Avaaz, Purpose et l’art de vendre la haine au profit de l’Empire", "Avaaz : des souteneurs impérialistes au service du militarisme’. Avaaz justifie son appel à une No Fly Zone en s’appuyant en partie sur les ’Casques blancs’. Compte tenu des interconnexions étroites entre Avaaz et Purpose, ils doivent savoir que les Casques blancs sont une création médiatique. Ce qui met en cause leur sincérité.
« Avaaz est la dénomination opérationnelle du ’Global Engagement and Organizing Fund,’ une organisation non lucrative légalement enregistrée en 2006. Avaaz a été fondé par Res Publica, décrit comme un groupe de défense citoyenne international, et Moveon.org ’une cybercommunauté pionnière en matière de défense de l’internet aux Etats-Unis’. L’éminence grise derrière Avaaz, Res Publica, dans le domaine public, comprend essentiellement trois individus-clé : Tom Perriello, député (2008-2010) pro-guerre étatsunien, qui se décrit comme entrepreneur social, Ricken Patel, conseiller des plus puissantes entités de la planète associé de longue date de Perriello, et Tom Pravda, membre du corps diplomatique britannique servant comme conseiller au Département d’État américain …
En plus des dons reçus de la Open Society Institute, Avaaz a publiquement cité le Open Society Institute comme leur fondateur partenaire. On trouve cet aveu du fondateur Ricken Patel sur leur site . Le Open Society Institute (rebaptisé en 2011 ’Open Society Foundations’) est une fondation privée de bienfaisance fondée par George Soros, qui en demeure président. L’argumentaire d’Avaaz en Lybie (à présent annihilée) et maintenant en Syrie est en belle concordance avec les positions au sein de l’administration étatsunienne, positions défendues par des criminels de guerre style Hillary Clinton [qui avait dit en riant, à propos de Mouammar Kadhafi : ’We came. We saw. He died’].
–Amnesty International (AI) : AI prend de l’argent à la fois à des gouvernements et à des sociétés privées dont la plus fameuse, Open Society, est dirigée par le criminel financier condamné George Soros (son Open Society finance également Human Rights Watch et une myriade d’autres défenseurs « des droits de l’homme »). Suzanne Nossel , directrice d’AI-USA, par exemple, vient directement du Département d’État américain. Le site web d’AI mentionne précisément le rôle de Nossel derrière les résolution onusiennes, soutenues par le Département d’État, relatives à l’Iran, la Syrie, la Libye et la Côte d’Ivoire. Les « contributions » de Nossel consistaient tout simplement à déguiser l’agression militaire pure et dure et la poursuite de l’hégémonie économico-financière mondiale sous le couvert de défense de « droits de l’homme ».
–Hand in Hand for Syria (HiH) : Le site web de la Commission britannique sur les activités caritatives précise que HiH existe pour « la promotion de la santé ou pour sauver des vies ». Mais jusqu’en juillet 2014 la bannière Facebook du co-fondateur et président Faddy Sahloul disait : « Nous traînerons Assad en justice ; peu importe combien de vies cela prendra, peu importe combien de catastrophes cela fera ». L’image a été retirée peu après avoir été commentée publiquement.
L’équipe dirigeante de HiH compte aussi le Dr Rola Hallam, l’un des deux médecins que l’on voit dans ’Saving Syria’s Children’. Le 30 août 2013, le lendemain du rapport initial de la BBC sur la prétendue attaque aux bombes incendiaires d’Alep, le Dr Hallam faisait une apparition dans le programme Newsnight BBC pour exprimer son profond désappointement devant le rejet par le Parlement d’une frappes militaire contre la Syrie. Le père du Dr Hallam est le Dr Mousa al-Kurdi. Selo un article de 2013 par le Dr Saleyha Ahsan – l’autre médecin HiH dans ‘Saving Syria’s Children’, le Dr al-Kurdi est »politiquement impliqué avec le Conseil National Syrien ».
–Human Rights Watch (HRW) : « HRW fait partie intégrante de la machine de propagande occidentale . Il met en place l’histoire des conflits, récits qui sont solidifiés à force de répétitions et qui finissent par être considérés comme des faits incontestés. En outre, le langage qu’utilise HRW, loin de relever de choix stylistiques, vise délibérément à obscurcir la réalité de zones de guerre au service de l’Empire. C’est le cas indubitablement pour le conflit israélo-palestinien où les actions israéliennes ne sont jamais des crimes de guerre incontestés, alors que les palestiniens en sont. Cela vaut également pour l’Ukraine. C’est vrai aussi pour la Libye, la Syrie et le Venezuela, pays où HRW a joué un rôle critique en construisant des récits dans l’intérêt de ses mécènes de la finance ou de l’entreprise - sans même parler de l’agenda de politique étrangère des Etats-Unis.
En Libye comme en Syrie, HRW a joué une rôle critique de propagandiste auprès du public occidental contre les gouvernements de ces pays, en justifiant l’attaque impérialiste contre eux. Au lieu de simplement « collecter les faits », HRW bricole une narration complètement déformée et dans bien des cas extrêmement malhonnête et factuellement fausse, récit qui a étayé le cas pour « l’intervention » en Syrie, comme pour la Libye. HRW est indéniablement un appendice de la politique étrangère US. A bien des égards elle est un membre « soft power » de la puissance stratégique des Etats-Unis, un outil de délégitimation, de diabolisation voire de déstabilisation de pays qui ne jouent pas dans la cour des Etats-Unis.
–Ken Roth : “Kenneth Roth, Directeur de HRW s’est beaucoup fait entendre soutenir une guerre à large échelle contre la Syrie au nom de l’humanitaire. Roth a appelé de manière répétée à une intervention contre le gouvernement légal de Syrie, il a récemment twitté des déclarations telles que : « Comme Sarajevo, le massacre du marché de Douma pourrait-il enfin forcer Assad à cesser de cibler des civils ? » (@KenRoth, 16 août). Ce qu’implique cette déclaration est très clair : il faudrait une intervention militaire comme la guerre US-OTAN en Yougoslavie puis en Serbie, afin de stopper le « massacre » de civils. Notons que ce tweet a été posté peu d’heures après l’annonce de l’incident à Douma, bien avant la moindre enquête.
Roth et par extension son organisation HRW, achèvent de discréditer ce qu’ils peuvent avoir eu d’impartialité, avec des tweets aussi ineptes que « Les tueries du marché de Douma montrent comment Assad choisit de mener cette guerre : délibérément contre les civils » (@KenRoth, 16 août), une allégation manifestement orientée et extrêmement peu fondée. Roth ne pouvait avoir connaissance ni de l’identité des morts ni des motifs du gouvernement syrien quand il a posté son tweet, le jour même de l’attaque. Il s’avère ici n’être guère mieux qu’un valet de l’impérialisme, un foudre de guerre travesti en défenseur des droits de l’homme ».
« La semaine dernière, nous avons trouvé que le directeur de HRW, Ken Roth utilisait une image des destructions à Gaza causées par Israël pour accuser le gouvernement syrien d’usage indiscriminé de « barils de bombes ». Nous écrivions : « C’est au moins la troisième fois que HRW se sert d’images faussement attribuées pour illustrer des ennemis actuels de l’impérialisme étatsunien comme ayant causé les dégâts que l’empire US lui-même et/ou ses amis ont causés. Ce n’est pas de la simple partialité. C’est une fraude délibérée. »
–Médecins Sans Frontières (MsF) : Est entièrement financé par les mêmes intérêts économico-financiers derrière la politique étrangère commune de Wall Street et de Londres, y compris le changement de régime en Syrie et en Iran. Le rapport annuel 2010 de MsF indique comme donateurs financiers : Goldman Sachs, Wells Fargo, Citigroup, Google, Microsoft, Bloomberg, Mitt Romney’s Bain Capital et une multitude d’autres intérêts économico-financiers. MsF compte des banquiers dans son comité consultatif, comme Elizabeth Beshel Robinson de Goldman Sachs. Ce qui complique davantage les prétentions à « l’indépendance » et à « l’assistance », c’est le fait que leurs installations médicales se trouvent dans des régions de Syrie tenues par des terroristes, en particulier le long de la frontière nord de la Syrie avec la Turquie, membre de l’OTAN.
Dans un interview avec NPR , Stephen Cornish de MsF a révélé la nature de l’engagement de son organisation dans le conflit syrien. Il explique que l’aide est envoyée à des régions hors du contrôle gouvernemental et qu’en fait son organisation met en place ses infrastructures dans ces zones-là. En d’autres termes, l’organisation financée par Wall Street fournit un soutien aux militants armés et financés par l’Occident et ses alliés régionaux, dont la plupart s’avèrent être des combattants étrangers, affiliés ou appartenant directement à al-Qaïda et à son aile politique de facto, la Confrérie musulmane. Cette prétendue organisation d’« aide internationale » n’est dans la pratique qu’un autre rouage de la machine militaire occulte visant la Syrie et elle fait service en tant que bataillon militaire.
–Physicians for Human Rights (PHR) : « Ils font des déclarations hardies mais quelquefois inexactes. Un communiqué de presse récent de PHR a pour titre : « Une nouvelle carte montre que les forces gouvernementales attaquent délibérément le système médical syrien ». C’est habile et impressionnant mais c’est inexact. Par exemple, l’une des attaques les plus dramatiques contre un hôpital syrien a été l’attaque-suicide de l’hôpital al-Kindi à Alep. Et pourtant la carte indique cette attaque comme ayant été perpétrée par des « forces gouvernementales ». On peut regarder la vidéo rebelle de 3’ sur l’attaque-suicide : elle ne laisse aucun doute sur la responsabilité.
–PURPOSE Inc. : « Il s’agit d’une entreprise internationale de relations publiques. Son PDG est Jeremy Heimans, un co-fondateur d’Avaaz. Son président est Kevin Steinberg, ancien PDG du Forum Economique Mondial USA (antithèse du Forum Social Mondial). Leur site web décrit leur objectif : « Purpose construit et accélère les mouvements pour s’attaquer aux principaux problèmes du monde ». En l’occurrence le « problème » c’est la répugnance à prendre en main l’espace aérien et terrestre de la Syrie. Moyennant des honoraires considérables, « Purpose » va leurrer le public et abattre cette répugnance. Dans ce but, Purpose a créé "La Campagne Syrienne".
« Purpose Inc. » (et ses cofondateurs) est un favori des sites web de la haute finance comme The Economist et Forbes et il vend ses services de consultance et ses campagnes de marques et de marketing à Google, Audi, the American Civil Liberties Union (ACLU), The Bill and Melinda Gates Foundation ainsi qu’à beaucoup d’autres, dont les sociétés et les institutions les plus puissantes dans le monde. En 2012 il a réuni 3 millions de dollars de la part d’investisseurs. La Ford Foundation, qui a donné une subvention au bras non lucratif de Purpose, considère qu’il est en passe de devenir « l’une des plus remarquables organisations sociales de l’avenir ». Comme bien d’autres fondations telles que Rockefeller ( qui a d’abord incubé 1Sky , fusionné avec 350.org http://350.org/fr/ en 2011), Purpose sert aussi « d’incubateur de mouvements sociaux ».
–« The Syria Campaign » : A débuté au printemps 2014. The Syria Campaign est gérée par Anna Nolan, qui a grandi en Irlande du Nord est n’a manifestement jamais mis un pied en Syrie. En plus de promouvoir les Casques Blancs, Syria Campaign promeut une nouvelles campagne médiatique intitulée « Planet Syria ». Elle attire émotivement l’attention du monde sur la Syrie - effort à peine voilé pour pousser à une intervention étrangère et à la guerre. Selon leur site web, The Syria Campaign a obtenu des fonds de départ de la Fondation Ayman Asfari, un milliardaire enrichi dans l’industrie des services pétroliers et gaziers. Un de leurs premiers efforts fut de travailler à empêcher toute publicité et toute information sur les élections présidentielles de juin 2014 en Syrie. Dans cette optique, ’The Syria Campaign’ a fait pression sur Facebook pour que la firme retire toute annonce ou publicité concernant ces élections. Depuis, The Syria Campaign a réussi à s’imposer dans les médias et à créer une mythologie autour de leur bébé, les Casques Blancs, en utilisant toutes sortes de réseaux sociaux et de médias traditionnels. Les campagnes ne sont pratiquement pas fondées sur les faits. Par exemple, l’élection syrienne a été rejetée par eux et John Kerry - mais prise au sérieux par des millions de Syriens ».
Les Casques Blancs (CB)/ Défense civile syrienne : C’est une nouvelle organisation dont on a beaucoup parlé comme sauveteurs travaillant en Syrie. En réalité CB est un projet créé par la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. L’entraînement de civils en Turquie a été supervisé par l’ancien officier britannique et actuel entrepreneur James Le Mesurier. La promotion du programme est faite par “The Syria Campaign” soutenue par la fondation du milliardaire Ayman Asfari. Il s’agit clairement d’un projet de ralations publiques. CB travaille dans les zones d’Alep et d’Idlib contrôlées par Nusra (al-Qaïda). Leur fonction première est la propagande. Ils diabolisent le gouvernement Assad et encouragent une intervention étrangère directe. Un de leurs dirigeants a récemment écrit un éditorial dans le Washington Post. Les CB sont également très actifs sur les réseaux sociaux, présents sur Twitter Facebook, etc. Selon leur site web, le contact CB est l’adresse mail de Syria Campaign, ce qui souligne leur relation.
–The SOHR (Syrian Observatory for Human Rights) (SOHR) : En réalité ce SOHR a été dévoilé il y a longtemps comme étant une absurde couverture de propagande opérée par Rami Abdul Rahman depuis sa maison dans la campagne anglaise. Selon un article de Reuters intitulé « Coventry, domicile improbable pour un éminent activiste syrien », Abdul Rahman admet être membre d’une prétendue « opposition syrienne » visant l’éviction du président Bashar Al Assad. On ne peut imaginer source d’information moins fiable, plus compromise et plus partiale, mais ces deux dernières années, son « Observatoire » a servi de source d’information unique pour l’incessant torrent de propagande émanant des médias occidentaux. Le New York Times lui aussi a révélé pour la première fois que l’opération d’ Abdul Rahman est effectivement financée par l’Union Européenne et par « un pays européen » - qu’il refuse de nommer. Abdul Rahman a un accès direct au ministre britannique des Affaires Etrangères William Hague, et il est prouvé qu’il l’a rencontré en personne à de multiples reprises au Bureau des Affaires Etrangères et du Commonwealth à Londres.
* Eva Bartlett est une journaliste (notamment pour Inter Press Services, Global Research, Russia Today, Electronic Intifada) et activiste canadienne, longtemps basée en Cisjordanie et à Gaza (notamment pendant les attaques israéliennes de 2008-2009 et novembre 2012). Elle tient le blog "In Gaza".
Individus sous influences: une société de moutons?
Auteur : C.B & Stéphane Hairy
Ex: http://zejournal.mobi
“Nous sommes dans une société de moutons”, “les gens vont dans le sens de la majorité”, “la population se laisse influencer par les médias de masse”… qui n’a jamais entendu ce genre de propos au sujet de notre société ? Pourtant, l’opinion, les comportements, attitudes, croyances, ou sentiments d’un individu sont loin d’être strictement régies par l’influence des masses. Il existe aussi l’influence minoritaire, qui au contraire du conformisme, nous influence en profondeur. En effet, nous sommes émerveillés par certaines personnes qui font avancer nos idées, nous aident au quotidien ou nous impressionnent intimement. Nous sommes prêts à suivre certains leaders que nous considérons comme étant aptes et légitimes à nous montrer une direction à suivre ou même à diriger nos vies. Nous sommes même dans certains cas, complétement sous emprise d’une personnalité, comme le sont certains humains “fans” de personnalités connus.
Nous allons donc essayer de comprendre le fonctionnement de ces influences pour tenter de répondre à LA question existentielle, celle que l’on se pose tous les matins en prenant les transports, celle qui nous traverse l’esprit en voyant nos contemporains s’enivrer dans une décadence profonde, la question cosmique : sommes-nous de vrais moutons ?
1 – Influence des masses
Il existe effectivement ce que l’on appelle l’influence majoritaire, que l’on appelle communément le conformisme. Ce processus est celui de l’influence des opinions, comportements, perceptions, d’une majorité sur une minorité de gens. Récemment, des psychologues de l’Université de Princeton ont étudié ce qui se passe dans notre tête lorsque nous sommes en situation sous l’influence d’une majorité. Une structure cérébrale (l’insula) semble déterminer l’abandon de l’analyse personnelle au profit de la posture conforme aux attentes du groupe. Cette insula est réputée centraliser des informations de nature émotionnelle en provenance du corps, et s’activer lorsque l’individu sent peser la menace d’être exclu de son groupe d’appartenance.
Le paradoxe de Condorcet.
Nicolas de Condorcet, philosophe et mathématicien, avait déjà montré au XVIIIe siècle que le système électoral livre des décisions sensées, à condition que les électeurs soient ignorants des décisions prises par leurs voisins (paradoxe de Condorcet). Autrement dit, il faut savoir se protéger du « biais de conformité ».
C’est aussi ce qu’a montré une étude réalisée dans l’entre-deux tours de l’élection présidentielle française de 2012. Quelques 1 000 votants étaient interrogés sur leurs intentions de vote au second tour. Dès lors qu’on leur présentait les résultats d’un sondage fictif allant dans le sens contraire de leur intention initiale, ils changeaient d’opinion dans 25 pour cent des cas, pour rallier l’avis majoritaire exprimé par le sondage.
L’expérience de Asch.
L’expérience la plus célèbre est celle de S. Asch (en 1951) ; elle démontre que même lorsqu’il y a une réponse évidente à donner, un individu va donner une réponse fausse et absurde juste parce que la majorité des gens qui constituent son groupe a fourni cette réponse là.
Les psychosociologues (Deutsch & Gerard, 1955 ; Moscovici, Mucchi-Faina & Maass, 1994) s’accordent à dire que si l’individu se conforme autant c’est à cause de la comparaison sociale qu’il opère lorsqu’il n’est pas d’accord avec la majorité : il souhaite éviter le conflit pour surtout ne pas être rejeté par le groupe…
(Le psychologue S. Asch montre que dans une simple tâche perceptive consistant à comparer les longueurs de différents segments de droite, la connaissance de l’avis majoritaire suffit à faire prendre des décisions absurdes à des individus qui, isolés, répondent correctement.)
Cette expérience des lignes de Asch est célèbre et est souvent instrumentalisée pour démontrer que les individus sont des moutons qui se rallient à une idée dominante, majoritaire. Or, ce n’est pas tout à fait vrai, l’influence majoritaire est superficielle car elle agit sur les comportements et non sur les pensées des individus. Agir n’est pas penser. Dire que l’on pense pareil que son groupe ne signifie pas qu’on pense effectivement comme eux. En effet, dans les expériences de Asch, on voit que les personnes se focalisent sur les enjeux sociaux de la situation (que va-t-il se passer si je réponds différemment d’eux ? quelle sera ma place ?), au lieu de traiter la véracité des réponses données par le groupe.
Mais alors, quelle genre d’influence agit sur les opinions et pensées des individus ?
(Le type d’image que l’on se fait du conformisme pour exprimer notre capacité à être influencé par les masses)
2 – Influence des minorités
Si le conformisme engendre le fait que les personnes se rallient à l’opinion de la majorité, cet effet n’est souvent présent qu’en public (face au regard des autres) et non au-delà. Il existe à l’inverse l’influence d’une personne ou d’une minorité qui induit une réelle persuasion et une modification profonde de notre jugement qui persiste dans le temps : c’est l’influence minoritaire. Là où la majorité agit en surface, la minorité modifie en profondeur.
Le psychosociologue S. Moscovici a été le premier à s’intéresser à l’influence minoritaire : comment un individu ou une minorité de personnes peut-elle exercer une influence sur un groupe ou sur une majorité ? Son ambition est de comprendre l’apparition des faits historiques tels que le développement du féminisme, la révolution copernicienne ou encore l’impact de Martin Luther King, Galilée, Nelson Mandela…
(Discours le plus célèbre de Martin Luther King “I have a dream”, prononcé le le 28 août 1963, devant le Lincoln Memorial, à Washington, D.C).
Des expériences illustrent la prégnance de cette influence de la minorité, comme celle de Moscovici, Lage et Naffrechoux (1969). Les expérimentateurs démontrent que même si un individu va se comporter en répondant conformément dans un premier temps, il sera par la suite influencé de manière inconsciente en modifiant ses perception et opinion sur les choses.
Pour comprendre l’influence minoritaire, il faut se pencher sur le caractère inconscient des phénomènes d’influences en partant sur la notion de conflit. Lorsqu’on est confronté à une opinion qui diffère de la sienne, on éprouve un certain conflit interne. Les individus ont tendance à fuir ce type de tension et recherchent le consensus. La majorité compte précisément sur ce malaise pour engendrer la conformité. De son côté, le comportement ferme et confiant de la minorité instaure le doute, attire l’attention, signale l’existence d’un point de vu alternatif, démontre l’attachement de la minorité à sa position et annonce que le seul moyen de sortir du conflit consiste à prendre en considération son point de vue. Pour S. Moscovici, la minorité force la majorité à analyser le contenu de son message de manière approfondie, puisque le traitement de l’information suppose, pour invalider l’opinion adverse, de s’y pencher et de la comprendre. Ce sont ces activités qui nous préparent à un processus d’intégration de l’information et d’appropriation des idées.
Selon Moscovici, la minorité agissante se définit par 5 styles de comportements et c’est l’interprétation de ces styles de comportement de la minorité par la majorité qui permet à l’influence d’opérer.
Les 5 styles sont :
Investissement et visibilité : c’est l’importance que le sujet ou la minorité accorde à son objectif ou à ses idées. La visibilité de l’implication est importante ainsi que la sincérité du sacrifice personnel et de la haute estime des buts poursuivis.
Autonomie : c’est l’indépendance du jugement et des attitudes et cela reflète la détermination selon ses propres principes.
Consistance : c’est le fait de maintenir toujours la même idée, être catégorique, avoir et maintenir une position cohérente.
Rigidité : C’est la version “dure” de la consistance. Il faut adopter un modèle comportemental assuré pouvant parfois aller jusqu’à l’extrémisme. Moscovici explique qu’un comportement qui se situerait à mi-chemin entre la rigidité et la souplesse serait le meilleur moyen pour influencer quelqu’un.
Équité : elle rend compte du souci de la minorité d’établir des relations réciproques avec la majorité.
3 – Comparaison : Influence de la majorité VS. Influence de la minorité.
Lorsqu’un individu se sait l’objet d’une influence, il éprouve un sentiment d’ambivalence, c’est à dire, qu’il peut ressentir deux sentiments pourtant opposés ou contradictoires. Cependant selon que la source d’influence émane d’une minorité ou d’une majorité, cette ambivalence n’est pas la même :
- Face à une majorité, les individus expriment plutôt une attirance publique et une réserve ou une hostilité privée.
- Face à une minorité, les individus peuvent éprouver dans le même temps une hostilité publique, une admiration, voir même une envie privée.
En fait, c’est en se défendant sur le plan conscient d’une influence qu’on augmente les chances d’être influencé sur le plan non conscient. Il s’agit donc d’un réel paradoxe puisque plus on résiste à un agent d’influence, plus on a de risque de lui céder sur le long terme.
L’influence latente et différée est propre à l’influence minoritaire. Car le traitement de l’information des minorités innovantes (dans le sens où elles changent de l’opinion majoritaire) suppose, qu’il faut invalider certaines idées, s’ouvrir à de nouveaux messages et faire preuve de compréhension. C’est pour cette raison que l’influence des minorités est plus ancrée en profondeur et s’installe dans vos idées, dans votre manière de voir le monde. Contrairement à l’influence des masses qui impacte votre comportement mais n’a pas d’influence sur vos idées, il s’agit d’un suivisme qui n’engendre pas de changement notable sur votre manière de voir le monde.
4 – En conclusion, les minorités ont une influence plus profonde sur les individus mais…
… la majorité peut également les influencer sur le plan des attitudes et convictions. Et oui, comme rien n’est simple dans notre machine cognitive humaine, les influences sont multiples ! Hélas nous restons sujets à la “moutonnerie” et nous sommes ainsi profondément influencés par la majorité, à savoir les opinions dominantes… Mais comment sommes-nous influencés par cette majorité ? par nos propres actes !
Car l’acte de se conformer publiquement et de manière répétée est un facteur d’engagement. Or plus on est engagé et plus on adhère à l’idée dominante : c’est ce qu’on appelle la théorie de la rationalisation, qui consiste à rationaliser ses actes pour expliquer ses conduites d’une part, mais surtout pour éviter l’état de conflit interne entre ce que vous pensez et votre comportement devant les autres (dissonance cognitive). Cette rationalisation se manifeste par le fait que les attitudes deviennent une conséquence du comportement et non l’inverse.
Ainsi, lorsqu’on se conforme publiquement (par exemple au travail, acquiescer devant les autres collègues lorsque votre patron exprime son opinion qui pourtant est bien différente de la votre, est un acte qui vous engage). Vous modifiez votre façon de penser en faveur de l’idée dominante afin d’auto-justifier votre comportement. De même, le fait de répéter cet acte de conformisme est également un facteur qui vous engage en faveur de celui-ci. Pour en savoir plus sur les facteurs d’engagement, nous vous invitons à lire le psychosociologue C. Kiesler. Ces techniques d’engagement (dîtes de manipulation) sont notamment utilisées par les managers de grands groupes industriels et dans le commerce. En conclusion, nous sommes tous des sujets sous influences, mais contrairement à l’idée répandue ce n’est pas l’influence de la majorité (médias de masse, opinions répandues, etc.) qui est la plus prégnante sur nos opinions mais l’influence des minorités (petits groupes, personnes, dissidents).
Ceci-dit, si on ne veut pas être influencés par la majorité – être un mouton quoi -, il faut se défendre des actes que nous poussent à faire cette majorité (exemple d’acte généré par une majorité : une grande partie de la population pense qu’il faut voter aux élections pour favoriser la démocratie en France). Le suivisme permet de ne pas “s’engager”, de ne jamais changer d’opinion, en d’autres termes, de se faire manipuler par la majorité dominante. Le libre arbitre est un mythe mais commencer par s’empêcher d’agir dans un sens contraire à nos convictions est un bon début !
Seymour Hersh a pris beaucoup de risques au cours de ses décennies de journalisme. C’est un vrai journaliste, qui a été attaqué, calomnié et boudé par tous les camps simplement parce qu’il semble résister à prendre parti.
Quand il a enquêté sur les atrocités états-uniennes au Vietnam, il a d’abord été attaqué et dénoncé comme un traître, ou pire. A ce moment-là, la vérité et Hersh étaient justifiés et l’importance de ce qu’il réalisait en tant que journaliste, informer le public tout en servant à contrôler et à maintenir un équilibre contre les intérêts spéciaux du pouvoir en place, a été reconnue par un prix Pulitzer.
En 2007, quand il a décrit les projets de l’administration d’alors, celle de Bush, visant à utiliser les Frères musulmans et des groupes militants liés à al-Qaïda pour renverser le gouvernement syrien – dont le résultat se joue aujourd’hui – le New Yorker a volontiers accepté son travail comme un message dont il pensait qu’il aurait un écho auprès du public progressiste.
Mais ensuite, en 2013, lorsque Hersh a fourni une information contredisant le récit occidental officiel à propos d’une attaque chimique dans la banlieue de Damas, le New Yorker a décidé de ne pas la publier. Au lieu de cela, son article, Whose Sarin?[Le sarin de qui ?] a été publié par la London Review of Books.
L’histoire de Hersh fournissant cette information au public et comment les médias occidentaux ont tenté d’abord de la détourner puis de l’enterrer, avant de tenter de discréditer à la fois l’article et Hersh lui-même, est une expérience en laboratoire sur les médias occidentaux en train de mourir.
Le dernier clou du cercueil
L’article de Hersh abordait en détail les méthodes avec lesquelles les dirigeants occidentaux manipulaient intentionnellement ou même fabriquaient carrément des renseignements pour justifier une intervention armée en Syrie – étrangement semblable aux mensonges racontés pour justifier l’invasion et l’occupation de l’Irak et l’escalade de la guerre au Vietnam après l’incident du golfe du Tonkin.
L’article n’a pas fait que démolir le récit officiel, il a aussi contribué à entraver le peu d’élan restant en faveur d’une agression militaire occidentale contre la Syrie, basée sur les mensonges propagés par les États-Unis et leurs alliés à propos de l’attaque chimique.
Dans l’article de Hersh qui a suivi, The Red Line and the Rat Line[La ligne rouge et la ligne occulte], également publié par la London Review of Books, il a révélé des informations dénonçant non seulement d’autres mensonges des États-Unis et de leurs alliés, mais il a suggéré que la Turquie, membre de l’Otan, et le proche allié des États-Unis, l’Arabie saoudite, pourraient avoir joué un rôle en approvisionnant les responsables de l’attaque aux armes chimiques.
Si les articles de Hersh atteignaient une plus large audience et répandaient l’idée d’un Occident capable de concevoir, de réaliser puis de tenter d’exploiter un crime contre l’humanité pour justifier une guerre élargie, injuste, alors la politique étrangère occidentale serait irrévocablement mise à mal et commencerait peut-être à se défaire.
Faire confiance à d’autres sources
Les méthodes pour diffuser des médias occidentaux de plus en plus discrédités et suscitant la méfiance sont devenues très créatives. Avec l’arrivée d’internet et des réseaux sociaux, des tentatives de produire des contenus viraux et des sources apparemment externes pour faire revenir le public qui se détourne en masse des médias dominants ont effectivement fait l’objet d’un document politique complet rédigé par l’ancien administrateur du Service de l’information et des réglementations de la Maison Blanche, Cass Sunstein. Le document a été présenté dans un article du magazine Salon intitulé Obama confidant’s spine-chilling proposal [La proposition terrifiante de l’homme de confiance d’Obama], qui précisait (les passages en gras ont été soulignés par moi) :
Sunstein recommande que l’infiltration furtive du gouvernement soit assurée par l’envoi d’agents spécialisés en la matière dans les forums de discussion, les réseaux sociaux en ligne ou même dans des groupes réels. Il propose aussi que le gouvernement effectue des versements secrets à ce qu’on appelle des voix indépendantes crédibles pour renforcer les messages du gouvernement (partant du principe que ceux qui ne croient pas les sources gouvernementales seront plus enclins à écouter ceux qui apparaissent comme des indépendants tout en agissant secrètement pour le compte du gouvernement).
Ce seraient eux – qui sont principalement des menteurs financés par le gouvernement – vers lesquels l’Occident se tournerait dans une tentative d’enterrer Hersh et les vestiges du véritable journalisme occidental avec lui.
Les voix indépendantes crédibles
L’employé du gouvernement au chômage, domicilié au Royaume-Uni, Eliot Higgins a ouvert et tenu un blog populaire sur internet rassemblant des photos et des vidéos du conflit syrien. Des journalistes et des analystes de tous les horizons utilisaient cette ressource comme une sorte d’encyclopédie pour temps de guerre. Alors que Higgins ne possédait aucune qualification ou antécédent spécifiques en matière de guerre, de géopolitique ou d’armement, il disposait de beaucoup de temps. Dans ce temps, il était en mesure de rechercher et de répertorier soigneusement les médias sur son blog.
Il n’a cependant pas fallu beaucoup de temps avant que les médias occidentaux s’approchent de lui pour lui attribuer le rôle de voix indépendante crédible. Qu’Eliot Higgins ait reçu des versements secrets à cette époque ou non, il est évident aujourd’hui qu’il a été à la fois approché et recherché par ceux qui sont prêts à le payer pour ses services et qu’à partir de là, son travail a été résolument biaisé et malhonnête.
Higgins était alimenté par son propre expert en armement, Dan Kaszeta, propriétaire ou associé de nombreuses sociétés de consulting douteuses. Depuis le début, Higgins et Kaszeta ont tous deux soutenu le narratif occidental selon lequel le gouvernement syrien était responsable de l’usage de munitions remplies d’agents neurotoxiques, exactement sous le nez des inspecteurs de l’ONU à Damas.
En utilisant ce qu’ils appellent tous deux des renseignements provenant de sources librement accessibles – visionner des vidéos sur YouTube et regarder Google Earth – ils ont affirmé que le type d’obus et d’agent neurotoxique utilisé ne pouvait avoir été déployé que par le gouvernement syrien.
Hersh a contesté cette affirmation dans deux de ses articles et dans de nouvelles interviews, soulignant que les missiles étaient sommaires et auraient tout aussi bien pu être de fabrication artisanale, tandis que la production d’agents neurotoxiques – certainement l’œuvre d’un agent étatique – aurait pu avoir été réalisée soit en Turquie soit en Arabie saoudite ou avec l’aide de l’un ou l’autre de ces pays, puis qu’ils auraient été utilisés par des militants en Syrie.
À ce jour, la conclusion officielle de l’ONU est qu’il y a une «preuve claire et convaincante» que des missiles contenant des agents neurotoxiques ont été lancés dans la banlieue de Damas – ne portant aucune accusation ni indication sur la provenance des missiles ou des agents neurotoxiques.
Higgins et Kaszeta, mis en vedettes dans le London Guardian et Foreign Policy Magazine, ont attaqué directement les affirmations de Hersh en citant des vidéos de YouTube et des rapports de l’ONU comme preuve que le gouvernement syrien possédait le type de missiles utilisé dans l’attaque et le type d’agent neurotoxique contenu dans les fusées – omettant une question très importante : et si l’attaque avait été conçue pour sembler être l’œuvre du gouvernement syrien?
En réalité, tout ce que Higgins et Kaszeta ont prouvé était que celui qui a commis l’attentat – conçu uniquement pour fournir aux États-Unis et à leurs alliés une justification pour une intervention armée directe – a consacré beaucoup de temps et d’efforts pour faire apparaître l’attentat comme si c’était le gouvernement syrien qui l’avait perpétré. Ils fondent toute leur argumentation sur l’affirmation que l’Occident ne fabriquerait pas – pour une raison quelconque – une attaque dans le but de justifier une guerre qu’ils cherchaient à mener mais pour laquelle ils manquaient de toute justification.
Parallèlement, la réfutation de Higgins et Kaszeta était un réquisitoire cinglant non seulement contre Hersh mais contre le journalisme traditionnel en général. Brian Whitaker, du London Guardian, a écrit un article intitulé Investigating chemical weapons in Syria – Seymour Hersh and Brown Moses go head to head [Enquête sur les armes chimiques en Syrie – Seymour Hersh et Brown Moses face à face], affirmant (j’ai souligné les passages en gras) :
Tout en cherchant à relancer le débat à suspense sur les armes chimiques, l’article de Hersh a révélé involontairement beaucoup de choses sur le journalisme d’investigation, actuellement en mutation. Hersh est de la vieille école. Il opère dans un monde de contacts restreints – souvent des sources anonymes bien placées fuitant des bribes d’information autour desquelles il construit un article qui conteste les idées reçues.
Le style de journalisme de Hersh a certainement sa place, mais à l’âge d’internet il se réduit – comme le montre constamment le travail basé sur le web de Higgins et d’autres.
C’est un thème que Higgins lui-même a ensuite développé à nouveau dans l’espace qui lui était offert par le magazine Foreign Policy – que le journalisme traditionnel fondé sur de véritables sources est out, et que l’armée des voix indépendantes crédibles stipendiées est in.
Justification
Un accord conclu par les Russes qui a entraîné le retrait du pays de la totalité des stocks d’armes chimiques de la Syrie sous le contrôle des Nations unies signifie qu’il n’y a plus ni armes chimiques à utiliser par le gouvernement syrien (ou à en être accusé), ni armes chimiques abandonnées à voler et à utiliser par les terroristes qui combattent le gouvernement syrien.
Pourtant maintenant, le long de la frontière turque – le pays dont Hersh a suggéré qu’il était derrière l’attaque au gaz de 2013 –, on dit que des terroristes de ce que l’on appelle État islamique (ISIS) emploient des armes chimiques.
Les premiers rapports signalent l’usage de gaz moutarde – un agent qui provoque des cloques sur la peau. Comme les agents neurotoxiques, la production et l’usage de ces armes nécessitent des ressources étatiques.
Les médias occidentaux, dans le but d’expliquer comment ISIS a acquis ces armes, ont commencé à échafauder des théories selon lesquelles les armes de la Syrie qui étaient sorties du pays avaient fini d’une manière ou d’une autre dans les mains d’ISIS. La présence d’armes chimiques dans le nord de la Syrie et en Irak indique, exactement comme Hersh l’a suggéré, que de telles armes sont passées aux terroristes opérant en Syrie à partir de la Turquie ou de l’Arabie saoudite, ou des deux.
Avec ce développement récent, littéralement, les mensonges répandus pendant des années par Higgins et Kaszeta ont été mis en évidence, justifiant le vétéran du journalisme primé Seymour Hersh et les méthodes traditionnelles du métier qu’il a utilisées pour tirer ses conclusions. Cela démasque aussi l’armée de voix indépendantes crédibles de Sunstein comme une nouvelle facette dans la chambre d’écho des mensonges des médias occidentaux discrédités et suscitant aujourd’hui une profonde méfiance.
Dans une tentative pour obtenir l’avis de Higgins et Kaszeta sur l’identité du pourvoyeur d’ISIS en armes chimiques, Kaszeta a répondu : «Des hommes-lézards». Higgins a refusé de commenter. Lorsqu’on lui a demandé s’il voudrait présenter des excuses à Hersh, Kaszeta aurait répondu, sans expliquer: « Hersh me doit des excuses, maintenant, tirez-vous, minable sac à merde.»
On pourrait s’attendre à un degré plus élevé de professionnalisme et de débat civilisé de la part des experts régulièrement convoqués par les médias occidentaux non seulement à propos du conflit en Syrie mais aussi en Ukraine, où Eliot Higgins apporte maintenant sa voix crédible indépendante au désastre du MH17. Cependant, même s’il est employé par les think tanks occidentaux et les agences de consultants, Higgins ne possède plus de voix indépendante et, vue sa tromperie intentionnelle et obstinée à propos de la Syrie, il ne possède plus non plus de voix crédible.
L’expérience ratée de Sunstein
L’usage d’armes chimiques n’a jamais été un moyen efficace de faire la guerre. Au-delà de leurs effets psychologiques, les armes conventionnelles ont prouvé qu’elles étaient des moyens largement supérieurs pour mener et gagner une guerre.
Durant les huit années meurtrières de la guerre entre l’Irak et l’Iran, les armes chimiques étaient utilisées, y compris des agents neurotoxiques. Pourtant, un document produit par le Corps des Marines états-uniennes, intitulé Lessons Learned: The Iran-Iraq War, sous Appendix B : Chemical Weapons, a révélé que moins de 2% à 3% de la totalité des victimes étaient dus aux armes chimiques. Le rapport concluait que même l’usage d’armes chimiques à large échelle offrait peu d’avantages à chaque camp et suggérait que les attaques menées avec de telles armes nécessitaient une météorologie presque parfaite et des conditions géographiques spécifiques pour apporter un bénéfice même limité. A plus petite échelle, l’usage d’armes chimiques serait tactiquement et stratégiquement inutile – à moins bien sûr qu’elles soient utilisées comme moyen de compromettre votre ennemi et de justifier une guerre plus vaste.
De même, abattre un avion civil au dessus de l’Ukraine n’apporte aucun bénéfice aux parties en conflit, à moins évidemment que cela n’intervienne pour compromettre ses ennemis et justifier une guerre plus vaste. Discerner cela est un produit de la pensée critique – celle qui a amené, en tout premier lieu, les gens à s’éloigner des médias occidentaux. La croyance erronée de Sunstein que, d’une manière ou d’une autre, ceux qui s’éloignaient des médias occidentaux étaient aussi faciles à berner que ceux qui les regardent encore est la raison pour laquelle les gens comme Higgins se sont retrouvés chassés des médias indépendants et avec lui, plus profondément, les gens du système qui l’ont choisi et utilisé.
Quant à Hersh, il prouve que se consacrer à la vérité lorsque c’est impopulaire est un petit prix à payer pour conserver sa dignité. Le ridicule et les accusations de ceux qui sont dénués de dignité disparaissent, mais la vérité est éternelle. Lorsque la vérité que Hersh a dévoilée sous les mensonges a finalement éclaté aux yeux de tous, la révélation a montré ce que valent les gens comme Higgins et Kaszeta.
Une fois les masques de leur légitimité et de leur professionnalisme arrachés, ils ont été réduits à des versions vulgaires, miniatures, du système en décomposition qui les a créés. Sans réaliser que leur intronisation comme consultants réside dans le déclin de ceux qui les ont embauchés, non en raison de leur talent, mais à cause de leur disposition à faire ce que refusent les gens dignes, et ils continueront probablement leur sale boulot. Mais de même que les maisons de presse avaient, à l’origine, désespérément besoin de leurs voix indépendantes crédibles, il y aura encore moins de gens pour les écouter et les lire.
Tony Cartaluccivit à Bangkok, il est chercheur en sciences politiques et rédacteur, en particulier pour le magazine New Eastern Outlook.
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone
Hablando de inmediatez. Los aviones de Rusia ni siquiera habían despegado a bombardear a los terroristas del ISIS y a sus socios en Siria, y comenzaron a flotar los reclamos del lobby anti Ruso de Occidente – solo para ser repetidos en muchos de los medios occidentales.
Rusia no estaba apuntando realmente al ISIS sino a los “rebeldes moderados” y sus ataques asesinaban cantidad de civiles inocentes (a diferencia de los ataques estadounidenses durante los cuales solo teníamos “daño colateral”). Hemos visto montones de tweets atacando a Rusia e imágenes de niños heridos y gente siendo sacada de edificios publicadas en la red.
Ahora, hay dos explicaciones posibles para la forma instantánea como ha sido lanzado este nuevo capítulo en la “guerra de información” contra Rusia.
La primera es que el lobby anti ruso tiene unas fuentes fantásticas en Siria y sabe exactamente quien ha sido asesinado en los ataques aéreos momentos después de que son lanzadas las bombas, o, en algunos casos posee poderes de clarividencia y sabe quiénes serán las victimas incluso antes de que caigan las bombas. También, que hay gente en el terreno con conexiones Wi-Fi de excelente velocidad en una zona de guerra, quienes son capaces de subir videos de víctimas de los ataques rusos a la red con una rapidez que hace parecer a Usain Bolt un caracol.
La segunda explicación alternativa es que las acusaciones y denuncias que hemos visto ya estaban escritas -archivadas y guardadas- y listas para ser puestas en línea tan pronto como el Parlamento Ruso autorizara el uso de la fuerza militar en Siria, con el fin de desacreditar la operación. Aunque los ataques aéreos, incluso siendo planeados con precisión quirúrgica, puede matar civiles -que es, por supuesto, la razón número uno para oponerse a ellos- Yo sé que explicación me parece la más plausible.
El Grupo de Seguimiento a los Medios, Media Lens nos advertía qué esperar:
Prediction: US-UK media are going to find that Russian planes killed ‘civilians’ while ‘ours’ killed ‘suspected militants’.
— Media Lens (@medialens) September 30, 2015
Traducción:
Predicción: Los medios de EU y Reino Unido encontrarán que los aviones rusos mataron “civiles” mientras que los nuestros mataron “militantes sospechosos”
That’s information warfare: As expected Russia accused of killing civilians in Syria http://t.co/ETCIQaRmNR
— Afshin Rattansi (@afshinrattansi) October 1, 2015
Traducción:
Esto es guerra de información: Como se esperaba, Rusia acusada de asesinar civiles en Siria http://t.co/ETCIQaRmNR
Y como de costumbre los Lensers, ridiculizados y denigrados por los miembros del club de la élite del periodismo -quienes se han equivocado simplemente en todo (¿Armas de destrucción masivas les suena?).
La hipocresía que hemos visto los últimos días -incluso para los estándares del lobby de la guerra sin fin- ha sido realmente impresionante. “Esos rusos malvados lanzando ataques aéreos en un país extranjero. ¡Por qué, es indignante! Sólo a los EU y sus aliados les es permitido hacer eso”. Personas que estaban chillando por más “intervención” contra el ISIS en Siria el martes, estaban todos contra la “intervención” contra ISIS en Siria el miércoles -cuando era Rusia la que estaba realizando la intervención.
La cantidad de neoconservadores quejones que pasó de amar las bombas ayer a odiarlas hoy es bastante.
— Danielle Ryan (@DanielleRyanJ) September 30, 2015
Suddenly the ‘moderate’ rebels who had been so thin on the ground in Syria – are everywhere and Russian strikes are targeting them.
Traducción:
Repentinamente los rebeldes “moderados” que habían sido tan escasos en el terreno en Siria -están por todas partes y los ataques rusos están apuntando a ellos.
El Pentágono suspendió el programa de entrenamiento y equipamiento porque no podíamos encontrar a los moderados. Pero ahora se nos dice que los moderados abundan y están bajo ataque.
— Max Abrahms (@MaxAbrahms) September 30, 2015
Conversely ISIS, which we were told was everywhere in Syria up to Tuesday, is nowhere – or at least not in the areas where the Russians are bombing.
Traducción:
Por el contrario el ISIS, que nos dijeron estaba en todas partes en Siria hasta el Martes, no está en ningún lugar -o al menos no en las zonas donde los rusos están bombardeando.
Aquellos que han guardado silencio ante las muertes de civiles causadas por el asalto saudí en Yemen, o ante las muertes de civiles causadas por el bombardeo estadounidense a Irak y Siria, están, llenos de indignación por las supuestas muertes de civiles causadas por los ataques aéreos rusos -incluso antes de que se confirmen dichas muertes.
.@medialens Watch and see also how they suddenly develop an incredible ability to count & care about civilian casualties of Russian actions!
— Mark Doran (@MarkJDoran) October 1, 2015
Traducción:
.@medialens Observen y vean también como desarrollan repentinamente una increíble habilidad para contar y preocuparse por las víctimas civiles de las acciones rusas.
Luego está la cuestión de porque está interviniendo Putin.
Rusia, se nos dice que está lanzando ataques aéreos en Siria no porque realmente quiera vencer al ISIS, sino porque tiene “intereses egoístas” en la región. Por supuesto, los motivos occidentales para desestabilizar Siria y respaldar a ‘rebeldes’ violentos para matar a soldados sirios y derrocar al gobierno sirio nunca son egoístas, sino sólo benignos y humanitarios. Cuando los EU y sus aliados bombardean Siria, tiene que ser alabado, cuando Rusia lo hace -entonces es señal del intento siniestro del oso por aumentar su influencia en la región. Rusia tiene un aliado en el Medio Oriente -¡por qué, eso es terrible!- ¡Sólo está permitido que los EU tengan aliados en una zona donde hay mucho petróleo!
No debería ser necesario decirlo después de las flagrantes mentiras que nos dijeron acerca de Irak, Libia y Siria hasta ahora, pero tenemos que tomar las negativas reclamaciones occidentales acerca de las acciones rusas en Siria, no con una pizca de sal, sino con una enorme carretilla de ella.
¿No hay presencia del ISIS en Al-Rastan, en la provincia de Homs? Bueno, “activistas”, citados por la BBC, nos dijeron que así era luego de los ataques aéreos rusos. Pero, como Fairness and Accuracy in Reporting (Nota del traductor: Equidad y Exactitud en la Información es una organización de seguimiento a medios, FAIR por sus siglas en inglés) señaló, esta no parecía ser la situación la semana pasada, cuando la AFP, citando el Observatorio Sirio para Los Derechos Humanos nos dijo que siete hombres habían sido asesinados a tiros por el ISIS en Al-Rastan después de haber sido acusados de ser homosexuales.
Lo que demuestra esto -y hay un montón de ejemplos- es que los canales de noticias occidentales están dispuestos a citar a “activistas” sin nombre, sin siquiera la más superficial revisión de si las declaraciones que hacen son correctas mientras esas afirmaciones dejen mal a Rusia, o de hecho, cualquier otro “enemigo oficial”. Por supuesto, es una historia muy diferente si las denuncias se hacen en contra de los EU o sus aliados. ¿Recuerdan aquella gran cobertura de las declaraciones hechas por “activistas” sin nombre sobre las víctimas civiles causadas por ataques aéreos occidentales? No, yo tampoco.
Los medios de comunicación de Estados Unidos, de un día para otro, han desarrollado una intensa preocupación por la precisión de los ataques, las denuncias de la exactitud de los bombardeos, la identidad de las víctimas de los ataques aéreos.
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) October 1, 2015
Channels which have shown no, or little interest in civilian casualties in Yemen, where it’s been Saudi Arabia and its allies doing the bombing, are now, all of a sudden, keen to show pictures of people being taken to hospital allegedly after Russian air strikes.
Traducción:
Canales que han demostrado ningún, o muy poco interés en las víctimas civiles en Yemen, donde ha sido Arabia Saudita y sus aliados los que han bombardeado, están ahora, de repente, deseosos de mostrar imágenes de personas siendo trasladadas al hospital supuestamente después de los ataques aéreos rusos.
La coalición liderada por Estados Unidos: 2.579 ataques aéreos en Siria. Rusia: 8. Vean ahora a los medios llenos de indignación por los asesinatos de Rusia. ¿Y los “nuestros”?
— Media Lens (@medialens) October 1, 2015
Unsurprisingly, Interpreter Magazine, the “special project” of Khodorkovsky’s Institute of Modern Russia, has been at the forefront of the propaganda campaign to discredit Russia’s Syrian intervention.
(Traducción:
Como era de esperar, la revista Interpreter Magazine, el “proyecto especial” del Instituto de la Rusia Moderna de Jodorkovski, ha estado a la vanguardia en la campaña de propaganda para desacreditar la intervención de Rusia en Siria.)
“Hoy Rusia lanzó ataques aéreos contra varios objetivos en Siria, pero aunque es claro que han muerto rebeldes no pertenecientes al ISIS y posiblemente civiles, no está claro si ISIS era del todo un objetivo”, escribió la revista.
De hecho, el Ministerio de Defensa de Rusia informó que atacaron 12 objetivos pertenecientes al ISIS el jueves.
Lo que Putin ha hecho -y esta es la razón por la que la brigada para “Capturar a Rusia” está tan enojada- es poner en evidencia a la élite occidental en la lucha contra el ISIS. A pesar de su condena a las atrocidades del Estado Islámico, el objetivo número uno de los EU y sus aliados más cercanos ha sido sacar del poder al gobierno secular sirio que ha estado combatiendo al ISIS y a otros grupos terroristas radicales respaldados por Occidente.
Sabemos, gracias a WikiLeaks, que los planes de EU para el “cambio de régimen” en Siria son anteriores a la primavera árabe, y de hecho se remontan al menos al 2006. Y este plan de “cambio de régimen” no tiene nada que ver con la “promoción de la democracia”, sino con el imperialismo a la antigua.
Como el célebre y galardonado periodista y cineasta John Pilger lo plantea en su último artículo, de lectura obligatoria, titulado El Acto Revolucionario de Decir la Verdad:
“Para los amos del mundo en Washington y Europa, el verdadero crimen de Siria no es la naturaleza opresiva de su gobierno, sino su independencia del poder estadounidense e israelí -al igual que el verdadero crimen de Irán es su independencia, y el verdadero crimen de Rusia es su independencia- En un mundo de propiedad estadounidense, la independencia es intolerable”.
La intervención de Rusia en Siria, como ha señalado mi colega columnista en RT OpEdge John Wight, es probable que cambie completamente el juego.
This nonsense about #Russia targeting so-called moderate rebels or #ISIS in #syria is a diversion. Russia’s intervention is a game changer.
— John Wight (@JohnWight1) October 1, 2015
Traducción:
Esta tontería sobre #Rusia apuntando a los llamados rebeldes moderados o #ISIS en #Syria es una distracción. La intervención de Rusia es un cambio de juego.
Al inclinar la balanza en contra de los promotores seriales de cambio de régimen, que han causado tantos estragos en todo el mundo en los últimos años, hay una mayor posibilidad de que el gobierno secular de Siria sea capaz de recuperar partes de su territorio y que el país mantenga su independencia. Eso complacerá a los auténticos antiimperialistas y antifascistas, que creen que el mismo pueblo sirio debe decidir quién lo gobierna y no los EU, Gran Bretaña o Francia, pero enfurecerá a aquellos que han estado empeñados en poner en cintura a Siria por su desafío -por más muerte y destrucción que dicha política de inspiración neoconservadora haya causado.
El hecho es que los que estaban pidiendo a gritos una mayor intervención occidental en Siria -supuestamente contra el ISIS- pero en realidad querían conseguir eliminar el gobierno de Assad, han quedado descolocados. Después de haber visto a la élite occidental habla sobre la amenaza del ISIS, (cuyo ascenso, no olvidemos fue bien recibido por las potencias anti-Assad “con el fin de aislar el régimen sirio”) esperan ahora que los ciudadanos de los países occidentales consideren a los rusos como villanos por tomar medidas contra un enemigo que nos dijeron que tenía que ser derrotado.
Claramente, para aquellos que están detrás de la nueva guerra de información, tenemos que olvidar lo que nuestros líderes nos han estado diciendo acerca del ISIS durante todo el año. Nos toca tener cerebros del tamaño de un guisante y memorias que no recuerden más allá de unos pocos días. El último asalto propagandístico para lograr que odiemos a Rusia por luchar contra el terrorismo en Siria no sólo es ridículo, es un verdadero insulto a nuestra inteligencia.
Putin revela exactamente quien apoya a ISIS
"Gobierno de EE.UU. y medios de comunicación trabajan en sintonía para demonizar a Rusia"
Los ataques aéreos rusos contra el Estado Islámico en Siria han impulsado a los medios de comunicación occidentales a incrementar la denigración hacia Rusia. De esta manera la coalición liderada por EE.UU. está tratando de salvar la cara y encubrir sus fracasos en Oriente Medio, aseguraron expertos a RT.
Según el periodista y analista político Caleb Maupin, "hay una gran historia de la cooperación del Gobierno de EE.UU. con los medios de comunicación", que está dirigida a la entrega de un "mensaje unificado" para el público para reunirlo a su alrededor, sirviendo de esta manera a los intereses de quienes detentan el poder. "Cualquiera que crea que los medios de comunicación y el gobierno no cooperan y colaboran se engaña a sí mismo", expresó.
Maupin también ha señalado que la historia de colusión estadounidense medios-gobierno se remonta por lo menos a la década de 1960 con la introducción del Programa de Contrainteligencia del FBI, COINTELPRO, que "conscientemente plantó historias falsas en las noticias".
"Los medios de comunicación de EE.UU. pretenden ser objetivos, justos, equilibrados y neutrales, pero en realidad ofrecen una perspectiva muy clara sobre los acontecimientos del mundo y esa perspectiva es muy hostil a Rusia... cualquier gobierno con mentalidad independiente va a ser demonizado en los medios de EE.UU.", señaló el periodista.
El secretario de Estado de EE.UU., John Kerry, ha denominado a los medios de comunicación sociales como una extraordinaria y "buena herramienta". No obstante un exagente de la CIA, Ray McGovern, ha comentado a RT, que, según su opinión, al contrario, son una "herramienta muy poco fiable sobre la cual basar los juicios" y la mejor comprobación para esto es la cobertura de la reciente operación de la Fuerza Aérea rusa en Siria en los medios occidentales.
"Una de las supuestas víctimas causadas por aviones rusos [30 de septiembre] se basa en una foto que, según ha sido revelado ahora, fue tomada el 25 de septiembre, cinco días antes del ataque ruso", afirma McGovern.
¿Quiénes son los rebeldes respaldados por EE.UU.? ¿Aún existen?
Mientras tanto, la propia identidad y la existencia de los "rebeldes sirios moderados" ha sido una fuente de gran confusión, señalan los especialistas.
"No sé qué tan confiables son los rebeldes, porque ni siquiera sabemos quiénes son los rebeldes o incluso si existen", dijo a RT el periodista y locutor, Bryan MacDonald. "Algo que los medios de comunicación occidentales no dicen es que la mayoría de los llamados 'rebeldes' son de Al Qaeda, que son los mismos tipos contra los cuales hace 14 años EE.UU. lanzó una cruzada en la guerra contra el terrorismo", agregó. "La idea de que los medios de comunicación estadounidenses estarían defendiendo a Al Qaeda es simplemente increíble", concluyó el periodista.
MacDonald también citó a Robert Fisk, el renombrado corresponsal británico en Oriente Medio que ha pasado tiempo en Siria, quien dijo al periódico 'ABC': "El Ejército Libre Sirio, creo, bebe mucho café en Estambul. Nunca me he encontrado con ellos, incluso como prisioneros, incluso en los primeros meses de la lucha. Creo que el Ejército Libre de Siria es un mito".
Intentos de la coalición de EE.UU. de "salvar la imagen"
El editor de la revista 'Trends Journal', Gerald Celente, quien predijo con exactitud asombrosa muchos eventos geopolíticos y económicos del pasado, dio una calificación reprobatoria al trabajo de EE.UU. en Oriente Medio: "En todos los niveles EE.UU. ha fracasado miserablemente cuantitativa y cualitativamente. Así que ahora lo que están haciendo para encubrir su fracaso es poner esta información para atraer más odio contra Rusia".
"Hay una gran campaña contra Rusia que se está llevando a cabo en EE.UU., que rara vez se detiene, es una segunda Guerra Fría. Tan solo seguimos escuchando un lado", dijo Celente. No obstante, el periodista ha destacado que, en su opinión, la reciente reunión entre Putin y Obama durante la 70.ª sesión de la Asamblea General de la ONU en Nueva York va a producir algunos resultados.
Paul Craig Roberts: "Se le acaban las mentiras a Obama ante las preguntas de Putin"
El presidente ruso Vladímir Putin, a diferencia de su homólogo estadounidense Barack Obama, basó su discurso ante la Asamblea General de la ONU en la verdad, y sus acciones posteriores lógicamente se desprenden de la postura rusa sobre Oriente Medio, opina el analista político Paul Craig Roberts.
Roberts, exasesor económico del gobierno de Ronald Reagan, cree que los discursos de ambos presidentes han mostrado al mundo la diferencia entre Moscú y Washington.
"El enfoque de Putin está basado en la verdad y el de Obama en el alardeo vano y mentiras que se le están acabando", escribió en su blog.
El analista señaló que "diciendo la verdad en el tiempo del engaño universal, Putin ha realizado un acto revolucionario".
Roberts recuerda la pregunta que hizo el presidente Putin en su discurso ante la Asamblea General, dirigiéndose a los que desde fuera generaron los conflictos en Oriente Medio, el norte de África y Ucrania: "¿Se dan cuenta de lo que han hecho?"
Roberts espera que las preguntas de Putin a EE.UU. pongan fin al dominio del 'excepcionalismo estadounidense'.
"Putin acentúa la legalidad de la operación rusa en Siria por ser solicitada por el Gobierno sirio. Contrapone el respeto que mantiene Rusia al derecho internacional a la intervención en Siria por Washington y Francia, cuyos gobiernos han violado la soberanía de Siria con sus acciones militares no solicitadas e ilegales", indicó el analista.
De esta manera, escribió, se ponen de manifiesto ante todo las acciones egoístas unilaterales de Washington enmascaradas por el "fariseísmo santurrón".
Portavoz de Putin: "Occidente no puede explicar a quién llama 'oposición moderada' en Siria"
"Lo cierto es que hasta ahora [en Occidente] nadie ha logrado explicar qué es la oposición moderada, a pesar de que Putin se ha interesado activamente por el tema y ha preguntado en qué se distinguen la oposición moderada y la inmoderada", ha declarado el portavoz del presidente ruso, Dmitri Peskov.
Comentando las acciones de las Fuerzas Aeroespaciales rusas en Siria,Peskov dijo al canal televisivo ruso Rossiya 1 que estas acciones son "transparentes" y que el Ministerio de Defensa ruso da informes con información exhaustiva, según Interfax.
Sin embargo, Peskov señaló que Moscú ve cómo tratan de "imponerle el juego desde el exterior". En este sentido el portavoz de Putin recordó que "la primera información sobre ataques aéreos contra objetivos supuestamente falsos apareció antes de que las aeronaves despegaran".
Anteriormente, un general ruso ha declarado que los militares estadounidenses informaron a la Defensa rusa que en el lugar donde se lleva a cabo el operativo militar de la Fuerza Aérea rusa no se encuentra nadie a parte de los terroristas.
"Los estadounidenses nos han informado durante la última comunicación de que nadie más aparte de los terroristas se encuentra en esa región", dijo el jefe del Departamento Operativo Central del Estado Mayor de Rusia, Andréi Kartopólov, citado por RIA Novosti.
Las Fuerzas Aéreas rusas están llevando a cabo su operación contra el Estado Islámico en territorio de Siria después de que el Gobierno de Damasco solicitara ayuda militar a Moscú. Todas las acciones de la Fuerza Aérea rusa se realizan en coordinación con las Fuerzas Armadas sirias. Los altos cargos que representan a la Defensa y a la Cancillería rusa han anunciado en repetidas ocasiones que Moscú no contempla la posibilidad de implicar a sus tropas terrestres en el operativo.
Exclusive: “Strategic communications” or Stratcom, a propaganda/psy-op technique that treats information as a “soft power” weapon to wield against adversaries, is a new catch phrase in an Official Washington obsessed with the clout that comes from spinning false narratives, reports Robert Parry.
By Robert Parry
In this age of pervasive media, the primary method of social control is through the creation of narratives delivered to the public through newspapers, TV, radio, computers, cell phones and any other gadget that can convey information. This reality has given rise to an obsession among the power elite to control as much of this messaging as possible.
So, regarding U.S. relations toward the world, we see the State Department, the White House, Pentagon, NATO and other agencies pushing various narratives to sell the American people and other populations on how they should view U.S. policies, rivals and allies. The current hot phrase for this practice is “strategic communications” or Stratcom, which blends psychological operations, propaganda and P.R. into one mind-bending smoothie.
I have been following this process since the early 1980s when the Reagan administration sought to override “the Vietnam Syndrome,” a public aversion to foreign military interventions that followed the Vietnam War. To get Americans to “kick” this syndrome, Reagan’s team developed “themes” about overseas events that would push American “hot buttons.”
Tapping into the Central Intelligence Agency’s experience in psy-ops targeted at foreign audiences, President Ronald Reagan and CIA Director William J. Casey assembled a skilled team inside the White House led by CIA propaganda specialist Walter Raymond Jr.
From his new perch on the National Security Council staff, Raymond oversaw inter-agency task forces to sell interventionist policies in Central America and other trouble spots. The game, as Raymond explained it in numerous memos to his underlings, was to glue black hats on adversaries and white hats on allies, whatever the truth really was.
The fact that many of the U.S.-backed forces – from the Nicaraguan Contras to the Guatemalan military – were little more than corrupt death squads couldn’t be true, at least according to psy-ops doctrine. They had to be presented to the American public as wearing white hats. Thus, the Contras became the “moral equals of our Founding Fathers” and Guatemala’s murderous leader Efrain Rios Montt was getting a “bum rap” on human rights, according to the words scripted for President Reagan.
The scheme also required that anyone – say, a journalist, a human rights activist or a congressional investigator – who contradicted this white-hat mandate must be discredited, marginalized or destroyed, a routine of killing any honest messenger.
But it turned out that the most effective part of this propaganda strategy was to glue black hats on adversaries. Since nearly all foreign leaders have serious flaws, it proved much easier to demonize them – and work the American people into war frenzies – than it was to persuade the public that Washington’s favored foreign leaders were actually paragons of virtue.
An Unflattering Hat
Once the black hat was jammed on a foreign leader’s head, you could say whatever you wanted about him and disparage any American who questioned the extreme depiction as a “fill-in-the-blank apologist” or a “stooge” or some other ugly identifier that would either silence the dissenter or place him or her outside the bounds of acceptable debate.
Given the careerist conformity of Washington, nearly everyone fell into line, including news outlets and human rights groups. If you wanted to retain your “respectability” and “influence,” you agreed with the conventional wisdom. So, with every foreign controversy, we got a new “group think” about the new “enemy.” The permissible boundary of each debate was set mostly by the neoconservatives and their “liberal interventionist” sidekicks.
That this conformity has not served American national interests is obvious. Take, for example, the disastrous Iraq War, which has cost the U.S. taxpayers an estimated $1 trillion, led to the deaths of some 4,500 American soldiers, killed hundreds of thousands of Iraqis, and unleashed chaos across the strategic Middle East and now into Europe.
Most Americans now agree that the Iraq War “wasn’t worth it.” But it turns out that Official Washington’s catastrophic “group thinks” don’t just die well-deserved deaths. Like a mutating virus, they alter shape as the outside conditions change and survive in a new form.
So, when the public caught on to the Iraq War deceptions, the neocon/liberal-hawk pundits just came up with a new theme to justify their catastrophic Iraq strategy, i.e., “the successful surge,” the dispatch of 30,000 more U.S. troops to the war zone. This theme was as bogus as the WMD lies but the upbeat storyline was embraced as the new “group think” in 2007-2008.
The “successful surge” was a myth, in part, because many of its alleged “accomplishments” actually predated the “surge.” The program to pay off Sunnis to stop shooting at Americans and the killing of “Al Qaeda in Iraq” leader Abu Musab al-Zarqawi both occurred in 2006, before the surge even began. And its principal goal of resolving sectarian grievances between Sunni and Shiite was never accomplished.
But Official Washington wrapped the “surge” in the bloody flag of “honoring the troops,” who were credited with eventually reducing the level of Iraqi violence by carrying out the “heroic” surge strategy as ordered by President Bush and devised by the neocons. Anyone who noted the holes in this story was dismissed as disrespecting “the troops.”
The cruel irony was that the neocon pundits, who had promoted the Iraq War and then covered their failure by hailing the “surge,” had little or no regard for “the troops” who mostly came for lower socio-economic classes and were largely abstractions to the well-dressed, well-schooled and well-paid talking heads who populate the think tanks and op-ed pages.
Safely ensconced behind the “successful surge” myth, the Iraq War devotees largely escaped any accountability for the chaos and bloodshed they helped cause. Thus, the same “smart people” were in place for the Obama presidency and just as ready to buy into new interventionist “group thinks” – gluing black hats on old and new adversaries, such as Libya’s Muammar Gaddafi, Syria’s Bashar al-Assad and, most significantly, Russia’s Vladimir Putin.
Causing Chaos
In 2011, led this time by the liberal interventionists – the likes of Secretary of State Hillary Clinton and White House aide Samantha Power – the U.S. military and some NATO allies took aim at Libya, scoffing at Gaddafi’s claim that his country was threatened by Islamic terrorists. It was not until Gaddafi’s military was destroyed by Western airstrikes (and he was tortured and murdered) that it became clear that he wasn’t entirely wrong about the Islamic extremists.
The jihadists seized large swaths of Libyan territory, killed the U.S. ambassador and three other diplomatic personnel in Benghazi, and forced the closing of U.S. and other Western embassies in Tripoli. For good measure, Islamic State terrorists forced captured Coptic Christians to kneel on a Libyan beach before beheading them.
Amid this state of anarchy, Libya has been the source of hundreds of thousands of migrants trying to reach Europe by boat. Thousands have drowned in the Mediterranean. But, again, the leading U.S. interventionists faced no accountability. Clinton is the frontrunner for the Democratic presidential nomination, and Power is now U.S. Ambassador to the United Nations.
Also, in 2011, a similar uprising occurred in Syria against the secular regime headed by President Assad, with nearly identical one-sided reporting about the “white-hatted” opposition and the “black-hatted” government. Though many protesters indeed appear to have been well-meaning opponents of Assad, Sunni terrorists penetrated the opposition from the beginning.
This gray reality was almost completely ignored in the Western press, which almost universally denounced the government when it retaliated against opposition forces for killing police and soldiers. The West depicted the government response as unprovoked attacks on “peaceful protesters.” [See Consortiumnews.com’s “Hidden Origins of Syria’s Civil War.”]
This one-sided narrative nearly brought the U.S. military to the point of another intervention after Aug. 21, 2013, when a mysterious sarin gas attack killed hundreds in a suburb of Damascus. Official Washington’s neocons and the pro-interventionists in the State Department immediately blamed Assad’s forces for the atrocity and demanded a bombing campaign.
But some U.S. intelligence analysts suspected a “false-flag” provocation by Islamic terrorists seeking to get the U.S. air force to destroy Assad’s army for them. At the last minute, President Obama steered away from that cliff and – with the help of President Putin – got Assad to surrender Syria’s chemical arsenal, while Assad continued to deny a role in the sarin attack. [See Consortiumnews.com’s “The Collapsing Syria-Sarin Case.”]
Upset over Iran
Putin also assisted Obama on another front with another demonized “enemy,” Iran. In late 2013, the two leaders collaborated in getting Iran to make significant concessions on its nuclear program, clearing the way for negotiations that eventually led to stringent international controls.
These two diplomatic initiatives alarmed the neocons and their right-wing Israeli friends. Since the mid-1990s, the neocons had worked closely with Prime Minister Benjamin Netanyahu in plotting a “regime change” strategy for countries that were viewed as troublesome to Israel, with Iraq, Syria and Iran topping the list.
Putin’s interference with that agenda – by preventing U.S. bombing campaigns against Syria and Iran – was viewed as a threat to this longstanding Israeli/neocon strategy. There was also fear that the Obama-Putin teamwork could lead to renewed pressure on Israel to recognize a Palestinian state. So, that relationship had to be blown up.
The detonation occurred in early 2014 when a neocon-orchestrated coup overthrew elected Ukrainian President Viktor Yanukovych and replaced him with a fiercely anti-Russian regime which included neo-Nazi and other ultra-nationalist elements as well as free-market extremists.
Ukraine had been on the neocon radar at least since September 2013, just after Putin undercut plans for bombing Syria. Neocon Carl Gershman, president of the U.S.-government-funded National Endowment for Democracy, wrote a Washington Post op-ed deeming Ukraine “the biggest prize” and a key steppingstone toward another regime change in Moscow, removing the troublesome Putin.
Gershman’s op-ed was followed by prominent neocons, such as Sen. John McCain and Assistant Secretary of State for European Affairs Victoria Nuland, urging on violent protests that involved firebombing the police. But the State Department and the mainstream media glued white hats on the Maidan protesters and black hats on the police and the government.
Then, on Feb. 20, 2014, a mysterious sniper attack killed both police and demonstrators, leading to more clashes and the deaths of scores of people. The U.S. government and press corps blamed Yanukovych and – despite his signing an agreement for early elections on Feb. 21 – the Maidan “self-defense forces,” spearheaded by neo-Nazi goons, overran government buildings on Feb. 22 and installed a coup regime, quickly recognized by the State Department as “legitimate.”
Though the fault for the Feb. 20 sniper attack was never resolved – the new Ukrainian regime showed little interest in getting to the bottom of it – other independent investigations pointed toward a provocation by right-wing gunmen who targeted police and protesters with the goal of deepening the crisis and blaming Yanukovych, which is exactly what happened.
These field reports, including one from the BBC, indicated that the snipers likely were associated with the Maidan uprising, not the Yanukovych government. [Another worthwhile documentary on this mystery is “Maidan Massacre.”]
One-Sided Reporting
Yet, during the Ukrainian coup, The New York Times and most other mainstream media outlets played a role similar to what they had done prior to the Iraq War when they hyped false and misleading stories about WMD. By 2014, the U.S. press corps no longer seemed to even pause before undertaking its expected propaganda role.
So, after Yanukovych’s ouster, when ethnic Russians in Crimea and eastern Ukraine rose up against the new anti-Russian order in Kiev, the only acceptable frame for the U.S. media was to blame the resistance on Putin. It must be “Russian aggression” or a “Russian invasion.”
When a referendum in Crimea overwhelmingly favored secession from Ukraine and rejoining Russia, the U.S. media denounced the 96 percent vote as a “sham” imposed by Russian guns. Similarly, resistance in eastern Ukraine could not have reflected popular sentiment unless it came from mass delusions induced by “Russian propaganda.”
Meanwhile, evidence of a U.S.-backed coup, such as the intercepted phone call of a pre-coup discussion between Assistant Secretary Nuland and U.S. Ambassador Geoffrey Pyatt on how “to midwife this thing” and who to install in the new government (“Yats is the guy”), disappeared into the memory hole, not helpful for the desired narrative. [See Consortiumnews.com’s “NYT Still Pretends No Coup in Ukraine.”]
When Malaysia Airlines Flight 17 was shot down over eastern Ukraine on July 17, 2014, the blame machine immediately roared into gear again, accusing Putin and the ethnic Russian rebels. But some U.S. intelligence analysts reportedly saw the evidence going in a different direction, implicating a rogue element of the Ukrainian regime.
Again, the mainstream media showed little skepticism toward the official story blaming Putin, even though the U.S. government and other Western nations refused to make public any hard evidence supporting the Putin-did-it case, even now more than a year later. [See Consortiumnews.com’s “MH-17 Mystery: A New Tonkin Gulf Case.”]
The pattern that we have seen over and over is that once a propaganda point is scored against one of the neocon/liberal-hawk “enemies,” the failure to actually prove the allegation is not seen as suspicious, at least not inside the mainstream media, which usually just repeats the old narrative again and again, whether its casting blame on Putin for MH-17, or on Yanukovych for the sniper attack, or on Assad for the sarin gas attack.
Instead of skepticism, it’s always the same sort of “group think,” with nothing learned from the disaster of the Iraq War because there was virtually no accountability for those responsible.
Obama’s Repression
Yet, while the U.S. press corps deserves a great deal of blame for this failure to investigate important controversies independently, President Obama and his administration have been the driving force in this manipulation of public opinion over the past six-plus years. Instead of the transparent government that Obama promised, he has run one of the most opaque, if not the most secretive, administrations in American history.
Besides refusing to release the U.S. government’s evidence on pivotal events in these international crises, Obama has prosecuted more national security whistleblowers than all past presidents combined.
That repression, including a 35-year prison term for Pvt. Bradley/Chelsea Manning and the forced exile of indicted National Security Agency contractor Edward Snowden, has intimidated current intelligence analysts who know about the manipulation of public opinion but don’t dare tell the truth to reporters for fear of imprisonment.
Most of the “leaked” information that you still see in the mainstream media is what’s approved by Obama or his top aides to serve their interests. In other words, the “leaks” are part of the propaganda, made to seem more trustworthy because they’re coming from an unidentified “source” rather than a named government spokesman.
At this late stage in Obama’s presidency, his administration seems drunk on the power of “perception management” with the new hot phrase, “strategic communications” which boils psychological operations, propaganda and P.R. into one intoxicating brew.
From NATO’s Gen. Philip Breedlove to the State Department’s Under Secretary for Public Diplomacy Richard Stengel, the manipulation of information is viewed as a potent “soft power” weapon. It’s a way to isolate and damage an “enemy,” especially Russia and Putin.
This demonization of Putin makes cooperation between him and Obama difficult, such as Russia’s recent military buildup in Syria as part of a commitment to prevent a victory by the Islamic State and Al Qaeda. Though one might think that Russian help in fighting terrorism would be welcomed, Nuland’s State Department office responded with a bizarre and futile attempt to build an aerial blockade of Russian aid flying to Syria across eastern Europe.
Nuland and other neocons apparently would prefer having the black flag of Sunni terrorism flying over Damascus than to work with Putin to block such a catastrophe. The hysteria over Russia’s assistance in Syria is a textbook example of how people can begin believing their own propaganda and letting it dictate misguided actions.
On Thursday, Obama’s White House sank to a new low by having Press Secretary Josh Earnest depict Putin as “desperate” to land a meeting with Obama. Earnest then demeaned Putin’s appearance during an earlier sit-down session with Netanyahu in Moscow. “President Putin was striking a now-familiar pose of less-than-perfect posture and unbuttoned jacket and, you know, knees spread far apart to convey a particular image,’ Earnest said.
But the meeting photos actually showed both men with their suit coats open and both sitting with their legs apart at least for part of the time. Responding to Earnest’s insults, the Russians denied that Putin was “desperate” for a meeting with Obama and added that the Obama administration had proposed the meeting to coincide with Putin’s appearance at the United Nations General Assembly in New York on Monday.
“We do not refuse contacts that are proposed,” said Yuri Ushakov, a top foreign policy adviser to Putin. “We support maintaining constant dialogue at the highest level.” The Kremlin also included no insults about Obama’s appearance in the statement.
However, inside Official Washington, there appears to be little thought that the endless spinning, lying and ridiculing might dangerously corrode American democracy and erode any remaining trust the world’s public has in the word of the U.S. government. Instead, there seems to be great confidence that skilled propagandists can discredit anyone who dares note that the naked empire has wrapped itself in the sheerest of see-through deceptions.
Investigative reporter Robert Parry broke many of the Iran-Contra stories for The Associated Press and Newsweek in the 1980s. You can buy his latest book, America’s Stolen Narrative, either in print here or as an e-book (from Amazon and barnesandnoble.com). You also can order Robert Parry’s trilogy on the Bush Family and its connections to various right-wing operatives for only $34. The trilogy includes America’s Stolen Narrative. For details on this offer, click here.
In this March 13, 1964 file photo, President Lyndon Johnson, right, talks with Secretary of Defense Robert McNamara, center sitting, after McNamara returned from a fact-finding trip to South Vietnam, at the White House in Washington. Fifty years ago Sunday, Aug. 10, 2014, reacting to reports of a U.S. Navy encounter with enemy warships in the Gulf of Tonkin off Vietnam, reports long since discredited, Johnson signed a resolution passed overwhelmingly by Congress that historians call the crucial catalyst for deep American involvement in the Vietnam War. (AP Photo/File)
KITCHENER, Ontario — As this is being written, Congress is experiencing extensive and dramatic hand-wringing as it decides between doing what is best for the country and the world or doing what is best for the American Israel Political Affairs Committee. This is no easy task for members of Congress, especially Democrats who, on the one hand, want to assure a “victory” for President Barack Obama, but who are also loathe to displease the Israeli lobby. Whether preventing a war factors into their deliberations is not known.
AIPAC and its countless minions in Congress are painting the recent agreement reached between Iran and the P5+1 (China, France, Russia, the United Kingdom, and the United States, plus Germany), as nothing short of the end of Israel.
If this deal preventing Iran from developing nuclear weapons is approved, they warn darkly, Iran will secretly develop nuclear weapons. This will mean the destruction of Israel, they say. But if it isn’t approved, Iran will develop such weapons. This, they say, will also mean the destruction of Israel. Feel free to re-read those sentences whenever time allows.
From this point of view, the only alternative is war, with the ostensible purpose of destroying Iran’s nuclear capabilities — capabilities that the Islamic Republic has always said are for peaceful energy purposes. Yet the risk of Iran ever having nuclear weapons is too great. If it did obtain them, then Israel would have a hostile nation to counterbalance its power in the Middle East, and, of course, it doesn’t want that competition. And whatever Israel wants, the U.S. wants. Hence the fear-mongering.
This is a tried-and-true method in the U.S. of getting wars started: Tell lies about some situation that can be construed as a threat to U.S. security (or in this case, Israel’s national security, which seems to be threatened by just about everything), get the populace riled up with jingoistic fervor, watch pompous politicians proclaim their great patriotism on the evening news, and then go bomb some country or other.
The U.S. again gets to flex its international muscle, the citizenry is, for some bizarre reason, proud of the destruction the country has caused, the weapons manufacturers spend all their time tallying their astronomical profits, and all is once again right in the twisted world of U.S. governance.
A few examples will suffice to show that this means of starting wars has been used repeatedly. The examples discussed herein do not by any means represent an exhaustive list, but only show that lying to the world to make the citizenry believe that the U.S. or its citizens had been threatened in some way, and that war was the only response, is business as usual in the U.S.
The War of 1812 (June 18, 1812 – Feb. 18, 1815)
Less than 40 years after the American Revolution, the still-new U.S. government felt constrained in areas of international trade, despite tremendous growth in such trade in the years leading up to the war. In 1811, Britain issued an Order-in-Council, excluding American salted fish from the West Indian colonies and imposing heavy duties on other U.S. imports. This, the U.S. could not countenance.
Additionally, although the heady concept of Manifest Destiny would not actually be defined for several more years, territorial expansion was always on the minds of the leaders of the fledgling nation. Canada, with its rich abundance of natural resources and wide expanses of land, was coveted.
The Battle Lake Borgne Hornbrook, War of 1812.
Yet trade and expansion were not foremost on the minds of the populace, at least not sufficiently for them to support a war. But many nations at this time had a policy of impressment, wherein the ships of another country were boarded, and their sailors kidnapped and forced to work for the kidnapping navy. This was something with which the common man and woman could identify. Although this wasn’t a common occurrence, it was exaggerated and combined with the trade issues to introduce the rallying cry of “Free Trade and Sailor’s Rights,” Carl Benn wrote in his 2003 book “Essential Histories: The War of 1812.” However, this wasn’t a simple, spontaneous cry of justice. It seems to have been promoted by annexationists running the government, and was sufficient for the U.S. to start an unsuccessful war against Canada.
Spanish-American War (April 25, 1898 – Aug 12. 1898)
Fast-forward to the end of the 19th century. On Feb. 15, 1898, the battleship Maine exploded in Havana harbor, killing 266 men. According to Hyman George Rickover, in his 1976 book “How the Battleship Maine was Destroyed”:
“Lieutenant Frank F. Fletcher, on duty at the Bureau of Ordnance, wrote in a personal letter to [Lieutenant Albert] Gleaves: ‘The disaster to the Maine is the one topic here now. Everybody is gradually settling down to the belief that the disaster was due to the position of the magazine next to the coal bunkers in where there must have been spontaneous combustion.’”
Theodore Roosevelt (center front, just left of the flag) and his “Rough Riders,” 1898.
The official inquiry into the disaster, however, concluded that an underwater mine had been the culprit. With the battle cry “Remember the Maine,” the U.S. quickly declared war on Spain.
But this “inquiry” was more than a bit flawed. Two widely-recognized experts in ordnance volunteered their services for the investigation, but were not invited to participate. One of them, Prof. Philip Alger, had greatly displeased Secretary of the Navy, and future president, Theodore Roosevelt, when he commented on the disaster in an interview for the Washington Evening Star a few days after it happened. He said, in part, the following, as reproduced by Rickover:
“As to the question of the cause of the Maine’s explosion, we know that no torpedo that is known to modern warfare, can of itself cause an explosion of the character of that on board the Maine. We know of no instances where the explosion of a torpedo or mine under a ship’s bottom has exploded the magazine within. It has simply torn a great hole in the side or bottom, through which water entered, and in consequence of which the ship sunk. Magazine explosions, on the contrary, produce effects exactly similar to the effects of the explosion on board the Maine. When it comes to seeking the cause of the explosion of the Maine’s magazine, we should naturally look not for the improbable or unusual causes, but those against which we have had to guard in the past.”
But Roosevelt was anxious to establish the U.S. as a world power, especially in terms of its Navy. By accusing Spain of blowing up the ship, he had the perfect excuse to launch the Spanish-American War.
The Vietnam War (major U.S. involvement: 1964 – 1975)
Off the coast of China and northern Vietnam is the Gulf of Tonkin, which was the staging area for the U.S. Seventh Fleet in the early 1960s. On the evening of Aug. 4, 1964, the U.S. destroyers Maddox and the C. Turner Joy were in the gulf, when the Maddox’s instruments indicated that the ship was under attack or had been attacked. Both ships began firing into the darkness, with support from U.S. warplanes. However, they “later decided they had been shooting at ghost images on their radar. … The preponderance of the available evidence indicates there was no attack.”
U.S. Huey helicopter spraying Agent Orange over Vietnam. (Photo by the U.S. Army Operations in Vietnam R.W. Trewyn, Ph.D.)
Yet something needed to be done about Vietnam, with anti-Communist hysteria still rampant in the U.S., and this gave Congress the perfect ploy to escalate the war. This non-incident was presented to the world as an act of aggression against the U.S. Congress quickly passed the Gulf of Tonkin resolution. By the end of the following year, the number of U.S. soldiers invading Vietnam increased from 23,000 to 184,300. Eleven years later, with over 55,000 U.S. soldiers dead, hundreds of thousands wounded, and, by conservative estimates, 2,000,000 Vietnamese dead, the U.S. fled Vietnam in defeat.
The Gulf War (Aug. 2, 1990 – Feb. 28, 1991)
In order to gain support for the Gulf War of 1990, Congress and President George Bush relied heavily on what is commonly referred to as the Nayirah testimony. In early October 1990, a 15-year-old girl referred to only as “Nayirah,” who claimed to have been a hospital volunteer, testified of seeing babies dumped by Iraqi soldiers from hospital incubators. This, in the eyes of Congress and the president, highlighted the monstrosity of Iraq, and was widely used to gain support for the war.
However, like nearly all of the information the government feeds to the citizenry to start its wars, this testimony was all lies. “Nayirah” was actually the daughter of the Kuwaiti ambassador to the U.S. She later admitted that she had once visited the hospital in question, but only for a few minutes. She did see an infant removed from an incubator, but only very briefly. A group called Citizens for a Free Kuwait had hired one of the world’s foremost public relations firms, Hill and Knowlton, to create the illusion of legitimacy for an invasion. They coached “Nayirah” on what to say and how to say it when she appeared before Congress.
We will do no more than mention the U.S.’s drafting of a letter for Grenada to send to the U.S., requesting military intervention when that small island nation’s government was overthrown in 1983. Nor will we dwell on the weapons of mass destruction that Iraq was said to possess in 2002, which justified in the eyes of U.S. citizens the disastrous 2003 invasion of that nation. But as we look at this ugly record of lies that the U.S. has used to expand its territory, power and/or influence around the world, we must consider that it is once again using the same tactics to march the nation toward war with Iran.
Responding to Iraq’s invasion of Kuwait, troops of the U.S. 1st Cavalry Division deploy across the Saudi desert on Nov. 4, 1990 during preparations prior to the Gulf War. (AP Photo)
The U.S. for generations was successful in deceiving its citizens, and a good part of the world, that it was a beacon of freedom and peace, despite the fact that it has been at war for most of its bloody existence. That myth began to crack during the Vietnam War, broke into pieces with the Iraq War, and may have been dealt a fatal blow by the U.S.’s support of Israeli atrocities in 2014.
Robert Fantina
Regardless of the outcome of the congressional vote on the Iran agreement, the U.S. will find itself less able to lie its way into corporate wars in the future. That capacity diminished during the lead-up to the Iraqi invasion, and while no one ever went broke betting on the gullibility and short-term memory of the U.S. citizenry, people are beginning to wake up. When they finally do, much of the carnage in the world will end. That day cannot come soon enough.
Lavage de cerveau versus Éducation: l’Occident répand l’idiotie intellectuelle universelle
Auteur : Andre Vltchek
Ex: http://zejournal.mobi
Est-ce qu’un dictateur pourrait désirer mieux? La population entière de l’Empire, ou presque, pense maintenant de la même manière!
La population est instruite dans les écoles et le personnel des universités est composé d’enseignants et de professeurs soumis et lâches.
La population est informée par des centaines de milliers de journalistes et d’analystes serviles. Il n’y a pratiquement pas d’écart par rapport au récit officiel.
Félicitations, l’Empire occidental! Vous avez réussi là où d’autres ont échoué. Vous avez obtenu une obéissance et une discipline presque absolues, une servilité totale.
Et encore mieux, la plupart des gens pensent réellement qu’ils sont libres, qu’ils ont le contrôle. Ils croient qu’ils peuvent choisir, qu’ils peuvent décider. Ils sont convaincus que leur civilisation est la plus grande civilisation que la Terre ait jamais connue!
Des dizaines de millions font la queue, volontairement, demandant à être instruits pour obtenir à la fin un de ces diplômes impériaux officiels. Ils veulent être acceptés, certifiés et loués par les dirigeants.
Les gens offrent leurs propres têtes courbées à une intervention complexe et prolongée de lobotomie. En échange de chiffons de papier timbré nommés diplômes, des hommes et des femmes perdent, pour toujours, leur capacité à penser de manière indépendante, à analyser et à voir le monde de leurs propres yeux. En guise de récompense pour leur soumission, leurs chances d’obtenir des postes prestigieux dans les bataillons d’élite du régime, institutions, universités et autres, augmentent de manière spectaculaire.
Le degré extrême de conformité de la majorité des hommes et des femmes vivant dans nos sociétés rend les vieux livres comme Fahrenheit 451 et 1984 modérément dérangeants. Notre réalité de 2015 est beaucoup plus psychédélique, bizarre et effroyable… et scandaleuse aussi!
La plupart des citoyens sont même prêts maintenant à payer de leur poche (ou de celle de leur famille) pour ces chirurgies du cerveau éducatives et propagandistes; ils sont désireux de s’endetter lourdement pour être soigneusement programmés et endoctrinés. Plusieurs années plus tard, lorsque tout est fini et que rien n’est resté de leur individualité, ils bombent le torse avec orgueil et souvent ils pleurent lorsqu’ils reçoivent ce morceau de papier timbré qui ne signifie en fait qu’une chose: «Admis, accepté et certifié – prêt à servir et à être utilisé par l’Empire et son régime fasciste.»
Des millions d’étrangers se bousculent pour bénéficier aussi de cette lobotomie. Ceux qui viennent des pays colonisés et détruits sont souvent les plus impatients. Les enfants des élites sont excités à la perspective de recevoir le sceau d’approbation de l’Empire, pour être moulés, pour se fondre dans les masses en Europe ou en Amérique du Nord. Après l’obtention de leur diplôme et après leur retour à la maison, ils ajoutent leurs titres partout sur leurs cartes de visite, ils augmentent leurs tarifs et demandent du respect pour leurs manières occidentales et leur collaboration intellectuelle avec l’Empire. Ensuite, beaucoup d’entre eux s’occupent à voler et à endoctriner leurs compatriotes pour le compte de l’Occident.
Dans de nombreux pays, il n’y a même aucune raison de quitter la maison. Le lavage de cerveau occidental est facilement accessible par le biais des innombrables écoles privées, chrétiennes et internationales, des églises, des institutions culturelles et, bien sûr, du divertissement.
Même des pays comme la Chine, qui peuvent compter sur des cultures beaucoup plus grandes et plus anciennes que la culture occidentale, sont maintenant terriblement influencés par leurs propres fils et filles, qui ont été programmés à croire dans la grandeur de la civilisation occidentale. Ils ont été endoctrinés soit dans les établissements éducatifs à l’étranger, soit par les armées d’éducateurs occidentaux, savants et prédicateurs, de plus en plus occupés à voyager et à répandre leur évangile toxique partout dans le monde.
Au lieu que soit dispensé un savoir diversifié et multiculturel, les écoliers et les étudiants ont reçu des doses d’endoctrinement calculées avec précision, bien éprouvées au cours des siècles d’impérialisme et de colonialisme. Maintenant, l’Empire sait extrêmement bien comment manipuler l’esprit humain. Celles et ceux qui sont violés sont forcés de croire qu’ils ont fait l’amour. A ceux qui ont été dépouillés indistinctement, on enseigne à encenser les puissances coloniales pour avoir construit leurs bâtiments administratifs et leurs chemins de fer, et on enseigne aux gens sur place à ne ressentir aucune honte pour leur passé et leur présent.
Au lieu d’être encouragés à penser de manière indépendante, au lieu d’être invités à révolutionner leur pensée elle-même, les gens sont ligotés, prisonniers de carcans intellectuels austères.
Le courage et l’indépendance d’esprit sont systématiquement dénigrés et rabaissés. Les âmes rebelles sont étiquetées inemployables, presque comme antisociales.
La couardise, la soumission et la médiocrité sont promues et commercialisées par le système extrêmement complexe et diversifié de la propagande, la publicité, les événements culturels et de divertissement et les médias.
Dans un monde totalement uniforme, où même la culture et les médias sont au service de l’Empire et de ses intérêts commerciaux néolibéraux, le Nouvel Homme et la Nouvelle Femme sont pétris dans l’argile intellectuelle, et ensuite placés sur des socles massifs : tous sont grands et minces, tous régurgitent éloquemment et bruyamment des clichés, évitant soigneusement les véritables questions, communiquant intensément avec les autres à propos de rien, tout en restant incroyablement ignorants du monde.
Les Nouveaux Humains sont tous souriants et ont l’air très cool. Ils conduisent les derniers modèles de voitures et tiennent des gadgets modernes dans leurs mains. Ils ont confiance en eux et sont constamment égoïstes. Leurs fesses sont de plus en plus parfaites, et stéréotypées.
Beaucoup d’entre eux prennent des sédatifs, des antidépresseurs ou des drogues, la plupart d’entre eux sont malheureux, peu sûrs d’eux, mécontents de leur travail, malheureux dans leur famille, incapables de trouver ou de chercher leur deuxième moitié. Tout cela, bien sûr, ne se montre pas! En apparence, d’innombrables hommes et femmes occidentaux ont l’air ravissants!
Les fascistes italiens et allemands ont essayé désespérément de créer cette race de super-humains en apparence sûrs d’eux, mais obéissants.
Ils ont échoué.
Mais cet Empire est en train de réussir! Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, il existe une chance que les robots remplacent finalement les êtres humains. Pas les robots de plastique et de métal, mais des humains reconditionnés, recyclés en robots.
Le fascisme italien, le nazisme allemand, le corporatisme des États-Unis, l’impérialisme, le racisme, le colonialisme, l’exceptionnalisme, la propagande, la publicité, l’éducation – tout cela a été habilement entrelacé.
Félicitations, l’Empire! Vous êtes le premier à avoir réussi à standardiser les êtres humains et leur façon de penser!
Ce n’est pas facile de combattre un tel Empire, avec des paroles et des idées.
Ce n’est pas seulement la logique ou la philosophie générale des concepts qu’il faut affronter, et défier.
Il y a aussi des milliers de perceptions, de dogmes, de codes, tous poursuivant le même but – maintenir les gens loin de la réalité et d’un mode de pensée et d’analyse indépendants.
La plupart des citoyens de l’Empire occidental sont en fait beaucoup plus endoctrinés que les membres de groupes tels que les talibans ou État islamique, parce que l’Empire travaille très dur et emploie des millions de professionnels qui créent des concepts extrêmement efficaces destinés à contrôler les esprits humains: des idéologues aux psychologues, en passant par les propagandistes, les éducateurs, les artistes, les journalistes et d’autres personnes hautement spécialisées.
Des médias sociaux aux séries télévisées, en passant par les films de Hollywood, la musique pop et les chaînes de télévision, presque tout mène dans la même direction – entraîner les gens loin des principes de base de l’humanisme. Les forcer à ne pas penser comme un groupe de personnes rationnelles, bienveillantes, compassionnelles.
La réalité est soit banalisée soit portée à des niveaux fantasmagoriques auxquels nulle logique ne peut être efficacement appliquée.
Le destin le plus important de la pensée humaine – réfléchir, rêver et concevoir de nouvelles formes bien meilleures et plus douces pour la société – est totalement absent du récit auquel les hommes, les femmes et les enfants de l’Empire et de ses colonies sont confrontés quotidiennement.
Les citoyens de l’Empire sont empêchés de penser et d’agir de manière naturelle. Résultat, ils sont frustrés, déprimés et confus. Mais au lieu de se rebeller (la plupart d’entre eux n’en sont pas capables, de surcroît), ils deviennent de plus en plus agressifs. Tandis que les victimes de l’Empire, dans le monde entier, sont assassinées, exploitées et humiliées, l’organisation du monde apporte en fait très peu de joie (malgré de nombreux bénéfices matériels) aux citoyens de l’Empire – les Européens et les Nord-Américains.
À l’autre extrême: des milliards de gens dans les anciennes colonies et dans les néo-colonies sont aussi bombardés, constamment, par les mêmes messages tordus, recyclés et modifiés [et trop souvent des vraies bombes, NdT]. Ils sont confrontés à une avalanche perpétuelle de propagande (légèrement modifiée pour chaque région particulière), ruisselant jour et nuit des canaux d’endoctrinement de l’empire : les feuilletons télévisés, le plus bas niveau des films et des jeux vidéo (la même chose, vraiment), la musique pop avec des paroles répétitives relevant de la mort cérébrale, l’art décoratif inoffensif et les reportages publiés par les agences de presse dominantes. Ces messages sont diffusés via les organes de presse locaux qui sont à leur tour principalement contrôlés par des intérêts commerciaux qui collaborent résolument avec le régime mondial occidental.
L’Empire et son organisation du monde sont outrageusement racistes et brutaux, mais la plupart de ses citoyens, même ses sujets dans les territoires dévastés, sont forcés de croire qu’il ont effectivement le système le plus tolérant et progressiste sur terre.
Y a-t-il un espoir que l’humanité survive à cette production de masse de l’idiotie?
Oui, bien sûr qu’il y en a un!
La bataille a commencé.
Ce ne sont pas seulement les manœuvres des marines russes, chinoises et iraniennes qui contestent actuellement l’impérialisme occidental.
Ce ne sont pas seulement les Latino-américains et les Sud-Africains qui ont fait des efforts décisifs pour récrire l’histoire et pour armer le peuple avec des connaissances plutôt qu’avec des diplômes.
Peut-être le plus grand cinéaste européen actuellement en vie, Emir Kusturica, a récemment écrit, sarcastique, que «la Troisième Guerre mondiale commencera avec le bombardement de RT par le Pentagone», en se référant au puissant réseau de télévision Russia Today. RT a commenté :
«RT est une réelle menace pour la propagande états-unienne puisqu’elle atteint les Américains chez eux, dans un anglais parfait, meilleur que celui qu’ils utilisent sur CNN.» Et c’est pourquoi, selon le directeur, Washington pourrait en avoir assez et chercher à faire taire RT par la force – un peu comme l’Otan l’a fait avec la télévision d’État serbe en avril 1999.
À son tour, Kusturica prédit que Moscou détruirait CNN, qu’il considère comme le porte-drapeau de la propagande pro-américaine: «CNN, dans ses transmissions en direct, assure que depuis les années 1990, l’Amérique a mené des actions humanitaires, et non des guerres, et que ses avions militaires font pleuvoir des anges, pas des bombes!»
Bien que quelques-uns des plus grands penseurs qui affrontaient l’Empire – Saramago, Galeano et Pinter – soient récemment décédés, il en y a encore beaucoup qui parviennent à échapper à l’endoctrinement. Certains se regroupent autour des chaînes de télévision non occidentales comme TeleSUR, RT et PressTV.
C’est comme le Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, de nouveau. Certaines personnes, obstinément, refusent de brûler leurs livres.
Même en Occident, certains médias puissants – CounterPunch, Dissident Voice, ICH, VNN, Global Research, et d’autres – gardent le cap. Ils ne gagnent pas encore, loin de là, mais ils ne meurent pas non plus!
Tant que la pensée indépendante est vivante, tout n’est pas perdu.
«Je me révolte ; donc nous existons», a écrit le philosophe français Albert Camus. Il a ajouté aussi : «Le sentiment de révolte est né dans l’oppression.»
L’Empire nie qu’il opprime le monde. Il endoctrine à la fois les oppresseurs et les opprimés, redéfinissant, et en fait convertissant l’oppression en liberté.
Ceux d’entre nous qui parviennent à échapper à son endoctrinement se révoltent aujourd’hui. Par conséquent, l’humanité existe encore.
Le champ de bataille devient très bien défini : il se passe maintenant sur le plan de l’information et de la connaissance.
Les actes, les ruses pratiqués par l’Empire sont sales, horribles, mais très transparents. Ils peuvent être acceptés ou tolérés par des milliards de gens uniquement grâce à la répétition permanente des mensonges, et à cause des concepts tordus martelés dans les cerveaux des gens au travers de l’enseignement dominant.
La guerre pour la survie de l’humanité est déjà en cours. C’est la Grande Guerre humaniste– la guerre sur les esprits et les cœurs des gens, pas sur un territoire. On peut aussi l’appeler la guerre de l’information, une guerre de désintoxication, ou une guerre pour ramener les êtres humains à la vie en les sortant de leur intoxication, de leur torpeur et de leur servilité, une guerre pour un monde bien meilleur, une guerre qui mettrait la connaissance au-dessus des diplômes tamponnés, la chaleur humaine et la gentillesse au-dessus de la violence et de l’agression, et les êtres humains au-dessus des profits et de l’argent.
La victoire ne pourra intervenir qu’accompagnée par la connaissance, la pensée indépendante, l’humanisme rationnel, la compassion, la solidarité, et enfin la chaleur humaine.
The news that Lyudmila Alekseyeva, head of the Russian Non-Governmental Organization (NGO) the Moscow-Helsinki Group, will be returning to the Presidential Council for Human Rights, has been heralded by many in the liberal establishment in Russia as a victory for their cause. Indeed, as an adversary of President Putin on numerous occasions, Alekseyeva has been held as a symbol of the pro-Western, pro-US orientation of Russian liberals who see in Russia not a power seeking independence and sovereignty from the global hegemon in Washington, but rather a repressive and reactionary country bent on aggression and imperial revanchism.
While this view is not one shared by the vast majority of Russians – Putin’s approval rating continues to hover somewhere in the mid 80s – it is most certainly in line with the political and foreign policy establishment of the US, and the West generally. And this is precisely the reason that Alekseyeva and her fellow liberal colleagues are so close to key figures in Washington whose overriding goal is the return of Western hegemony in Russia, and throughout the Eurasian space broadly. For them, the return of Alekseyeva is the return of a champion of Western interests into the halls of power in Moscow.
Washington and Moscow: Competing Agendas, Divergent Interests
Perhaps one should not overstate the significance of Alekseyeva as an individual. This Russian ‘babushka’ approaching 90 years old is certainly still relevant, though clearly not as active as she once was. Nevertheless, one cannot help but admire her spirit and desire to engage in political issues at the highest levels. However, taking the pragmatic perspective, Alekseyeva is likely more a figurehead, a symbol for the pro-Western liberal class, rather than truly a militant leader of it. Instead, she represents the matriarchal public face of a cohesive, well-constructed, though relatively marginal, liberal intelligentsia in Russia that is both anti-Putin, and pro-Western.
There could be no better illustration of this point than Alekseyeva’s recent meeting with US Assistant Secretary of State Victoria Nuland while Ms. Nuland was in Moscow for talks with her Russian counterparts. Alekseyeva noted that much of the meeting was focused on anti-US perception and public relations in Russia, as well as the reining in of foreign-sponsored NGOs, explaining that, “[US officials] are also very concerned about the anti-American propaganda. I said we are very concerned about the law on foreign agents, which sharply reduced the effectiveness of the human rights community.”
There are two distinctly different, yet intimately linked issues being addressed here. On the one hand is the fact that Russia has taken a decidedly more aggressive stance to US-NATO machinations throughout its traditional sphere of influence, which has led to demonization of Russia in the West, and the entirely predictable backlash against that in Russia. According to the Levada Center, nearly 60 percent of Russians believe that Russia has reasons to fear the US, with nearly 50 percent saying that the US represents an obstacle to Russia’s development. While US officials and corporate media mouthpieces like to chalk this up to “Russian propaganda,” the reality is that these public opinion numbers reflect Washington and NATO’s actions, not their image, especially since the US-backed coup in Ukraine; Victoria Nuland herself having played the pivotal role in instigating the coup and setting the stage for the current conflict.
So while Nuland meets with Alekseyeva and talks of the anti-US perception, most Russians correctly see Nuland and her clique as anti-Russian. In this way, Alekseyeva, fairly or unfairly, represents a decidedly anti-Russian position in the eyes of her countrymen, cozying up to Russia’s enemies while acting as a bulwark against Putin and the government.
And then of course there is the question of the foreign agents law. The law, enacted in 2012, is designed to make transparent the financial backing of NGOs and other organizations operating in Russia with the financial assistance of foreign states. While critics accuse Moscow of using the law for political persecution, the undeniable fact is that Washington has for years used such organizations as part of its soft power apparatus to be able to project power and exert influence without ever having to be directly involved in the internal affairs of the targeted country.
From the perspective of Alekseyeva, the law is unjust and unfairly targets her organization, the Moscow-Helsinki Group, and many others. Alekseyeva noted that, “We are very concerned about the law on foreign agents, which sharply reduced the effectiveness of the human rights community… [and] the fact the authorities in some localities are trying more than enough on some human rights organizations and declare as foreign agents those who have not received any foreign money or engaged in politics.”
While any abuse of the law should rightly be investigated, there is a critical point that Alekseyeva conveniently leaves out of the narrative: the Moscow-Helsinki Group (MHG) and myriad other so-called “human rights” organizations are directly supported by the US State Department through its National Endowment for Democracy, among other sources. As the NED’s own website noted, the NED provided significant financial grants “To support [MHG’s] networking and public outreach programs. Endowment funds will be used primarily to pay for MHG staff salaries and rental of a building in downtown Moscow. Part of the office space rented will be made available at a reduced rate to NGOs that are closely affiliated with MHG, including other Endowment grantees.” The salient point here is that the salary of MHG staff, the rent for their office space, and other critical operating expenses are directly funded by the US Government. For this reason, one cannot doubt that the term “foreign agent” directly and unequivocally applies to Alekseyeva’s organization.
But of course, the Moscow-Helsinki Group is not alone as more than fifty organizations have now registered as foreign agents, each of which having received significant amounts from the US or other foreign sources. So, an objective analysis would indicate that while there may be abuses of the law, as there are of all laws everywhere, by and large it has been applied across the board to all organizations in receipt of foreign financial backing.
It is clear that the US agenda, under the cover of “democracy promotion” and “NGO strengthening” is to weaken the political establishment in Russia through various soft power means, with Alekseyeva as the symbolic matriarch of the human rights complex in Russia. But what of Putin’s government? Why should they acquiesce to the demands of Russian liberals and allow Alekseyeva onto the Presidential Council for Human Rights?
The Russian Strategy
Moscow is clearly playing politics and the public perception game. The government is very conscious of the fact that part of the Western propaganda campaign is to demonize Putin and his government as “authoritarian” and “violators of human rights.” So by allowing the figurehead of the movement onto the most influential human rights-oriented body, Moscow intends to alleviate some of that pressure, and take away one of the principal pieces of ammunition for the anti-Russia propagandists.
But there is yet another, and far more significant and politically savvy reason for doing this: accountability. Putin is confident in his position and popularity with Russians so he is not at all concerned about what Alekseyeva or her colleagues might say or do on the Council. On the other hand, Putin can now hold Russian liberals accountable for turning a blind eye to the systematic violations of human rights by the Kiev regime, particularly in Donbass.
One of the primary issues taken up by the Presidential Council for Civil Society and Human Rights in 2014 was the situation in Ukraine. In October 2014, President Putin, addressing the Council stated:
[The developments in Ukraine] have revealed a large-scale crisis in terms of international law, the basic norms of the Universal Declaration of Human Rights and the Convention on Prevention and Punishment of the Crime of Genocide. We see numerous violations of Articles 3, 4, 5, 7 and 11 of the 1948 UN Universal Declaration of Human Rights and of Article 3 of the Convention on Prevention and Punishment of the Crime of Genocide of December 9, 1948. We are witnessing the application of double standards in the assessment of crimes against the civilian population of southeastern Ukraine, violations of the fundamental human rights to life and personal integrity. People are subjected to torture, to cruel and humiliating punishment, discrimination and illegal rulings. Unfortunately, many international human rights organisations close their eyes to what is going on there, hypocritically turning away.
With these and other statements, Putin placed the issue of Ukraine and human rights abuses squarely in the lap of the council and any NGOs and ostensible “human rights” representatives on it. With broader NGO representation, it only makes it all the more apparent. It will now be up to Alekseyeva and Co. to either pursue the issues, or discredit themselves as hypocrites only interested in subjects deemed politically damaging to Moscow, and thus advantageous to Washginton. This is a critical point because for years Russians have argued that these Western-funded NGOs only exist to demonize Russia and to serve the Western agenda; the issue of Ukraine could hammer that point home beyond dispute.
And so, the return of Alekseyeva, far from being a victory for the NGO/human rights complex in Russia, might finally force them to take the issue of human rights and justice seriously, rather than using it as a convenient political club to bash Russians over the head with. Perhaps Russian speakers in Donetsk and Lugansk might actually get some of the humanitarian attention they so rightfully deserve from the liberals who, despite their rhetoric, have shown nothing but contempt for the bleeding of Donbass, seeing it as not a humanitarian catastrophe, but a political opportunity. Needless to say, with Putin and the Russian government in control, the millions invested in these organizations by Washington have turned out to be a bad investment.
Eric Draitser is an independent geopolitical analyst based in New York City, he is the founder of StopImperialism.org and OP-ed columnist for RT, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
Tous paranos ? Non, voici dix théories conspirationnistes confirmées par les faits
Auteur : Jake Anderson
Ex: http://zejournal.mobi
Un texte de plus sur le complotisme, pourrait-on dire. Il n’est publié ici que pour ceux qui auraient besoin d’arguments dans leurs différents échanges. Mais le complotisme n’a pas besoin d’arguments ni de justifications. En fait ceux qui ont créé cette notion ont aussi créé l’obligation de se justifier pour tous ceux qui doutent. Il faudrait refuser de se laisser enfermer dans ce piège à c… Le doute, quel qu’il soit est salutaire et même nécessaire, et surtout n’a aune cause. Il n’a donc besoin d’aucune preuve, contrairement aux affirmations. Au-delà du doute, le refus d’une explication est tout aussi légitime. C’est d’ailleurs ce qui fait progresser la science et la pensée humaine. Tous les grands hommes que nous vénérons aujourd’hui étaient des complotistes. Jésus l’était, tout comme Galilée et tant d’autres. Il a fallu qu’ils s’affranchissent des explications qu’on leur donnait pour voir le monde différemment.
Le troisième conflit mondial sera une guerre de guérilla qui se jouera sur le terrain de l’information, sans aucune distinction entre des militaires et des civils – Marshall McLuhan.
Depuis quelques années, une simple allusion à la théorie du complot est de plus en plus ridiculisée, même par les officines des grands médias parmi les plus libérales. Mais ne les laissez pas vous tromper : il ne s’agit pas toujours de gentilles fadaises, sans preuves ni fondements.
En fait, parfois, il arrive qu’elle soit carrément vraie.
En voici dix fois la preuve…
1. L’incident du golfe du Tonkin, qui provoqua l’entrée en guerre des USA contre le Viet-Nam, n’a jamais eu lieu
Selon la théorie complotiste : l’incident du golfe du Tonkin, un tournant dans l’implication des USA au Vietnam, ne s’est en réalité jamais produit.
De fait, l’incident en question – auquel on se réfère aussi en parlant de l’incident du vaisseau USS Maddox, impliqua ce croiseur lors d’un supposé engagement naval avec trois bateaux torpedo nord-vietnamiens, patrouillant dans les eaux nationales. Le Maddox tira plus de 300 obus. Le président Lyndon B. Johnson rédigea la résolution du golfe du Tonkin, qui devint la justification légale de l’entrée en guerre des USA au Vietnam.
Le problème est que ça ne s’est pas passé ainsi. En 2005, une étude interne de l’Agence nationale de sécurité fut déclassifiée et révéla qu’il n’y avait aucun vaisseau nord-vietnamien présent lors des incidents du Tonkin. D’où la question : sur quoi tira le Maddox ?
En 1965, le président Johnson devait commenter : «Pour ce que j’en sais, notre marine avait tiré sur des baleines.» Il convient de souligner également ceci : l’historien officiel de l’ANS, Robert J. Hanyok, rapporta par écrit que l’agence avait délibérément modifié les rapports des services de renseignements, en 1964.
Il conclut même : «Le parallèle à faire entre les fautes commises par les services de renseignements au golfe du Tonkin et les manipulations de ceux-ci concernant la guerre en Irak, rend plus que jamais nécessaire le ré-examen des événements d’août 1964.»
2. L’expérience sur la syphilis à Tuskegee – le non-traitement délibéré de patients infectés par la syphilis
Selon la théorie complotiste : entre 1932 et 1972, le service de santé publique US a conduit une étude clinique sur des hommes américains de race noire vivant en zone rurale, et ayant contracté la syphilis.
Le service de santé publique n’a jamais informé ces hommes qu’ils avaient une maladie sexuellement transmissible, ni ne leur a offert de traitement, même après que la pénicilline fut disponible comme médicament dans les années 1940. Aussi triste que cela puisse être, c’est la pure vérité.
Plutôt que de recevoir un traitement, les sujets de cette étude ont été informés qu’ils étaient porteurs d’un mauvais sang. Quand la Seconde Guerre mondiale a éclaté, 250 de ces hommes ont été appelés sous les drapeaux, et y ont appris – pour la toute première fois – qu’ils étaient atteints de la syphilis. Et même en connaissance de cause, il leur fut refusé un traitement par le service de santé publique.
Jusqu’au début des années 1970, 128 des 399 hommes étaient morts de la syphilis ou de ses complications, 40 épouses furent infectées et 19 de leurs enfants furent atteint de syphilis congénitale. Il convient de souligner également ceci : une expérience similaire conduite sur des prisonniers, des soldats et des patients d’un hôpital psychiatrique au Guatemala, consistait pour le service de santé publique à infecter délibérément ces populations, pour ensuite les traiter avec des antibiotiques.
3. Le projet MKUltra : le programme de la CIA de contrôle mental
Selon la théorie complotiste : la CIA a conduit des expériences secrètes portant sur des techniques de contrôle de l’esprit sur des citoyens US entre 1950 et 1973. C’est tellement vrai qu’en 1995, le président Clinton a présenté des excuses publiques et officielles de la part du gouvernement US.
En substance, la CIA utilisait les drogues, l’électronique, l’hypnose, les privations sensorielles, l’abus sexuel et verbal ou encore la torture, dans le cadre d’expériences empiriques d’adoption de comportements programmés, et ce sur des individus. Ce projet inclut les travaux de centaines de projets sous-traités à plus de 80 institutions, dont des universités, des hôpitaux, des prisons, et des entreprises pharmaceutiques.
Le gros de l’histoire fut révélé en 1977, lorsque qu’un décret exigea de rendre publics 20 000 documents jusqu’alors classifiés, ce qui entraîna une série d’auditions sénatoriales. Vu que le directeur de la CIA de l’époque, Richard Helms, avait déjà détruit la plupart des dossiers pourtant accablants du projet MKUltra, ce qui s’est passé à cette période reste à ce jour essentiellement méconnu. Et bien sûr, personne ne fut accusé de quoi que ce soit.
Il convient de souligner également le pire : de plus en plus de preuves s’accumulent, qui attestent que Theodore Kaczynski, mieux connu sous le surnom de la bombe humaine, a été un sujet du projet MK Ultra, alors qu’il était étudiant à Harvard, à la fin des années 1950.
4. L’opération Northwoods : l’armée US avait planifié une opération sous faux drapeau pour impliquer Cuba
Selon la théorie complotiste : l’état-major US conçut et approuva un plan impliquant des actes de terrorisme sur le sol US afin de faire basculer l’opinion publique états-unienne en faveur d’une guerre contre Cuba. Noir sur blanc : il suffit de savoir lire…
Heureusement, le président Kennedy rejeta ce projet, qui incluait : assassiner de citoyens en pleine rue d’une balle dans la tête ; couler en pleine mer des bateaux remplis de réfugiés fuyant Cuba ; provoquer une vague de terrorisme paniquant tout Washington D.C., Miami et ailleurs ; accuser sciemment des individus innocents pour des attentats à la bombe en forgeant de fausses accusations ; et détourner des avions.
En outre, les hauts gradés de l’état-major, dirigé par Lyman Lemnitzer, prévoyaient de monter un dossier accusant Fidel Castro et les réfugiés cubains d’être derrière ces attaques. Peut-être le plus infâme de tout, Lemnitzer voulait aussi orchestrer sous faux drapeau, l’attaque d’un avion de chasse cubain contre un avion de ligne rempli de jeunes élèves.
5. Trafic de stupéfiants par la CIA à Los Angeles
Selon la théorie complotiste : durant les années 1980, la CIA a facilité la vente de cocaïne aux gangs sanguinaires des rues de L.A., Crips et autres, et achemina les millions du commerce de la drogue au profit de guérilleros d’Amérique latine, les Contras.
C’est un écheveau complexe, mais c’est bel et bien la vérité. Le livre de Gary Webb, Dark Alliance : la CIA, les Contras et l’explosion du commerce du crack met en lumière comment les Contras, soutenus par la CIA, ont pu faire de la contrebande de cocaïne aux USA, distribuer le crack aux gangs de Los Angeles, et empocher les profits. La CIA a directement aidé les dealers de drogue pour financer les Contras.
Le réseau de la drogue, comme l’appela Webb dans un article du San Jose Mercury en 1996, «a inauguré le premier canal entre les cartels de la cocaïne en Colombie et les banlieues noires de Los Angeles, une ville rebaptisée depuis la capitale mondiale du crack. La cocaïne, qui coula à flots, fut l’étincelle qui fit exploser la consommation de crack dans les villes US… et fournit les capitaux et les contacts nécessaires aux gangs pour acquérir des armes automatiques.»
Pire, il convient de souligner également que le 10 décembre 2014, Webb se suicida d’une façon très originale : au moyen de deux balles dans la tête.
6. L’opération Mockingbird : les grands débuts du contrôle des médias
Selon la théorie complotiste : à la fin des années 1940, alors que la guerre froide prenait son essor, la CIA lança un projet top secret appelé Opération Mockingbird. Son objectif était d’influencer voire de contrôler les principales officines médiatiques.
Ils planifièrent aussi d’embaucher directement des journalistes ou reporters comme salariés de la CIA, ce qui – à ce qu’il paraît – serait encore d’actualité à ce jour. Les architectes de ce plan se nommaient Frank Wisner, Allen Dulles, Richard Helms, et Philip Graham (ce dernier éditeur au Washington Post ), et envisageaient de recruter les organisations américaines d’information et que les journalistes deviennent ni plus ni moins des espions et des propagandistes.
La liste de leurs agents complices incluait des journalistes de tous horizons : ABC, NBC, CBS, Time, Newsweek, Associated Press, United Press International (UPI), Reuters, Hearst Newspapers, Scripps-Howard, Copley News Service… Vers les années 1950, la CIA avait infiltré le monde des affaires, des médias, des universités avec des dizaines de milliers d’agents occasionnels. Heureusement que cette époque où nos médias roulaient pour les grosses entreprises ou le gouvernement, par l’intox ou le service après-vente, est bien révolue!
7. COINTELPRO : les programmes de contre-espionnage des années 1960 contre les activistes.
Selon la théorie complotiste : COINTELPRO consistait en une série de projets illégaux et clandestins du FBI, permettant l’infiltration d’organisations politiques états-uniennes afin de les discréditer et de les diffamer.
Ils visaient les opposants à la guerre du Vietnam, les dirigeants du mouvement pour les droits civiques comme le Pasteur Martin Luther King et une pléthore d’activistes et autres journalistes. Les actes commis à leur encontre incluaient la guerre psychologique, les calomnies publiques par l’usage de preuves forgées et de documents falsifiés, le harcèlement, l’incarcération abusive, et selon certains, l’intimidation, voire même la violence physique et l’assassinat.
Des méthodes similaires ou plus sophistiquées sont encore d’usage, à ce jour, en parallèle au contrôle de la NSA (voir le point 10 de cet article).
8. L’opération Snow White : l’Église de Scientologie infiltre le gouvernement, et subtilise des informations
Selon la théorie complotiste : L’opération Snow White [Blanche-Neige, NdT] est le nom donné à l’infiltration sans précédent par l’Église de Scientologie du gouvernement US, durant les années 1970. Ils volèrent des dossiers gouvernementaux classifiés concernant la scientologie, issus d’une douzaine d’agences gouvernementales.
En 1977, le FBI révéla finalement l’affaire Snow White, ce qui conduisit à l’arrestation et à l’emprisonnement d’un haut personnage de l’Église. L’objectif-clef du programme d’infiltration était de prendre connaissance et légalement supprimer «tous les faux dossiers gardés secrets portant sur les pays-cibles de l’Église». Il visait aussi à permettre à ses dirigeants, dont L. Ron Hubbard lui-même, de «visiter les pays occidentaux sans encourir de menaces». Après analyse, il était évident qu’il n’y avait rien de légal dans leur entreprise.
9. Les grandes multinationales et les gouvernements définissent la politique économique en secret (TPP, TISA, etc.)
Selon la théorie complotiste : des activistes qui dénonçaient depuis des années la création d’un gouvernement mondial des multinationales étaient tout bonnement qualifiés de paranos. Peut-être l’étaient-ils, mais que vous appeliez cela le Nouvel Ordre Mondial ou non, cela au moins qu’ils avaient raison.
Le 13 novembre, WikiLeaks diffusa le brouillon tenu secret du texte des négociations du TPP (le partenariat trans-pacifique) concernant la propriété des droits intellectuels. Il révéla l’existence d’un accord de libre-échange régional et exclusif négocié par les pays de l’Asie du pacifique, dont l’Australie, le sultanat de Brunei Darussalam, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les USA et le Vietnam.
L’ “Electronic Frontier Foundation” affirme que le TPP implique «des conséquences largement négatives pour la liberté d’opinion, le droit à la vie privée et les règles de procédures de recours, et rendra plus difficile pour les gens, la capacité d’innover». Il convient de souligner qu’en juin 2014, WikiLeaks révéla l’existence d’un accord commercial plus étendu encore, traitant des services publics (TiSA), où 50 pays s’accordèrent pour privatiser à une échelle sans précédent, à travers le monde, leurs secteurs publics.
L’accord doit essentiellement empêcher les gouvernements de ramener les services publics sous l’autorité des parlements et de la nation. Cela mettra en péril la capacité des États à œuvrer à la protection de l’environnement ou encore à préserver la sécurité sociale.
10. Le gouvernement US espionne illégalement ses propres citoyens
Selon la théorie complotiste : On avait l’habitude de plaisanter à propos de ce délire dystopique tiré d’imaginations trop exaltées (probablement tiré de 1984, de Georges Orwell), et propre à une certaine jeunesse suspicieuse envers tout gouvernement. Quand on entendait ils nous espionnent, où que l’on aille, on souriait poliment, mais on pensait plutôt: encore un cinglé parano et adepte du grand complot, et de l’existence des petits hommes verts.
Même quand on révéla que la NSA nous avait illégalement espionnés et collectait nos données personnelles à partir de nos téléphones portables depuis plus d’une décennie, les gens essayaient de le justifier, d’une façon ou d’une autre. «Oui, ils analysent nos transmissions, mais c’est dans le cadre de la sécurité nationale», ou encore «Dans le monde de l’après 11 septembre, certaines libertés doivent être mises entre parenthèses pour notre sécurité à tous, n’est-ce pas?» En fait, ces justifications sont complètement fausses, il ne s’agit que de masturbation [branlette, NdT] intellectuelle.
Non seulement, il n’y a pas de preuves indiquant que la NSA nous a protégés du terrorisme, mais en plus on dirait que tout ça nous rend en fait plus vulnérables. Grâce aux révélations sur la NSA et leur fameux projet Prism, nous savons que l’échelle de l’espionnage que nous subissons est encore plus étendue que ce que beaucoup de théoriciens de la conspiration avaient imaginé à la base.
Début juin 2014, le Washington Post rapportait que près de 90% des données collectées par les programmes de surveillance de la NSA portaient sur les utilisateurs d’internet, sans lien aucun avec des activités terroristes. Selon l’Union des libertés civiles américaines, c’est là une violation claire de la Constitution.
L’ULCA poursuit la NSA devant les tribunaux, affirmant que cette sorte de pêche au gros filet de collecte de données est une violation du quatrième amendement relatif à la vie privée, ainsi que du premier portant sur la liberté d’expression et d’association.
BIG BROTHER ET LE DRESSAGE DES PEUPLES VIA LE SOFT POWER
Le décryptage de Laurent Obertone
Bruno Racouchot* Ex: http://metamag.fr
En 2013, le journaliste et écrivain Laurent Obertone s'est fait connaître du grand public avec un document choc, La France Orange mécanique, (éditions Ring), où il décrivait une France livrée à l'ensauvagement et à la pure violence. Dans la foulée, il signe aujourd'hui La France Big Brother, (éditions Ring), où il dissèque un système de domination des peuples via l'usage intensif du soft power. Deux livres qui ont suscité de nombreuses polémiques mais qui ont le mérite d'engager une réflexion de fond sur notre devenir. Dans l'entretien qu'il a accordé à Bruno Racouchot, directeur de Comes Communication, Laurent Obertone décortique la "machine à dresser les peuples". Il montre à partir de quel socle mental sont élaborés les messages, comment ils circulent et formatent les esprits, rendant toujours plus ardu le travail de la pensée et délicat l'exercice de la liberté.
Dans votre dernier ouvrage, La France Big Brother, vous montrez qu'il existe des interactions entre d'une part les jeux d'influence engagés par les opinion makers et relais d'opinion, et d'autre part des disciplines comme la génétique ou l'éthologie. Vous allez même jusqu'à parler de techniques de dressage via les outils du soft power, terme qui pour le moins est fort. Pourquoi?
Conditionner une foule, un être humain ou un animal répond à des règles simples qui relèvent de la domestication. Pour être domestiqué, il faut qu'il y ait un émetteur et un récepteur. Prenez ainsi l'exemple du meilleur ami de l'homme, à savoir le chien. Son dressage correspond à des codes qui jouent sur attraction et répulsion, désir et crainte. Bien sûr, toutes les observations relevées en éthologie, dans les sciences du comportement, ne peuvent être exactement applicables aux sociétés humaines. Mais globalement, on peut noter que les règles morales, les codes qui sont délivrés par ceux qui s'arrogent l'autorité de par leur prétendue qualité de "sachant", vont tour à tour séduire ou effrayer leurs concitoyens, qui sont soumis à leur discours, et in fine acceptent leurs repères et leur logique.
Quand je parle du système qui exerce sa règle toute puissante, j'entends un certain nombre d'émetteurs qui fonctionnent en réseau sur une même logique, avec les mêmes référents, les mêmes interdits. Celui qui s'arroge la capacité à dire ce qui est bien et ce qui est mal détient un formidable pouvoir de dressage sur ses contemporains. C'est pourquoi je dis que nous sommes aujourd'hui bel et bien domestiqués, au sens biologique du terme. Nous subissons – le plus souvent sans en être conscients – un dressage via un flux permanent de messages émanant de toutes sortes de sources : sphère communicationnelle ou médiatique, "autorités morales", experts, intellectuels, hauts fonctionnaires, décideurs politiques ou économiques, etc. qui sont en interaction permanente entre eux et fonctionnent en boucle. Toutes nos perceptions sont saturées par ces messages. Ils reposent tous sur le même vocabulaire, les mêmes images – positives ou négatives – la même logique, répondant à une volonté de domination via la maîtrise absolue des armes du soft power. Il n'y a plus d'échanges entre parties différentes, plus de débat digne de ce nom. Tout est fait pour en permanence, dissocier les effets des causes. L'impératif moral l'emporte sur le réel. Vous n'avez dès lors plus le choix qu'entre l'adhésion obligatoire à la pensée commune et dominante, ou la diabolisation, qui débouche sur la remise en cause même de votre humanité, de votre qualité d'homme. C'est en cela que le système est redoutablement efficace. Il n'a pas forcément besoin de chars pour faire régner l'ordre, puisque qu'il détient la clé de la maîtrise des esprits…
N'exagérez-vous pas le poids réel de ce système que vous décrivez et de ce soft power qui vise la maîtrise des esprits de nos contemporains ?
Il suffit d'ouvrir les yeux et de saisir l'intime logique du système pour constater le bien fondé de mon analyse. Le système, c'est une petite musique à laquelle vous devez vous soumettre sous peine d'être exclu. Contrairement aux apparences, il n'y a pas de jeu des idées, il n'y a ni débat ni rhétorique, mais des incantations psalmodiées en continu. Ce sont tous les rouages du système médiatique, juridique, politique, culturel… qui décident de ce qui acceptable et de ce qui ne l'est pas, en politique intérieure comme en politique internationale, en matière culturelle comme pour les questions de société… Pas un domaine de l'activité humaine n'échappe à leur grille de décryptage et donc à leurs jugements qui se muent très vite en injonctions, quand bien même leurs interprétations se révèlent être en total déphasage avec le monde réel. Pour qu'il y ait réaction face à cette effrayante machine à broyer les peuples, il faudrait être doté d'au moins deux qualités : la lucidité et le courage. La lucidité peut reposer soit sur une analyse rationnelle, soit être le fruit d'une réaction vitale.
Or, c'est là une règle observée dans toutes les sociétés humaines, il faut avoir une immense force de caractère pour garder son libre-arbitre quand tous les messages qui parviennent à votre cerveau passent en boucle les mêmes injonctions et les mêmes images. D'autant que l'étau se resserre jour après jour. La personnalité qui, hier était encensée, peut se voir clouée au pilori et exclue de la scène si elle remet en question un avis venu d'en haut, si elle adopte une attitude non conforme. Tous les rouages du système se tiennent, ils sont d'une puissance telle que l'homme conscient va le plus souvent renoncer non pas seulement à agir, mais même à penser à contre-courant. C'est donc bien la maîtrise du jeu des idées qui permet à cette dictature de la pensée qui n'ose pas dire son nom d'avoir cette toute puissance qui paralyse les esprits. Et le peuple est soumis de mille manières à cette pression constante et polymorphe, notamment par la banalisation de la criminalité. Pour ceux qui ne comprennent pas le message, il y a la violence pure pour les mater. D'où la culture de l'excuse que ce système développe à l'endroit des criminels.
A vous lire, on évolue en plein cauchemar…
Ce n'est pas faux ! Je note dans les dernières pages de La France Big Brother que nous évoluons en pleine dystopie. Une dystopie, c'est l'envers d'une utopie, c'est une fiction terrifiante où l'idéologie prend le pas sur le réel. Or force est de constater que nous vivons – souvent sans en avoir clairement conscience – dans un monde de ce type. Comme je le dis souvent, jamais l'humanité n'a commis autant de destructions et de dégâts en se parant des atours de la bonne conscience, au nom du bien, de la morale et de l'humanité. Derrière les belles formules, il y a en réalité des formes de domination totale, sur les corps comme sur les esprits. Dans mon dernier ouvrage, je me réfère à nombre de formules tirées du 1984 de Georges Orwell. Mais j'aurais tout aussi bien pu puiser des réflexions dans la lecture du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley ou de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury.
Dans notre société de communicants, les beaux discours assurent tout à la fois un statut social privilégié, une agréable exposition médiatique et les espèces sonnantes et trébuchantes qui vont avec. Entrer en rébellion avec le système entraîne la mort douce, l'effacement, la diabolisation, l'exclusion... Tous ceux qui créent ces messages permettant au système de se perpétuer et de croître, tous ceux qui contrôlent les relais d'opinion, partagent donc un même socle de morale égalitaire, qui doit être intouchable et respecté comme un totem des temps modernes. Même la réalité n'est plus directement perceptible par nombre de nos contemporains, puisque elle est traitée en permanence par le biais du "décryptage médiatique".
En guise de conclusion ?
Dans la Grèce antique, sur le frontispice du temple de Delphes, il était gravé Gnothi seauton, Connais-toi toi-même. Aujourd'hui, l'exigence de sagesse exige que nous soyons nous-même à nous-même notre propre maître, que nous puissions régner en parfaite plénitude sur notre forteresse intérieure afin d'échapper à la servitude. Aussi, paraphrasant la devise delphique, je dirais "Dressons-nous nous-mêmes pour rester libres et lucides, et surtout vivre debout".
Quatre ans après avoir milité pour une intervention militaire en Libye et l’élimination de Kadhafi, Bernard-Henri Lévy, croit toujours que sa solution était la bonne, l’unique possible. Face au constat du chaos, de la guerre civile, de la montée de l’islamisme, et du drame des migrants, tout juste concède-t-il que la Libye n’est pas aussi belle qu’on pouvait l’escompter. BHL ou l’art du truisme.
Bernard Henri Lévy n’est jamais aussi sûr de lui que quand l’évidence de ses errements saute aux yeux. Invité sur France-Inter le philosophe interventionniste qui plaidait jusqu’à l’Elysée pour une intervention en Libye visant à terrasser Kadhafi a la conscience très tranquille.
Confronté à la question des milliers de migrants qui partent des côtes libyennes fuyant ou profitant du chaos libyen, BHL qui se pavanait autrefois aux côtés de Sarkozy annonçant au peuple libyen sa libération et son bonheur à venir, ne se sent aucune responsabilité. Bien au contraire, maîtrisant comme personne l’art du slalom, BHL contourne l’obstacle « ceux qui pourraient peut-être se sentir une certaine responsabilité sont ceux qui ont laissé faire la guerre en Syrie. S’il y a un problème c’est en Erythrée, c’est en Syrie. La Libye, n’est qu’un thermomètre, un passage. La source de cette abomination qu’est cette hécatombe en mer, cette transformation de la méditerranée en cimetière. Mais la source c’est la non-intervention en Syrie, le collapse en Somalie et c’est la dictature en Erythrée ».
Accordons à BHL que tout n’a pas commencé avec lui même si ce fut l’impression laissée à l’époque par le « Serment de Tobrouk », un documentaire à sa gloire de grand libérateur de Tripoli tissant sa propre légende.
Quatre ans plus tard, BHL prend quelques distances mais y croit toujours : « La Libye n’est pas aussi belle qu’on pouvait l’escompter car l’histoire ne se fait pas en un jour. Il faut un peu de temps. Je continue à dire que la dictature de Kadhafi était l’une des pires du siècle passé, l’une des plus cruelles, l’une des plus atroces, l’une des plus arbitraires. Et les fruits de la liberté sont amers. Il vaut mieux ça que cette espèce de chape de plomb qui pesait sur les libyens ».
La Libye avait évidemment beaucoup de défauts au temps de Kadhafi mais elle exerçait un contrôle sur ses frontières, les islamistes n’y avaient pas « table ouverte » et par le clientélisme et la violence, Kadhafi parvenait à « tenir » les tribus. C’est notamment le constat cruel mais pragmatique que faisait Jean-PIerre Chevènement dès 2014. Depuis, on dira avec la même prudence de Sioux que le philosophe que la Libye est peut-être encore un peu moins belle…
Régis Soubrouillard | 22 Avril 2015
Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales